COP16: la construction d'éoliennes critiquée pour sa déforestation en Amérique latine
En ce moment (21 octobre -1er novembre 2024) se tient à Cali en Colombie la COP 16, plus exactement la 16e conférence des Parties à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB) qui constitue une occasion unique de faire avancer la lutte contre l'effondrement de la biodiversité au niveau mondial. Un sujet y a été abordé : la responsabilité dans la déforestation de la forêt amazonienne des industriels de l'éolien, à la recherche éperdue de balsa. Une certaine forme de colonialisme énergétique en toute bonne conscience, que PIEBîEM a commencé à dénoncer il y a plus d'un an- cf note ci-jointe. Nous faisons le point.
Un seul , un seul et timide article de la presse française a rapporté cette mise en cause de l'éolien, publié par rfi lien .
Le boum sur les énergies renouvelables met sous pression la forêt vierge et les populations autochtones qui y vivent.
Extraits : « À l'occasion de la COP16 en Colombie, une enquête de l'Agence d'investigation environnementale, une ONG basée aux États-Unis, révèle que les grands fabricants d'éoliennes sont liés à la déforestation en Équateur et au Pérou. Pour construire les pales des éoliennes, les fabricants utilisent du balsa, un bois particulièrement léger et résistant, originaire d'Amérique latine. Le boum sur les énergies renouvelables met sous pression la forêt vierge et les populations autochtones qui y vivent.
L'Équateur produit 90 % du balsa dans le monde. Le pays exporte 56 000 tonnes de ce bois tropical chaque année, dont la majorité est achetée par plusieurs gros fabricants d'éoliennes basés en Chine ou aux États-Unis, comme General Electric Vernova, Goldwin ou Mingyang.
Mais les plantations existantes ne suffisent plus face à la demande qui explose. Résultat : une ruée sur le balsa sauvage des forêts vierges et de nouvelles plantations avec, au passage, la destruction de la forêt vierge.
La ruée sur le balsa a même dépassé les frontières équatoriennes, jusqu'au Pérou . Le tout aux dépens de l'incroyable biodiversité de ces forêts et des peuples autochtones qui y vivent… Les avantages que nous procurent les énergies propres ne devraient pas se faire au détriment de dégradations environnementales dans les pays du Sud,. »
En effet comme pour l'éolien en mer, grand consommateur de pales gigantesques qui ne peuvent apparemment facilement se passer de balsa, sacrifier la biodiversité au profit d'avantages climatiques par ailleurs inexistants dans le contexte français est tout simplement stupide et inacceptable.
Les éoliennes vertes ? : Balsa et déforestation
Dans une note de juin 2023 diffusée sur nos réseaux et sur le site de diverses consultations, PIEBîEM attirait l'attention sur cette nouvelle forme de colonisation énergétique, en toute bonne conscience, et qui n'émeut guère les principaux groupes écologistes. Nous y rappelions notamment que :
- Les trois pales de 81 mètres de long des éoliennes offshore de Siemens Gamesa contiennent au total près de 6 tonnes de balsa (approx. 40 m³). Cela correspond pour l'éolienne entière à environ 40 arbres
- la société 3A Composites Core Materials qui fournit notamment les industriels éoliens européens (Siemens Gamesa, General Electric), possède et exploite plus de 10 000 hectares de plantations de balsa Mais cela ne suffit plus et les coupes illégales et la déforestation prolifèrent
- La Chine achète environ 50 pour cent du bois de balsa : du balsa part de la forêt amazonienne, passe par la Chine pour se retrouver dans des éoliennes dans le monde entier, un circuit très écologique !
- Les coupes illégales de balsa prolifèrent car, ce bois étant peu cultivé, les exploitants recherchent le balsa qui pousse naturellement sur les îles et les berges des fleuves amazoniens. L'impact de cette exploitation sur les peuples indigènes de l'Amazonie équatorienne est très fort. Cf note complète ci-jointe
Notre question à La Mer en Débat et la désinvolture des industriels de l'éolien
Où en est-on dans l'utilisation de balsa dans les éoliennes offshore ? C'est la question que PIEBîEM a posé dans le cadre du débat CNDP : la Mer en Débat. La réponse des porteurs de projets fait preuve d'une certaine désinvolture :
« Il est à noter que la responsabilité du choix du fabricant des éoliennes revient au lauréat de l'appel à projet. L'Etat prend néanmoins en compte certains aspects cruciaux du type d'éoliennes choisi, en effet, la recyclabilité des pales (y compris si elles contiennent du balsa) ou des aimants est considérée dans les appels d'offres. Ainsi, dans le dernier appel d'offres attribué pour le projet Centre-Manche, l'intégralité des candidats se sont engagés à utiliser des pales 100% recyclables pour le projet »
La réponse n'en est pas vraiment une. Donc, en fait, aucune contrainte pour le balsa, l'Etat et le lobby éolien s'en fichent. Il semble en effet que le balsa, en particulier pour les grandes pales des éoliennes offshore, soit difficile à remplacer par du PET, par exemple.