Colloque Cérémé/PNC : mauvais vents sur l’éolien en mer
L'éolien en mer a été évoqué à plusieurs reprises lors du colloque organisé par Patrimoine Nucléaire et climat et le Cérémé le 10 mars au Sénat. Deux interventions ont été particulièrement significatives : M. François Goulard a notamment évoqué des coûts affichés qui sont de la foutaise et les conditions étranges d'attribution de la zone éolienne en mer Bretagne sud ; M. Vincent Delahaye, qui nous avait auditionné en tant que Président de la Commission « Prix de l'Electricité », a essentiellement évoqué les coûts de réseau en explosion. Rappelons que la Commission avait estimé que l'éolien en mer constituait un pari risqué, avec un défi important d'acceptation et un programme de 45 GW impossible à tenir. Elle s'était aussi, par ailleurs, étonné des conditions d'attribution de Bretagne sud.
M. François Goulard, Patrimoine Nucléaire et Climat, Ancien Président du Conseil Départemental du Morbihan, ancien ministre sur l'éolien en mer et AO5 (Bretagne sud)
Verbatim :: « Sur les renouvelables, le débat est souvent tronqué parce qu'on n'a pas suffisamment de données de base ; parce que les coûts sont cachés, totalement cachés et les coûts affichés, c'est simplement de la foutaise.
Je vais prendre une illustration avec un sujet qui me touche au premier chef puisque j'ai été 30 ans élu du Morbihan et que nous avons la chance d'avoir une sénatrice du Morbihan avec nous. Le parc éolien de Belle-Île, alors je passe sur le fait que l'on massacre un des plus beaux paysages littoraux qui soient, ça c'est pas grave n'est-ce pas ; à côté de ça, en matière de d'écologie, il faut protéger la moindre petite fleur mais là, ce n'est pas gênant d'implanter des tours Eiffel au large d'une des plus belles côtes qui soit. Le coût de raccordement estimé aujourd'hui, c'est 1,4 milliards, 1,4 milliards pour une ferme, pour une zone industrielle éolienne :et ça n'est pas payé naturellement par l'exploitant puisque c'est payé par nous tous, par tous les consommateurs via le Turpe, avec donc l'augmentation prévisible des coûts de l'électricité.
Deuxièmement il fallait se précipiter pour montrer que on ça y est, on y allait sur le renouvelable (offshore flottant), et donc, à toute vitesse on a déclaré fructueux un appel d'offres mais qui est invraisemblable.
On a choisi un opérateur qui n'a aucune expérience, dont le plus gros actionnaire est en quasi faillite, une coopérative agricole allemande avec une technologie qui n'est pas choisie, qui n'est pas mûre et on nous a annoncé un prix du Mégawattheure au centime près ! De qui se moque-t-on, c'est tout simplement aberrant !
Alors il faut pas s'étonner puisque le ministre qui l'a annoncé, c'est l'exceptionnel Bruno Le Maire, qui vous le savez, avait dit un jour qu'il était gêné par son intelligence et qui confondait régulièrement les mégawatts et les mégawattheures ; attendez-vous à de bonnes décisions ministérielles quand vous avez des responsables de ce niveau-là. »
M. Vincent Delahaye, Sénateur, Rapporteur de la Commission Sénatoriale d'Enquête sur le prix de l'Electricité: Le compte complet de l'éolien offshore n'a pas été fait
Verbatim : « Les réseaux, on parle de 200 milliards. Pendant notre commission d'enquête on a essayé de savoir où passaient ces 200 milliards, on n'a pas eu d'informations. Depuis RTE a publié des informations, Enedis je n'en ai pas encore vu. Donc les 100 milliards de RTE, c'est 40 milliards pour l'éolien offshore.
Est-ce qu'on a fait le compte de ce que ce serait le coût complet de l'éolien offshore avec ses réseaux ? Moi je ne l'ai vu nulle part. Je n'ai vu nulle part à combien ressort l'électricité avec cela. Je crois qu'il faut qu'on parte sur des bases objectives. Le débat est souvent tronqué parce qu' on n'a pas suffisamment de données de base. »
NB : le Sénateur Vincent Delahaye nous avait auditionné dans la cadre de la Commission « Prix de l'électricité ». Rappelons les principales conclusions de la Commission : l'éolien en mer constitue un pari risqué, compte tenu des coûts réels de ces technologies, de leurs difficultés d'acceptabilité et de la faible maturité technique de l'éolien flottant ; des coûts de raccordement en explosion, de grandes incertitudes et des estimations très hypothétiques, en particulier pour l'éolien flottant ; la commission d'enquête se doit de faire part de son étonnement sur le prix résultant de l'offre retenue pour l'appel d'offres portant sur un parc éolien flottant en mer au large du sud de la Bretagne ; de nombreuses nuisances sur les paysages, la biodiversité, l'occupation spatiale, la pêche, avec un défi majeur d'acceptation sociétale ; et un programme de Belfort (45 GW d'éolien en mer) qui sera impossible à tenir. Lien
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