Appel d’offre AO9 (Bretagne Sud, Oléron Méditerranée) : PIEBîEM interpelle la CRE 

30/08/2024

La presse locale s'intéresse enfin au lancement de l'appel d'offre éolien en mer AO9, actuellement en cours, qui concerne l'extension de Sud-Bretagne (500 MW), un gigantesque parc « au large » d'Oléron (environ 1000 MW !) et deux parcs en Méditerranée (2 x 500 MW).

PIEBîEM a interpellé la CRE, directement ( sans réponse), puis via les garants du débat CNDP Bretagne Sud sur les conditions de cet appel d'offre concernant notamment : 1) l'indemnisation des dégâts environnementaux et économiques (spécialement au vu de l'incident de Nantucket) ; 2) les incertitudes technologiques liées à l'éolien flottant et les risques financiers associés (spécialement au vu de l'attribution baroque de AO5) ; 3) Les phénomènes des prix négatifs- quelle régulation ? et qui paie in fine ?; 4) Surestimation des potentiels éoliens et rémunération des effacements (au vu des escroqueries repérées au Royaume-Uni)

AO9, une grande accélération vers une catastrophe environnementale et sociale et le ravage de nos littoraux

La presse locale semble s'y intéresser ces derniers jours, PIEBîEM en avait parlé dès le 24 mai lien  :  l'appel d'offre éolien en mer AO9 est lancé : il concerne « des zones déjà identifiées par le biais des débats publics menés entre 2021 et 2022, en Sud-Bretagne (500 MW), , un gigantesque parc « au large » d'Oléron (environ 1000 MW !) et deux parcs en Méditerranée (2 x 500 MW) et. Cette neuvième procédure de mise en concurrence, mutualisée, permettra une accélération du rythme d'attribution des projets. » lien ; lien

Est donc bien concerné dès cette année 2024 l'extension de 500MW de Bretagne Sud et un parc gigantesque au large d'Oléron ! . AO9  sera suivi en 2025 d'un dixième appel d'offre géant (AO10) de 10 GW, dont la localisation non précisée « sera basée sur les conclusions du débat public La mer en débat, décliné sur les 4 façades maritimes françaises, qui s'est terminé le 26 avril dernier. » Ces conclusions étant qu'il y a un accord pour refuser les parcs proches du littoral, et, sauf peut-être en Méditerranée, aucun accord sur des zones précises de développement favorable, cela risque d'être coton !

Plus sérieusement, le gouvernement a fait cette annonce sans même attendre les remontées du débat CNDP sur l'intérêt et l'opportunité de l'éolien en mer. On fonce vers la catastrophe, en accélérant !

Les questions de PIEBÎEM à la CRE concernant la procédure AO9

Pour sa part PIEBÎEM a interpellé directement la CRE (Commission de Régulation de l'Energie), sans succès, puis par l'intermédiaire des garants CNDP de la consultation Bretagne Sud que nous remercions d'avoir considéré notre demande (en cours). Nous avons mis en avant les thèmes suivants :

1) Indemnisation des dégâts environnementaux et économiques

Le 13 juillet 2024, la rupture d'une seule pale d'une seule éolienne de la zone industrielle éolienne de Vineyard Wind, qui en comptera plus d'une soixantaine, a provoqué la dispersion de milliers de débris jusqu'à 50 miles le long des côtes de Nantucket.

En pleine saison estivale, avec une météo sans défis particuliers, dans ce site prestigieux protégé et très fréquenté, des plages ont été interdites d'accès et les activités de pêche ont été interrompues en raison de la présence d'importants débris tranchants flottant dans l'eau et souvent cachés sous la surface. L'exploitation du parc (encore en construction) a été arrêtée par ordre du Bureau of Ocean Energy Management jusqu'à ce que la cause de la rupture de la pale (de la longueur d'un stade de football) soit déterminée, et que soit caractérisé le risque de ruptures similaires….

Alors que s'annonce la présence de l'équivalent d'une soixantaine de parcs de Saint-Nazaire le long de la façade NAMO, PIEBîEM demande à la CRE quelles sont les mesures prises pour s'assurer de l'indemnisation en cas de catastrophe industrielle causée par l'exploitation de l'éolien en mer, de s'assurer qu'elles correspondent bien à l'ampleur des dommages encourus et de faire savoir clairement qui les prendra en charge.

2) Incertitudes technologiques liées à l'éolien flottant et risques financiers associés

La CRE lors de l'attribution de AO5, première partie de Bretagne Sud et premier parc éolien flottant industriel, a signaléune forte dispersion des offres témoignant d'une filière non mature, des paris technologiques incertains, des trajectoires ambitieuses et incertaines de baisse des coûts, des hypothèses incertaines quant aux innovations qui seront disponibles et d'hypothèses trop favorables retenues par les candidats sur le prix de l'électricité dans la période post-contrat de soutien. En conclusion, elle s'est inquiétée d'un poids insuffisant du critère de robustesse financier…

PIEBÎEM demande à la CRE quelles sont les mesures prises pour s'assurer réellement de la solidité financière des projets compte-tenu des fortes incertitudes et technologiques qui demeurent, spécifiquement sur l'éolien flottant. En dehors même du coût direct pour la collectivité, nous ne pouvons accepter de léguer aux générations à venir un littoral encombré des ruines industrielles de projets avortés-

3) Phénomènes des prix négatifs- quelle régulation ?

Les périodes de production à coût nul ou négatifs sont en très forte augmentation en Europe- et les statistiques manquent pour celles simplement en dessous du coût de production. Elles sont liées à l'abondance de productions fatales, dont l'éolien en mer, décorrélées de la consommation, et représentent un coût considérable en pertes de production qui sont indemnisées. Par ailleurs, elles déstabilisent le marché de l'électricité et l'économie des productions de base pilotable…

PIEBÎEM demande à la CRE quelles sont ses estimations de production en dessous du coût de production pour les parcs éoliens en mer envisagés, quel en sera le coût total, quelle rémunération et mode de rémunération (ou absence de rémunération) est envisagée pour les parc éoliens en mer lorsque ceux-ci produiront une électricité fatale en période de surcharge du réseau et quel en seront les effets sur l'économie des parcs envisagés ? Cette politique de rémunération des pertes de production est-elle susceptible de changer avec la très forte augmentation des périodes de prix négatifs (ou en dessous du coût de production) et des coûts en résultant ?

4) Surestimation des potentiels éoliens et rémunération des effacements.

Une enquête de Bloomberg de février 2024 a examiné la production de 121 parcs éoliens au Royaume-Uni et révèle que 40 l'ont régulièrement surestimée, ce qui leur permet de recevoir des paiements plus élevés quand ils doivent arrêter de produire pour ne pas saturer le réseau. Le média cite les parcs de Fallago Rig, exploité par EDF et celui de Moray East, développé par Ocean Winds. Le régulateur britannique (Ofgem) a ouvert une enquête…

PIEBÎEM demande à la CRE si la France est à l'abri de telles manipulations et quels sont les dispositifs ou moyens de contrôle dont dispose la CRE pour les éviter ? 

PJ: le texte complet de nos questions