Attribution de AO5 : Un accueil très mitigé de la presse qui conforte les analyses de PIEBÎEM et un appel d’offre débandade !
En sus des premières réactions à notre Communiqué de Presse concernant l' « attribution » de AO5 (première tranche de 250 MW du parc Bretagne sud), une presse assez abondante a eu des réactions pour le moins extrêmement mitigées qui confortent nos analyses. Florilège où l'on apprend entre autres qu'il n y a pas eu un mais deux candidats qui se sont retirés… C'était pas un appel d' offre mais une débandade !
Actu environnement : Éolien flottant : l'heure de la prise de risque a sonné : un pari élevé dans un contexte incertain (et de forts doutes sur la viabilité du projet) : lien
« À l'inverse, l'offre finalement retenue pour la ferme commerciale de 250 mégawatts (MW) en Bretagne-Sud s'engagerait sur un prix bien inférieur au plafond fixé par le Gouvernement (140 €/MWh), en proposant un tarif à 86,45 €/MWh. Une annonce laissant perplexes les observateurs, qui s'interrogent sur la viabilité du projet, lequel doit voir le jour d'ici 2032, et sur les conséquences d'un prix aussi bas pour l'industrie locale, face à la concurrence asiatique… Il s'agit de nouvelles technologies, de nouvelles tailles, de nouveaux marchés, qui doivent s'appuyer sur de nouveaux ports, de nouveaux fabricants, une nouvelle chaîne de valeur, dans un paysage ultra compétitif …Le premier verrou, et non des moindres, est celui du raccordement , tant sur le plan des technologies que des coûts. En effet, éloigner les parcs des côtes alourdit la facture liée au réseau…
Autre barrière, et de taille : les fortes tensions sur l'approvisionnement en composants pour les postes et les câbles, qui pourraient encore s'accentuer avec la demande internationale croissante…
Le grand défi désormais est d'avoir la chaine de valeur pour aller vers l'échelle commerciale , confirme Bertrand Jacquet, du cabinet de conseil financier Green Giraffe Advisory. Pour l'industrialisation des flotteurs, par exemple, il faut passer des prototypes aux lignes de production, ce qui requiert des investissements énormes, qui ne se feront pas sans garanties sur les projets et le marché. Même problématiques pour le transport… »
La Croix : Éolien en mer : la baisse des prix s'accélère ( offres anormalement basses et matériel chinois ?) lien
Le titre est trompeur, car le corps de l'article est de tonalité assez différente : « La surprise est de taille. Le vainqueur est Pennavel, un consortium composé de l'allemand BayWa r.e et du belge Elicio… Les grands noms du secteur étaient sur le dossier et une quinzaine d'offres avaient été déposées. Le choix du gouvernement intervient après le retrait du premier candidat, le danois Equinor… Mais l'offre de BayWa r.e et d'Elicio ne convainc pas tout le monde, alors que les technologies pour l'éolien flottant ne sont pas encore tout à fait matures. Certains candidats malheureux n'hésitent d'ailleurs pas à rappeler que la CRE avait même entamé une procédure de vérification de certaines offres jugées « anormalement basses ».
« Le prix proposé est intenable, même en disposant de très grandes turbines, de plus de 20 MW, qui n'existent pas encore, et dont les premiers modèles viendront d'abord de Chine dans quelques années » En Europe, les turbines de 15 MW n'existent encore que sur le papier et Siemens-Gamesa travaille sur une machine de 20 MW, mais sans donner de calendrier. « Si les règles ne sont pas modifiées rapidement, une bulle va se créer et finira par éclater, comme c'est déjà le cas aux États-Unis et en Grande-Bretagne », affirme un industriel. « Sur les 110 GW de capacités éoliennes installées dans le monde en 2023, 80 GW l'ont été en Chine » .
Green Univers : Eolien flottant : le gagnant en Bretagne s'estime "solide sur ses pieds"...mais un pari risqué
lien https://www.greenunivers.com/2024/05/eolien-flottant-le-gagnant-en-bretagne-sestime-solide-sur-ses-pieds-355616/#:~:text=Fort%20d'un%20montant%20initial,haut%20et%20fort%20sa%20confiance.
Fort d'un montant initial de 50 M€ de garanties financières déposées, Aldrik De Fombelle, directeur du projet Pennavel lauréat de l'appel d'offres éolien flottant en Bretagne, affiche haut et fort sa confiance…
Lors de l'attribution de l'appel d'offres en Centre Manche, la Commission de régulation de l'énergie signalait que les candidats comptaient réaliser la plupart de la rémunération des capitaux investis après la fin du contrat de complément de rémunération. Un pari risqué, car ces gains reposent sur les prévisions de prix de l'électricité à longue échéance. Aldrik De Fombelle ne donne pas de détails sur ce point mais assure ne pas avoir pris "une approche aussi agressive…
Autre grand pari, la disponibilité de turbines assez puissantes. Si des doutes persistent quant à la réelle capacité de l'industrie européenne à fournir des machines de 20 MW et plus, des développeurs continuent à y compter. Grâce aux parcs éoliens en mer construits par Elicio en Belgique, "nous avons des relations privilégiées avec Siemens Gamesa et Vestas…Le consortium gagnant en Bretagne s'est engagé à ne pas utiliser plus de 13 turbines, condition nécessaire à obtenir le maximum de points au regard des aspects sociaux et environnementaux. »
NB : et que se passe-t-il si ces turbines ne peuvent être fournies – cf notre dossier sur les assureurs des parcs éoliens (lien)
La Tribune : Eolien flottant : BayWa r.e et Elicio remportent l'appel d'offres du parc de Bretagne Sud à prix cassé lien : L'article est incendiaire !
