Chausey ou la farce des mesures de compensation des zones éoliennes
Pour le parc de parc de Courseulles (64 éoliennes face aux plages du débarquement) a été déposée une demande de dérogation espèce protégée concernant 28 espèces animales protégées : 20 espèces d'oiseaux marins, 4 espèces de chiroptères et 4 mammifères marins. 6 espèces sont sous protection strictes : Marsouin commun, Grand Dauphin, Phoque Gris, Phoque veau-marin, Pingouin Torda, Guillemot de Troïl.
Par conséquent, la Société Éoliennes Offshore du Calvados s'est vu imposer des mesures de compensation. Elle a choisi d'agir en faveur des goélands, loin d'être le cas le plus critique et a dans ce cadre sollicité le GONm ( Groupe Ornithologique Normand) « Le GONm, avec le soutien de la SCI, a ainsi proposé de financer… la mise en place, sur deux îlots, d'un pâturage par des moutons d'Ouessant et quelques chèvres des fossés »
A noter que les experts du CNPN ( Conseil National pour la Protection de la Nature) avaient appelé à rejeter le dossier de demande de dérogation « espèces protégées » de Courseulles en arguant notamment :
8) La séquence ERC n'apparait pas respectée puisque le dossier ne présente aucune alternative réelle, ne serait-ce que sur la localisation (distance de la côte), puisque l'appel d'offre de l'Etat ne permettait guère de latitude de positionnement…
11) le dossier ne répond pas à l'obligation réglementaire de mesures de compensation efficaces, celles-ci se limitant à « la suppression épisodiques de quelques ronciers sur les îles Chausey pour deux espèces de goélands pour lesquels le manque de place de nidification n'est pas le facteur pertinent « ;
En conclusion, le dossier de demande de dérogation à la protection des espèces protégées du parc de Courseulles sur-Mer ne peut pas prétendre à satisfaire deux des trois conditions d'octroi, à savoir l'absence d'alternatives satisfaisantes de moindre impact et l'obligation de ne pas nuire au maintien de l'état de conservation favorable des espèces protégées dans leur aire de répartition naturelle, d'où l'avis défavorable du CNPN » . Lien
De son côté, l'Union française des pêcheurs artisans a aussi dénonçé « les mesures de compensation pour la conservation des habitats naturels de la faune et flore sauvage prévues et financées par la société éolienne offshore du Calvados et notamment celles portant sur la réouverture de milieu de pâturage d'îlots dans l'archipel de Chausey pour la nidification des goélands et autres espèces nicheuses au sol". Son argumentation reprend et précise celle des experts du CNPN :
« Ainsi que cela est relayé dans la presse, des campagnes de stérilisation des œufs de goélands vont être conduites tant à Cherbourg qu'à St Malo, comme ce fut le cas à Granville il y a quelques années... En résumé, on crée un sanctuaire pour les goélands à Chausey alors qu'au même moment , on limite la prolifération de cette espèce par ailleurs...à seulement une quinzaine de miles nautiques..."
"Incidences de cette stratégie : La conséquence induite de ces mesures devrait par conséquent être une délocalisation sur Chausey de populations d'oiseaux marins chassés de leur territoire d'origine. Cette concentration anthropique forcée de ces oiseaux, forts prédateurs de poissons, crustacés et autres, ne risque t-elle pas de créer un déséquilibre de la chaîne trophique à Chausey au détriment des pêcheurs professionnels et amateurs, ou aquaculteurs, et d'induire à terme une raréfaction d'autres ressources marines ?"
"A jouer ainsi les apprentis sorciers avec l'environnement, en protégeant d'un côté ce que l'on détruit de l'autre, on risque hélas de créer des déséquilibres dans la dynamique des populations à court, moyen et long terme. » Lien
On ne saurait mieux montrer que la « compensation » des parcs éoliens en ce qui concerne la destruction des espèces protégées est une sinistre et ridicule farce. Ceux qui, acceptant l'aumône de l'argent des producteurs éoliens, qui divise et qui corrompt les esprits, crédibilisent si peu que ce soit leur « compensation » se décrédibilisent eux-mêmes.
