Cartographie éolienne en mer : la catastrophe annoncée aura bien lieu !
Le gouvernement a publié, ce vendredi 18 octobre, les cartes des zones d'implantation des futurs parcs éoliens en mer, posés ou flottants. 1) La catastrophe annoncée aura bien lieu avec le maintien de l'objectif de 45GW ; 2) La Bretagne paiera le prix fort de l'éolien en mer avec 17à 25GW- BNO, BNE, BGL, CAGL, Sud-Bretagne) ; 3)AO10 vers la catastrophe écologique et économique en accélérant ! ; 4) Les remarques de PIEBÎEM : l'éloignement de certains parcs ne règle pas tous les problèmes, loin de là et les problèmes de l'éolien flottant ; 5) Premières réactions : le lobby éolien mécontent, trop d'éolien flottant et met en cause la Défense Nationale, Loïg Chesnais-Girard se moque de l'environnement et des pécheurs !
Principales annonces :
1)La catastrophe annoncé aura bien lieu : 18 GW en 2030 (soit énergétiquement 36 zones industrielles éoliennes de Saint-Nazaire Guérande) et 45 gigawatts d'éolien en mer installé pour 2050 (énergétiquement 90 Saint-Nazaire Guérande). C'est l'industrialisation à marche forcée d'une partie importante de notre littoral et l'annihilation de plus de cent ans d'effort de protections de nos côtes et de leur biodiversité.
Cette cartographie prévoit d'attribuer, d'ici 10 ans, entre 7 et 11 GW dans la zone Manche Est-Mer du Nord, entre 6 et 9.5 GW (dont 0.5 GW d'extensions) dans la zone Nord Atlantique-Manche-Ouest, entre 2.5 et 5.5 GW (dont 1 GW d'extensions) dans la zone Sud Atlantique, et entre 3 et 4.5 GW (dont deux fois 0.5 GW d'extensions) dans la zone Méditerranée.
A plus long terme, à horizon 2050, les objectifs (comprenant tous les parcs déjà attribués, en cours d'attribution et extensions identifiées) se situent entre 12 et 15.5 GW dans la zone Manche Est-Mer du Nord, entre 17 et 25 GW dans la zone Atlantique-Manche-Ouest, entre 7 et 11 GW dans la zone Sud Atlantique, et entre 4 et 7.5 GW dans la zone Méditerranée.
2) La Bretagne paiera le prix fort de l'éolien en mer (17à 25GW)
- La Bretagne Nord sera fortement impactée dans les 10 ans à venir sur sa façade Nord par BNO ( Bretagne Nord-Ouest, 350 km2, 1,2 GW ). Pour cette zone située au large de la baie de Morlaix, les pêcheurs ont déjà fait connaitre leur ferme opposition. A court terme est aussi prévu BNE (Bretagne Nord-Est, 250 km2, gigantesque extension de St-Brieuc).
- Le littoral central de la Bretagne(Finistère et Côtes-d'Armor) sera impacté d'ici à 2050 à 75/80 km de ses côtes (Ouessant) par un méga zone d éolien offshore flottant d'une surface de: 12.300 km2, ( BGL, Bretagne Grand Large)
- Le sud de la Bretagne (Morbihan) sera impacté à une centaine de kilomètres au Sud de la côte sauvage de Belle-Île en Mer par une zone éolienne (CAGL- Centre Atlantique Grand Large) d'une surface de 2.200 km2 avec environ 240 éoliennes flottantes d'ici à 2050. Il s'agissait des anciens NAMO3 et NAMO4
. Il n'y aurait pas l'extension prévue du parc éolien marin de Saint-Nazaire/Guérande vers Belle-Île en Mer comme cela était envisagé...
Et bien sûr sont toujours programmés AO5 et AO9, soit la zone industrielle Belle-Île/Groix/Quiberon : 13 éoliennes flottantes de 300 à 320 m de hauteur, à 19 km de la côte sauvage (AO5 attribué à PENNAVEL), puis une quarantaine d'éoliennes flottantes de 300 à 320 m de hauteur, à partir de 19 km de la côte sauvage (AO9)
Golfe de Gascogne : Enfin, le Golfe de Gascogne sera bien encombré avec Golfe de Gascogne Sud (GGS – 250 km²) à horizon 10 ans Golfe de Gascogne Nord (GGN – 500 km²) à l'horizon 10 ans pour le développement d'un projet d'environ 1,2 GW flottant et Golfe de Gascogne Ouest (GGO – 838 km²) – Tout cela s'ajoutera à Oléron 1 (1GW, 180km2) et Oléron 2 (1 à 1,2 GW, 250 km2) en cours.
lien OF St Nazaire ; lien Mer et Marine ; lien OF Morlaix
3)AO10 vers la catastrophe écologique et économique en accélérant !
Le décret précise également ce que comprendra l'appel d'offre AO10 : deux projets d'éoliennes posées d'environ 2 GW chacun sur la façade maritime Manche Est - mer du Nord (MEMN) dans une zone appelée Fécamp Grand Large (FGL), un projet d'éoliennes flottantes d'environ 2 GW sur la façade maritime Nord Atlantique - Manche Ouest (NAMO) dans une zone appelée Bretagne Nord Ouest (BNO, au large de la Baie de Morlaix), un projet d'éoliennes flottantes d'environ 1,2 GW sur la façade maritime Sud-Atlantique (SA) dans une zone appelée Golfe de Gascogne Sud (GGS), au large d'Oléron et un projet d'éoliennes flottantes d'environ 2 GW sur la façade maritime Méditerranée (MED) dans une zone appelée Golfe du Lion Centre (GLC, au large du cap d'Agde). Soit une capacité totale de 4 GW pour de l'éolien posé et 5.2 GW pour de l'éolien flottant. Ce qui a légèrement surpris et inquiété le lobby éolien.