« L'offre proposée par le consortium s'élève à 86,45 euros le mégawattheure, soit un tarif 38% plus bas que le prix plafond fixé par les pouvoirs publics. Plusieurs acteurs fustigent cette guerre des prix et s'interrogent sur la faisabilité d'un tel projet. Ils s'inquiètent également des conséquences sur la filière industrielle européenne. »
« Même 140 €/MWh nous paraissait un prix très agressif pour l'éolien flottant qui n'est pas une technologie mature confiait récemment à la Tribune Emmanuel Rollin, le directeur général d'Iberdrola, candidat à cet appel d'offres…A titre de comparaison, le prix du MWh du nouvel appel d'offres que lancera le Royaume-Uni, après que le précédent n'ait donné lieu à aucune candidature en raison de son prix plafond trop faible, devrait se situer dans une fourchette comprise entre 120 et 200 livres 2024, rapportait ce même développeur, soit entre 140 et 233 €/MWh »
« Selon Emmanuel Rolin, cette approche pourrait conduire à l'infaisabilité du projet comme cela a pu arriver précédemment au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Le second risque concerne la filière industrielle européenne, dont la santé financière est très fragile. En effet, pour tenter de limiter ses coûts, le consortium pourrait se tourner vers les concurrents asiatiques »
« Ce n'est pas la première fois que les prix très bas des appels d'offres français dans l'éolien en mer suscitent des inquiétudes. En mars 2023, EDF avait décroché le développement de son cinquième parc d'éoliennes posées en mer au prox de 44,9 €/MW.h. C'est un tarif que l'on ne voit dans aucun pays au monde »
La Tribune, Eolien en mer flottant : la France s'est-elle engagée dans une guerre des prix intenable ?
lien https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/eolien-en-mer-flottant-la-france-s-est-elle-engagee-dans-une-guerre-des-prix-intenable-997154.html#:~:text=Des%20acteurs%20de%20l'%C3%A9olien,on%20observe%20au%20Royaume%2DUni.
« Des acteurs de l'éolien en mer s'inquiètent du prix très agressif auquel sortira le premier parc éolien flottant commercial français. Avec un prix inférieur à 100 €/MW.h, ce tarif devrait être significativement inférieur à ce que l'on observe au Royaume-Uni. De quoi s'interroger sur la viabilité économique de ce projet et de son impact sur une filière industrielle européenne déjà très fragilisée »
« Tout laissait croire que le nom de l'heureux élu serait révélé jeudi 2 mai, lors d'un discours gouvernemental consacré à l'accélération de l'éolien en mer. C'était sans compter sur un couac inattendu et inédit dans l'appel d'offres : le candidat désigné comme lauréat pressenti s'est finalement désisté. Et ce, très probablement en raison du caractère intenable du prix sur lequel ce même candidat s'était initialement engagé »
NB : Ca laisse quand même une sacrée impression d'improvisation… !
« L'entreprise lauréate est tenue de déposer, dans un délai de 15 jours une première garantie bancaire de 50 millions d'euros auprès des services de l'Etat. Puis, quelques semaines plus tard, une deuxième garantie de 30 millions d'euros doit être déposée auprès du gestionnaire du réseau de transport d'électricité, RTE. Au total, jusqu'à la décision finale d'investissement, qui intervient souvent quatre années après la désignation officielle de l'entreprise lauréate, celle-ci doit engager quelques 250 millions d'euros…. ».
NB : Fait à l'arrache pour les premiers 50 millions, pour la suite, il faudra vraiment surveiller...
« Il est possible que ce projet avec ce tarif soit infaisable et soit donc abandonné et ce malgré le fait que le tarif soit indexé sur des indices de matières premières. L'évolution des taux d'intérêt peut aussi être intégrée après désignation du lauréat, ndlr], comme cela a pu arriver au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Ensuite, le lauréat va être tenté d'acheter au moins cher les équipements, et donc très certainement se tourner vers l'Asie"
NB : Donc on parie sur de pénibles et incessantes renégociations qui vont faire exploser les prix. Comme en Angleterre !
« Au-delà de la vive compétition internationale sur la pièce maitresse que constitue le flotteur, gagner la course de l'éolien flottant suppose de disposer des infrastructures portuaires adéquates pour accueillir ces géants à pales… Or les ports français ne sont pas encore adaptés et des investissements colossaux seront nécessaires »
NB : l'éolien en mer flottant est globalement, et de loin, l'un des modes de production d'électricité parmi les plus coûteux. Les coûts complets peuvent être estimés à plus de 250€/Mwh. L'aménagement des ports devrait représenter 1 milliards d'euros, avec de fortes incetitudes sleon la nature des socles ( OPECST)
Energies de la mer : Loïg Chesnais-Girard, explique le rôle de la région pour le parc éolien en mer de Bretagne-Sud lien
« Loïg Chesnais-Girard Président de la Région Bretagne, explique à energiesdelamer.eu, le rôle de la Région dans l'élaboration de l'AO5 (Bretagne sud), mais rappelle que c'est le Gouvernement qui a choisi. Il confirme que les deux premiers lauréats qui avaient été choisis n'ont pas été en mesure de répondre aux garanties bancaires qui avaient été demandées »?
NB : 1) C'est le gouvernement et pas la CRE ? 2) C'est plus un appel d'offre, c'est une débandade !


