Comité Interministériel de la Mer : un avenir très très flou pour l’éolien en mer
Les Echos, dans un article intitulé Eolien en mer ; les nuages s'accumulent sur les projets européens reviennent sur le dernier Comité Industriel de la Mer (lundi 25mai, Saint-Nazaire). Lien font un bilan de l'éolien en mer qui a fortement déplu au lobby éolien : 1) Perplexité ministérielle : un comité sans annonces choc ; 2) Fort problèmes d'acceptabilité et inutilité compte-tenu de la production nucléaire ; 3) Eolien en mer, un métier risqué et confronté à ses coûts structurels ; 4) L'éolien marin posé est mature… mais veut toujours plus de hausse des prix, de garanties et de subventions ; 5) ENGIE en mode pause aux USA sur l'éolien en mer NB voir aussin Les ENR dans la tourmente ? Plutôt face à la rationalité scientifique, technique, économique, à leurs impacts et à leurs coûts complets lien 6) Et de gros doutes sur l' éolien flottant…sous très forte tension
Extraits/ commentaires
1) Perplexité ministérielle : un comité sans annonces choc : « François Bayrou et quatre de ses ministres étaient attendus de pied ferme lundi à Saint-Nazaire par les pêcheurs, par les industriels et par les défenseurs de l'énergie éolienne offshore. Mais ce comité interministériel de la mer risque de laisser la filière renouvelable sur sa faim hormis le lancement d'études… pas d'annonce choc. Or à quelques kilomètres de Saint-Nazaire, la pérennité d'une usine de nacelle d'éolienne en mer de général Electric n'est pas assurée …le groupe américain a annoncé 360 suppressions de postes en septembre dernier… il y a urgence à sortir du flou concernant les appels d'offres à venir pour les futurs parcs éoliens en mer »
PIEBÎEM : GE Vernova, victime de la course à la puissance des éoliennes ne reviendra pas de sitôt sur les projets éoliens en mer, appel d'offre ou pas : le lobby éolien ment sur les emplois , les élus dupes ou complices déroulent tapis rouge et subventions et ce sont les salariés qui trinquent lien lien
2) Forts problèmes d'acceptabilité et inutilité compte-tenu de la production nucléaire : « Il y a urgence à sortir du flou concernant les appels d'offres à venir pour les futurs parcs éoliens en mer. Le bras de fer s'annonce tendu à l'Assemblée nationale entre le défenseur des énergies renouvelables et les défenseurs du nucléaire, les deux camps sont en profond désaccord sur la priorité à donner et l'argent à allouer à telle ou telle électricité décarbonée pour remplacer à terme le pétrole et le gaz. Mais la filière se heurte aussi à des problèmes d'acceptabilité, a souligné François Bayrou … : des éoliennes moins visibles des côtes c'est possible à condition d'opter pour la technologie de l'éolien flottant plus risquée et plus coûteuse que les installations posées au fond de la mer a insisté le Premier ministre »
PIEBÎEM rappelle son opposition à un programme éolien en mer insensé de 45 GW, qui constitue une industrialisation à marche forcée de la mer côtière sans intérêt climatique dans le contexte français, dangereux pour la sécurité d'alimentation électrique, économiquement et socialement insoutenable, ravageur pour nos paysages littoraux et leur riche biodiversité avec des promesses fallacieuses d'emploi et de fortes dépendances étrangères et mettant en péril des activités comme la pêche côtière artisanale, le nautisme, le tourisme… Et quant à l'éloignement des côtes, voir le problème d'Oléron lien
3) Eolien en mer, un métier risqué et confronté à ses coûts structurels : « Plusieurs grands opérateurs ont récemment décidé de réduire la voilure dans un environnement plus incertain. EDF, le leader français, va désormais favoriser les projets d'éolien offshore qu'il a déjà remportés a annoncé fin avril aux parlementaires. Bernard Fontana le nouveau PDG du groupe public . Début mai un autre énergéticien à capitaux publics le danois Orsted a annoncé l'annulation d'un gigantesque projet en mer au Royaume-Uni ; en cause la combinaison de l'augmentation des coûts de la chaîne d'approvisionnement, de la hausse des taux d'intérêt et de l'augmentation du risque d'exécution. Depuis un an, Orsted a perdu 35% de sa valeur en bourse… Quant à l'allemand RWE, il a annoncé réduire de 10 milliards d'euros d'ici à 2030 ses investissements dans les énergies renouvelables dont l'éolien en raison de problèmes de rentabilité sur ses projets. Illustration de ce virage, RWE présent sur tous les appels d'offres offshore en France ces dernières années a renoncé comme EDF et d'autres à candidater à celui d'Oléron.