4) Les remarques de PIEBÎEM : l'éloignement de certains parcs ne règle pas tous les problèmes, loin de là et les problèmes sur lesquels nous n'avons cessé d'informer de l'éolien flottant
Une des conclusions du débat CNDP La Mer En Debat était le refus des parcs éoliens proche des côtes ; elle a été un peu prise en compte en Bretagne Sud avec le renoncement à l'agrandissement du parc de Saint-Nazaire et NAMO 3 et 4 repoussés à plus de 10 km de Belle-Île. Cela aurait encore pû être pire.
Cet éloignement règle, pour ces parcs, le problème de la dévastation des paysages mais pas du tout ceux liés à la technologie de l'éolien flottant- coûts exorbitants et manque de maturité technique et de solution sur les flotteurs, les câbles flottants dynamiques, les postes électriques etc. Cela ne règle pas le problème des connexions hors de prix, à la charge, en France, du contribuable et non des promoteurs et du manque de câbles. Cela ne règle pas les problèmes de stabilité du réseau électrique et de la déstabilisation de l'économie de la production pilotable Cela ne règle pas non plus les menaces qui pèsent sur la biodiversité, en particulier sur les cétacés et les oiseaux de mer, une menace imminente d'ampleur inédite selon Sea-Shepherd, en présence d'une telle massive barrière de migration sur la côte atlantique. Cela ne règle pas le problème de la menace de disparition d'une bonne partie de la pêche ; pour les pêcheurs, ces zones seront, de toute façon, synonymes de restriction de leur activité.
Et surtout l'absurde est confirmé avec le projet de zone éolienne Bretagne Sud : Belle-Ile - Groix - Quiberon et sa future extension : en installant de l'éolien flottant à proximité des côtes, on cumule les désavantages liés à cette technologie qui manque de maturité et au coût extravagant, à ceux de l'éolien posé, soit un positionnement à seulement 20 à 30 km de paysages parmi les plus emblématiques de Bretagne ( Port Coton, Cote sauvage de Quiberon…)
Merci au Télégramme de nous avoir donné la parole à ce sujet lien Télégramme
5) Premières réactions : le lobby éolien mécontent, trop d'éolien flottant et mise en cause de la Défense Nationale, Loïg Chesnais-Girard se moque de l'environnement et des pécheurs !
Le lobby éolien regrette visiblement le choix, dans le peu de cas où il a été fait, de s'éloigner du littoral et, en conséquence le rôle accordé à l'éolien flottant qu'il juge trop important : « Après, la proportion de parcs éoliens posés est un peu faible. La seule autre zone, en dehors de la Manche, où vous pouvez désormais faire du posé, est à la jonction des régions Pays-de-la-Loire et Nouvelle-Aquitaine. Elle n'a pas été retenue dans les choix du gouvernement. » Jules Nyssen lien
Et du coup, il est assez étrange d'entendre le lobby éolien reprendre en quelque sorte les mêmes arguments que nous contre l'éolien flottant :
« Le challenge est d'autant plus ambitieux que la technologie de l'éolien flottant, sur laquelle l'exécutif parie largement, n'est pas encore mature. Le flotteur, la pièce maîtresse de ces moulins à vent d'un nouveau genre, fait l'objet d'une vive compétition internationale dans laquelle les entreprises chinoises entendent bien s'engouffrer. ... Gagner la course de l'éolien flottant suppose de disposer des infrastructures portuaires adéquates, pour accueillir ces géants à pales. Et pour cause, chaque unité peut peser jusqu'à plusieurs milliers de tonnes. Or, les ports français ne sont pas adaptés et des investissements colossaux seront nécessaires... Toute la chaîne logistique reste à mettre en place. » lien : https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/eolien-offshore-le-gouvernement-abat-enfin-ses-cartes-1009246.html
Ben oui, complètement d'accord !
France Renouvelable, qui n'ose plus s'appeler France Energie Eolienne, a pour sa part mis en cause les contraintes de défense nationale, en particulier pour Bretagne sud et regrette que « des contraintes fortes pesant sur certaines façades, notamment liées aux servitudes de défense nationale récemment élargies en Atlantique Nord, ont conduit à privilégier des zones en Bretagne Nord ou en Atlantique Sud. La filière en a pris acte et note que ceci gèle une très large partie du potentiel offshore favorable au large des côtes de Bretagne Sud et des Pays de la Loire. Lien
Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne, se réjouit pour sa part que « la priorité soit donnée à l'éolien flottant dont le premier parc commercialisé d'Europe est déjà prévu en Bretagne Sud ». Pour ce qui concerne la Bretagne, sa priorité est de « conserver notre activité de pêche, tout en préservant notre environnement ». Soit il n'a rien compris, soit il fait semblant : l'éolien en mer n'est as compatible avec la pêche et ne préserve pas notre environnement ! lien
Mais qu'il regarde les cartes françaises et européennes, bon sang, ou veut-il qu'ils aillent, les pêcheurs ?
Cartographie : cartographie officielle de la zone NAMO et Sud Atlantique ; cartographies de la France, de l'Europe du Nord ( où l'on voit pointer de très gros problèmes – les pécheurs chassés de la Mer) et de l'Espagne- Portugal même contraintes que nous sur leur côtes rocheuses et pentues et très peu d'éolien en mer ! Merci à Cartographie de l'éolien en France qui fait un sacré boulot lien
