Comment équilibrer un réseau électrique perturbé par les renouvelables intermittents ?

25/09/2024

Décidément une mauvaise semaine pour le Syndicat des Energies Renouvelables à l'occasion de son XXVème colloque annuel. Après Sharon Wajsbrot dans les Echos, c'est Philippe Thomazo dans Transitions et Energies qui confirme aussi nos analyses sur les problèmes que commencent à poser l'afflux de productions électriques fatales non pilotables sur les réseaux, bien exemplifiés par le problème des prix négatifs- mais ça va bien au-delà. Il faut en particulier souligner le véritable cercle vicieux qui se met en place entre prix négatifs et demande électrique : les prix négatifs entrainent une augmentation des coûts de l'électricité qui entraine une baisse de la demande qui renforce le phénomène des prix négatifs- qui entraine le départ des industries électrointensives

Extraits de l'article de Phlippe Thomazo  lien 

« L'augmentation massive de la production électrique intermittente, essentiellement éolienne et solaire, crée des problèmes inédits pour les réseaux électriques dont la stabilité est menacée aussi bien par la sous production que par la surproduction. Et aujourd'hui le problème vient surtout de la surproduction qui s'est traduite sur les huit premiers mois de l'année par 322 heures de prix négatifs du KWh sur le marché spot de l'électricité ! Une situation qui s'est encore produite pendant quelques heures mardi 17 septembre dans la matinée. L'origine du problème vient notamment des contrats avec obligations d'achat qui concernent environ la moitié des installations éoliennes et solaires qui n'ont alors aucune raison de s'ajuster à la demande. RTE, le gestionnaire du réseau électrique, souhaite aujourd'hui renégocier ses contrats. »

« Cette surproduction se traduit sur les marchés d'équilibrage de l'électricité ( appelés marchés spot)… Depuis quelques années, on peut voir apparaître sur ce marché spot des prix négatifs. Il existe de plus en plus fréquemment des moments où l'électricité est tellement abondante que les opérateurs sont prêts à s'en débarrasser par tous les moyens quitte à payer pour cela… Cette situation est la résultante d'une production abondante éolienne et solaire et d'une faiblesse de la demande industrielle en France et en Europe… »

« RTE note que plus de la moitié des installations solaires et éoliennes restent sous le régime de l'obligation d'achat. Le gestionnaire alerte donc sur l'augmentation exponentielle de ces surplus de production et soumet l'idée de renégocier les contrats déjà établis pour inciter à réduire s production dans ces moments »

Complétons l'article de M. Thomazo par quelques rappels :

1) prix négatifs ne signifie pas une électricité à meilleur coût - c'est exactement le contraire, il s'agit de production à perte qu'il faut indemniser ! Ou pas d'ailleurs Et ce sera l'occasion d'un bras de fer avec les ENR.

2) C'est un véritable cercle vicieux qui se met en place entre prix négatifs et demande électrique : les prix négatifs entrainent une augmentation des coûts de l'électricité qui entraine une baisse de la demande qui renforce le phénomène des prix négatifs puisque ceux-ci résultent d'un déséquilibre entre une demande faible et une production surabondante à certaines heures. Et c'est ainsi que l'Allemagne est en train de perdre ses industries électro-intensives.

3) les arrêts de production contraints, ça existe déjà : RTE a déjà contraint à plusieurs reprises les parcs éoliens en mer français d'arrêter leur production. Cela se produit dans de nombreux pays européens et de plus en plus souvent sans indemnisation.

Ce qui se produit, c'est ce que les énergies fatales intermittentes vont devoir prendre en charge leurs externalités négatives sur la modulation, la stabilisation du réseau, le stockage etc.cque jusqu'à présent elles refilaient en France au nucléaire. Et qu'avec la vérité des coûts , l'équation économique de la production d'électricité fatale intermittente devient intenable.

PIEBÎEM rappelle son opposition à un programme éolien en mer insensé de 45 GW, qui constitue une industrialisation à marche forcée de la mer côtière sans intérêt climatique dans le contexte français, dangereux pour la sécurité d'alimentation électrique, économiquement et socialement insoutenable, ravageur pour nos paysages littoraux et leur riche biodiversité avec des promesses fallacieuses d'emploi et de fortes dépendances étrangères et mettant en péril des activités comme la pêche côtière artisanale, le nautisme, le tourisme…

Cf : nos analyses regroupées dans les fils d'actu de la semaine dernière lien  lien  lien