4) L'éolien marin posé est mature… mais veut toujours plus de hausse des prix, de garanties et de subventions : « Jusqu'à présent les offres gagnantes sont celles qui ont été le plus agressives sur le prix, pointent les représentants de RWE ; une allusion à la domination d'EDF et d'Ocean Wind accusée par certains concurrents de préempter le marché avec des offres basses. Autre piste de nature à rassurer les acteurs : le modèle français et britannique des CFD (Contract for Différence) qui offre aux producteurs d'électricité éolienne un revenu garanti par l'Etat quelle que soit l'évolution des marchés de gros et l'inflation. Ce système de complément de rémunération rend le marché français plus résilient que d'autres pointe Jules Nielsen . Il présente l'avantage de rendre les projets réalisables comme on le voit avec l'appel d'offres révisé au Danemark. Dans ce pays où l'éolien en mer est un secteur économique de poids, avec notamment le turbiniste Vestas, fleuron national, le gouvernement vient de débloquer 27,6 milliards de couronnes (3,7 milliards d'euros de subventions ) L'objectif de Copenhague est de remobiliser la filière à la suite de l'échec d'un appel d'offres qui n'avait suscité aucune candidature l'an dernier.
PIEBîEM : en France, c'est ceinture et bretelles avec le raccordement prix en charge par l'Etat, les prix planchers assurés même en cas de surproduction éolienne, les aides d'Etat sous forme de garanties de revenu (2 milliards pour 13 éoliennes en Bretagne sud). Pour une électricité non pilotable, peu décarbonnée car back-up gaz, hors de prix quand on considère les coûts complets Un rente de situation au profit des promoteurs éoliens ,et au détriment des consommateurs et des industriels et qui nous entraine dans le cercle vicieux de l'énergie chère, de la désindustrialisation et de la précarité énergétique
5) ENGIE en mode pause aux USA sur l'éolien en mer : ENGIE taille sévèrement dans ses projets éoliens en mer aux USA : trois projets de parcs offshore ont été suspendus, en attente de décision finale d'investissement, et dépréciés dans les comptes de la société, à hauteur de 133 millions d'euros, sur l'hypothèse d'un retard de quatre ans. Ce sont ainsi 5,6 gigawatts (GW) qui sont mis en pause au total, soit 12 fois la puissance du plus grand parc français de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). lien
6) Et de gros doutes sur l' éolien flottant…sous très forte tension
Les fermes pilotes en Méditerranée sont lancées, mais à quel coût et pour quel avenir ? Lancement sous tension des fermes éoliennes offshore flottantes en Méditerranée. cf Les Echos : Lien « Les dérives des coûts des fermes pilotes d'éoliennes flottantes en mer, au large de l'Occitanie, conjuguées à la non-indexation des tarifs de rachat par l'Etat, fragilisent le modèle économique de ces unités expérimentales. ».lien
Les Echos reprennent ainsi un titre du Marin il y a un peu plus d'un an (29/04/2024) Éolien flottant : la réalisation des fermes pilotes françaises sous tension lien qui se montrait assez alarmiste: « Si nous commençons à recevoir les créances de nos sous-traitants, en juin, le projet s'arrêtera et nous sommes loin d'être à l'eau. Olivier Guiraud, le directeur du développement des énergies marines renouvelables (EMR) chez Qair, ne veut plus perdre de temps. Le coût du projet Eolmed de trois éoliennes flottantes de 10 MW chacune au large de Gruissan, en Occitanie, porté par Qair, dépasse les possibilités de financement. Les banques nous ont accordé 323 millions d'euros et elles n'iront pas au-delà »
Comme PIEBIEM l'avait rappelé, lien , les projets pilotes éoliens flottant en Méditerranée EolMed (Qair /Total Energies) et EFGL (Eoliennes flottantes du Golfe du Lion, Engie et EDP Renewables) ont été attribués en 2016 à 240€/MWh. En juin 2024, les porteurs de projets ont demandé à ce qu'il soit porté à 320 euros le MWh, sans quoi les projets ne se feraient pas !
Combien coûteront finalement ces essais pilotes d'éoliens flottants, qui d'ailleurs risquent d'être obsolètes à peine construits et à quel prix finalement sera l'électricité délivrée ? PIEBÎEM demande la transparence !