Black out Espagne – Portugal ; la malédiction des ENR, c’est le manque d’inertie dans le réseau !

28/04/2025

A 12 heures le 28 avril, le mix énergétique espagnol produisait avec environ 70% d'ENR  ; et vlan autour de 12h30, black out total « La pire panne de courant de l'histoire récente de l'Espagne », selon El Pais, « le chaos », pour El Mundo . Pas besoin d'évoquer de mystérieuses cyberattaques,  la raison est bien prévisible : la faible inertie des systèmes à fort contenu en énergies fatales intermittentes qui permet la propagation et même l'amplification de perturbations de la fréquence ou de la tension. Et qui, en plus, complique le redémarrage du système. Espérons que les législateurs français qui discutaient au même moment de la PPE3 comprendront le message !

28 avril , 12H30 : « La pire panne de courant de l'histoire récente de l'Espagne et du Portugal », « le chaos »,

A 12 heures le 28 avril, le mix énergétique espagnol produisait avec environ 70% d'ENR et les jours précédents, des épisodes de production à près de 100% ENR avaient été triomphalement annoncés. Et vlan autour de 12h30, black out total « La pire panne de courant de l'histoire récente de l'Espagne », selon El Pais, « le chaos », pour El Mundo « Des millions de personnes se sont retrouvées sans électricité en Espagne et au Portugal"

En effet, des centaines de milliers de personnes se sont retrouvées sans électricité après une panne de courant survenue autour de 12h30. A Lisbonne, Madrid, Barcelone… métros et trains à l'arrêt et évacués, embouteillages géants dus à l'arrêt des feux de circulation, les habitants se ruent dans les quelques magasins restés ouvert pour acheter des bougies ou des lampes torches, mais aussi de l'eau, du papier toilette et des vivres, beaucoup ne peuvent plus cuisiner chez eux et se ruent dans des restaurants qui n'en peuvent mais et ne tardent pas à fermer. Nombreuses personnes coincées dans les ascenseurs. Selon les gouvernements espagnols et portugais, il n' y aurait pas eu d'incidents dans les hôpitaux grâce aux diesels de secours.- il faudra sans doute atteindre plusieurs jours pour savoir la vérité. Mais plus critiques encore était la situation de ces personnes coincées chez elles avec un respirateur artificiel et des batteries qui s'épuisent mentionnées dans certains articles…

Et tout ça au moment même où se déroulait devant l'Assemblée Nationale un débat sur la PPE3. Pour le coup, espérons que cela fera vraiment réfléchir nos législateurs.

C'est l'inertie, stupide !

Car enfin ce n'est pas la mystérieuse malédiction des ENR qui a frappé, mais bien probablement une malédiction bien connue, celle du manque d'inertie d'un réseau alimenté par un mix où la part des  ENR sont trop importantes.

Au début a circulé la rumeur vite démentie d'une cyberattaque : que le coupable de ce chaos soit un vilain étranger très hostile aurait été au fond rassurant, plus rassurant que d'admettre que ce qui est en cause, c'est la politique de promotion des énergies fatales intermittentes sous l'influence des lobbys du secteur et de la Commission européenne par dogmatisme antinucléaire.

Voici ce qu'expliquaient récemment des spécialistes britanniques, dont le réseau a déjà été confronté à des incidents similaires, quoique de bien moindre ampleur : " L'inertie est un service réseau essentiel historiquement assuré par la production thermique traditionnelle avec des turbines tournantes, alimentées par des combustibles fossiles et, dans certains cas, nucléaires et hydroélectriques. Ces turbines génèrent des quantités prodigieuses d'électricité ainsi que d'énormes quantités d'inertie, contribuuant ainsi à stabiliser le réseau. Or ce service essentiel n'est plus assuré par les ENR comme l'éolien et le solaire, ni par les batteries, ni par les interconnexions. La stabilité des réseaux se trouve mise en danger, avec déjà des effets sensibles en Angleterre. ».. "Ainsi, par inadvertance, la politique énergétique britannique a créé un défi important pour les opérateurs de réseau : remplacer l'inertie perdue. L'incapacité à anticiper ce défi suffisamment tôt et à créer les incitations nécessaires pour éviter la crise d'inertie imminente a laissé les gestionnaires de réseau avec moins d'options et des risques de fiabilité plus importants". (Cf notre note jointe sur l'inertie et lien )

Alors, que s'est -il passé ? En fin d'après-midi, après qu'Espagnols et Portugais se soient renvoyés la responsabilité, le gestionnaire  de réseau portugais (REN) communiquait que " des variations extrêmes de température dans l'arrière-pays (NB en Espagne ou au Portugal, ce n'est pas très clair) ont provoqué des oscillations anormales dans les câbles à haute tension. Le phénomène est décrit comme une « vibration atmosphérique induite ». "Les réseaux dans la péninsule ibérique étant interconnectés, cela a entraîné une sorte d'effet domino qui a provoqué des défaillances successives dans le réseau européen commun, souligne REN. L'opérateur du réseau a prévenu que les problèmes pourraient perdurer une semaine."

Cette information a été ensuite démentie par REN, et l'évènement primaire ayant causé l'effondrement du réseau reste, pour l'instant, indéterminé. Au fond peu importe, la dialectique est celle de l'étincelle et de la poudrière :une étincelle se produira toujours, reste à éviter la poudrière qui provoquera la catastrophe ; et cette poudrière, la cause finalement déterminante de l'effondrement, c'est, comme expliqué plus haut, la trop faible inertie d'un réseau à forte pénétration ENR.

Ainsi, une perturbation somme toute mineure qu'un réseau électrique avec une inertie suffisante aurait atténué a pu se propager rapidement et en s'accroissant dans un système avec une inertie faible en raison du pourcentage important d'électricité fatale intermittente.

Des "black start" très très noirs.

Et pour ne rien arranger, la récupération ( black start) est elle aussi compliquée et ralentie par une inertie trop faible. Pour remettre en route leur réseau, et compte-tenu de la catastrophe qu'aurait été la prolongation de la panne , les Espagnols n'ont pas hésité à faire appel à toutes leurs centrales, y compris les plus polluantes. Le résultat envoyé par un correspondant à Tarragone en photo ci-jointe. Message aux écolos bigots : il y a une certaine contradiction entre l'antinucléarisme, la promotion de l'éolien et du solaire, et ... les zones zéro émissions !

Bienvenue dans le monde de la production à fort pourcentage d'énergies fatales intermittentes. Nous avons la chance en France, grâce à notre socle nucléaire, de pouvoir l'éviter.

NB : Et l'on sent monter le refrain très intéressé : il faut plus d'interconnexions. Les interconnexions n'apportent aucune inertie ( c'est le rôle essentiellement des machines tournantes des centrales nucléaires et thermiques). De plus chaque pays est responsable de son mix électrique, et ceux qui ( Allemagne, Espagne) choisissent un mix pathologique doivent s'attendre à la même réponse qu'ont déjà faites la Suède et la Norvège à l'Allemagne en refusant de nouvelles interconnexions : "Nous ne voulons pas importer vos problèmes chez nous"

PPE3 : Moratoire immédiat sur l'éolien et le solaire !