Coût réel de l’éolien offshore et attribution extravagante AO5

03/06/2024

Engie confirme que l'attribution de AO5 à 86,45 €/MW est une sinistre plaisanterie qui nous coûtera bien plus cher et la situation anglaise montre un éolien en mer en course pour des demandes extravagantes de subvention qui nous entrainent vers un prix insupportable de l'électricité…et finalement créent une grande incertitude pour les investisseurs.

La patronne d'ENGIE sur AO5 dans Ouest -France : nous ne savons pas faire !

Engie n'a pas été retenu pour la première ferme éolienne flottante française, en Bretagne sud. C'est une déception ?

Quand on candidate, on a envie de gagner. Mais, pour Engie, chaque projet doit être rentable. C'est la clé de la pérennité de notre groupe et de la transition énergétique. Nous souhaitons bonne chance aux lauréats. Mais nous, Engie, ne savons pas faire de l'éolien flottant au tarif de rachat de l'électricité qui a été annoncé, avec l'attachement qui est le nôtre à travailler avec des fournisseurs français et locauxArticle

Voilà, c'est clair et la conclusion s'impose : l'attribution de AO5 ( Bretagne sud, éolien flottant ) à 86,45 €/MW est une sinistre plaisanterie qui nous coûtera bien plus cher !

Et pendant ce temps en Angleterre : l'éolien offshore réclame encore  plus de subventions

Rappelons que l'appel d'offre en Grande-Bretagne de septembre 2023 autour de 55 €/M n'a suscité aucune ( zéro!) candidature et que pour l'appel d'offre de cette année, les plafonds ont été augmenté d'environ 66%, soit environ 85 €/MWh pour l'éolien posé et 205 €/MWh pour l'éolien flottant.

Et visiblement, ce n'est pas encore suffisant selon l'influente présidente du lobby officiel britannique de l'éolien Carbon trust offshore wind accelerator, la baronne Brown of Cambridge, également directrice non executive d'Orsted :

Extraits : « Les subventions de l'État pour les nouveaux projets éoliens offshore pourraient ne pas être assez généreuses pour mener à bien les projets nécessaires pour atteindre les objectifs de stimulation des énergies propres, a averti un conseiller climatique de premier plan du gouvernement.

La baronne Brown de Cambridge, présidente du sous-comité d'adaptation du Comité sur le changement climatique, l'organisme public indépendant non ministériel, a déclaré que la Grande-Bretagne avait été « lente » et « pas très intelligente » dans sa gestion des enchères de l'éolien offshore.

Le gouvernement a augmenté le prix d'exercice, un prix garanti que les producteurs sont payés pour l'électricité qu'ils produisent, à 73 £ par mégawattheure pour la vente aux enchères de cette année et a fixé le budget à un record de 800 millions de livres sterling dans l'espoir d'attirer de nouveaux projets éoliens offshore. «

Ce qui est assez amusant, c'est le changement de ton de l'industrie éolienne en Grande- Bretagne puisque, en quelques années, de 2018 à 2024 , on est passé de « Offshore wind, a UK success story » à « Offshore Wind needs bigger subsidies »

Le chantage du lobby éolien pour un plan de subventions massif de l'éolien en mer…

Les revendications du lobby éolien britannique sont intéressantes parce qu'il va se produire exactement la même chose en Europe continentale :

« Le gouvernement britannique a finalement compris que les programmes de soutien au revenu pour les énergies renouvelables ont encouragé l'importation de composants fabriqués à l'étranger, dans des pays comme la Chine, avec des niveaux d'émissions de gaz à effet de serre très dégradés.

Mais plutôt que d'admettre que l'ensemble du projet de subvention verte, qui dure depuis plus de vingt ans, est une erreur contre-productive, le gouvernement britannique se prépare à subventionner grassement les développeurs d'énergies renouvelables pour qu'ils utilisent une plus grande part des biens et services britanniques en introduisant d'importantes subventions en capital pour des projets éoliens offshore qui promettent de s'appuyer sur un contenu et des chaines de valeurs locaux local plus importants Seul l'éolien offshore sera éligible… »

L'analyse d'impact du programme estime que le coût de ces subventions sera d'environ 200 millions de livres sterling par an, tirés des factures d'énergie des consommateurs, mais le projet de cadre d'allocation indique clairement que le secrétaire d'État a la possibilité d'augmenter le budget pour atteindre les objectifs de l'éolien offshore, il s'agit donc effectivement d'un engagement de dépenses illimité. Le ministère de la Sécurité énergétique et du Net Zero dépensera simplement ce qu'il faut pour atteindre les objectifs, et si le coût final pour les consommateurs est deux, trois ou dix fois supérieur à l'estimation actuelle, personne ne devrait être surpris…. Nous devons donc nous attendre à une pression continue de l'industrie éolienne pour augmenter les prix garantis offerts dans les cadres des Contrats pour différence, avec la menace qu'en l'absence de davantage de subventions, les objectifs de zéro émission nette ne seront pas atteints. C'est un désordre total, typique des tentatives ad hoc pour sauver une politique défaillante.

Mais cette recherche effrénée de subventions n'est pas sans risques :

« Alors que le gouvernement britannique s'apprête à subventionner les dépenses de développement, les dépenses d'investissement et les revenus de l'éolien offshore, certains se demandent si le Parti travailliste ne finira pas par considérer qu'il s'agit en fait d'investissements de l'État, et sur cette base nationalisera l'ensemble, peut-être avec une maigre compensation.

Dans ces conditions, certains investisseurs privés plus prudents pourraient commencer à se demander si le risque politique des investissements dans l'éolien offshore en vaut la chandelle ! LienLien2 

Conclusion : La hausse des coûts de l'éolien off shore au Royaume-Uni, boostée par une explosion des subventions, n'est pas prêt de s'arrêter. Et lorsque nous entendons en France et en Europe le lobby éolien réclamer que l'on prenne moins en compte le critère prix pour favorise davantage de contenu local, cela signifie la même chose : qu'on se prépare à subventionner massivement une filière éolienne non compétitive, incapable de vendre ses éoliennes hors d'Europe, au détriment des consommateurs et des industriels qui seront le coût de l(électricité exploser. On aura créé une rente de situation pour l'éolien, au détriment des consommateurs, des autres producteurs et des salariés qui perdront leur job lorsque leurs industries seront contraintes de se délocaliser.

Et l'attribution de AO5 ( Bretagne sud, éolien flottant )à 86,45 €/MW est une sinistre plaisanterie qui nous coûtera bien plus cher !

Tout ça pour une production électrique sans intérêt climatique dans le contexte français, dangereux pour la sécurité d'alimentation électrique, économiquement et socialement insoutena ble, ravageur pour nos paysages littoraux et leur riche biodiversité avec des promesses fallacieuses d'emploi et de fortes dépendances étrangères et mettant en péril des activités comme la pêche côtière artisanale, le nautisme, le tourisme.