Dangers de pollution par les postes électriques en mer : avertissements américains

10/10/2025

Plusieurs articles américains récents expliquent les risques de pollution des futurs postes électriques en mer – est notamment concerné le projet « phare » d'Oersted aux USA, Sunrise Wind : pollution thermique et chimique par le refroidissement en boucle ouverte, pourtant abandonné sur les installations gazières et pétrolières ; lutte contre le biofouling : des sous-produits chlorés ou oxydants déversés dans la mer ; isolation électrique : le SF6, l'un des plus forts gaz à effet de serre…encore un privilège des ENR. Et il manque encore la protection contre la corrosion par les anodes sacrificielles, bien répertoriées dans une récente publication de l'Ifremer. Lien  lien 

1)Un poste électrique = une plate-forme pétrolière, mais bien plus proche des côtes

« Imaginez une plate-forme pétrolière, reposant sur quatre pattes géantes qui ont été enfoncées dans le fond marin pour supporter son poids massif. Cependant, ce n'est pas pour le pétrole ou le gaz ; Il s'agira plutôt d'une station de conversion offshore dédiée. Son travail consistera à prendre le courant alternatif qui sera généré par les 84 turbines de Sunrise Wind (si le projet est achevé et mis en ligne) et à le convertir en courant continu afin qu'il se déplace plus efficacement à travers 108 miles de câbles creusés dans le fond marin pour atteindre la terre »

NB : Sunrise Wind est le projet phare d'Oersted aux USA :  924 MW situé à 30 milles des côtes de l'Etat de New-York. Oersted a lancé une recapitalisation massive de 9,4 milliards de dollar et vient d'annoncer des licenciements massifs- 2000, soit un quart de ses effectifs) lien

2) Le problèmes du refroidissement : boucle ouverte ou boucle fermée ?

"Cette production d'électricité est un processus qui dégage de la chaleur, potentiellement explosif et qui nécessite un refroidissement constant. Pour Sunrise Wind d'Orsted et certains autres projets éoliens offshore, ce refroidissement sera obtenu en aspirant des millions et des millions de gallons (3,8 litres) d'eau de mer par jour, en la traitant chimiquement pour maintenir le système en marche, puis en rejetant l'eau chlorée et chauffée directement dans l'océan. Ce scénario devrait se dérouler chaque jour de la durée de vie prévue de 25 ans de Sunrise Wind."

"C'est que la sous-station utilisera ce que l'on appelle le refroidissement en « boucle ouverte », une méthode particulièrement agressive pour l'environnement, abandonnée pour les centrales électriques classiques qui doivent adopter un refroidissement en circuit-fermé depuis le début des années 70."

"Mais pour Sunrise Wind, l'Agence de protection de l'environnement a délivré un permis lui permettant de déverser jusqu'à près de huit millions de gallons par jour d'eau traitée et chauffée dans l'Atlantique, contournant la loi imposant l'utilisation de la « meilleure technologie disponible ». Et Sunrise Wind n'est pas un cas isolé : bien d'autres projets éoliens prévoient d'utiliser le refroidissement en boucle ouverte, notamment le gigantesque projet éolien offshore Coastal Virginia et SouthCoast Wind. Dans une pétition demandant le retrait de ce permis, Bonnie Brady, directrice exécutive de la Long Island Commercial Fishing Association, a mentionné les impacts sur les poissons et leurs larves et signalé que l'EPA s'est montré plus exigeante pour les projets pétroliers et gaziers offshore …"

3) Biofouling : des sous-produits chlorés ou oxydants déversés dans la mer

"Pour empêcher l'encrassement biologique dans les tuyaux de refroidissement, Sunrise Wind dispose d'un système d'hydrochloration qui génère de l'eau de Javel. Bien que le chlore soit toxique pour la vie marine et que la chaleur amplifie ses effets (Sunrise Wind sera autorisé à déverser de l'eau jusqu'à 30°C) et qu'il puisse se former des sous-produits toxiques comme des trihalométhanes, la quantité de chlore résiduelle dans les effluents n'est pas contrôlée. Seule la concentration d'oxydants résiduels totaux (TRO) fait l'objet d'une limite, fixée à 13 μg/L... mais l'EPA ne peut mesurer que des valeurs supérieures à 30 μg/L. Ces rejets menacent directement le zooplancton, les œufs et larves de poissons ainsi que le phytoplancton, essentiels à l'écosystème marin et à l'alimentation des cétacés comme la baleine noire de l'Atlantique Nord."

4) Le SF6, l'un des plus forts gaz à effet de serre

L'hexafluorure de soufre, SF6, est utilisé dans l'appareillage de commutation (outils de régulation de tension) des éoliennes et des sous-stations offshore et terrestres pour tous les projets d'énergie éolienne. Il est universellement admis que le SF6 est le gaz à effet de serre le plus puissant et le plus dévastateur jamais connu. Ce composé fluoré artificiel n'existe pas dans la nature. Utilisé comme isolant dans les appareillages de commutation à haute et moyenne tension dans l'industrie électrique, une fois libéré, ce composé a une demi-vie de 3 200 ans dans l'atmosphère et son potentiel de réchauffement est 23000 fois plus important que celui du CO2.

Malgré ses prétentions à l' « énergie propre », l'industrie éolienne insiste sur le fait qu'elle ne peut pas se passer de ce puissant gaz à effet de serre. Par exemple, Vineyard Wind 1 (actuellement en construction), avec 62 turbines prévues à 13 miles au sud de Martha's Vineyard, prévoit d'utiliser 11 949 livres de SF6.

Malgré les mesures prises pour empêcher le SF6 de s'échapper, des « taux de fuite » de 0,5 à 1 % par an sont attendus pendant les opérations normales et la maintenance. Et cela suppose, qu'il n'y ait pas de rejets accidentels comme ce qui s'est passé dans la zone éolienne offshore de Seagreen en mer du Nord. Vingt-quatre livres de SF6 s'y sont échappées lors de travaux de routine en 2022, entraînant l'évacuation de 80 travailleurs. Bien que 24 livres ne semblent pas beaucoup, l'EPA prévient qu'une « quantité relativement faible peut avoir un impact significatif sur le changement climatique mondial ». Sunrise Wind est allé jusqu'à minimiser la quantité de SF6 utilisée : les courriels publiés par l'EPA révèlent que le « total » initial de 3 960 livres de gaz à effet de serre indiqué dans son projet de permis était erroné de plus de la moitié.

NB : le SF6 est interdit par le protocole de Kyoto… sauf dans l'industrie éolienne . Le potentiel de réchauffement global (PRG) du SF6 à cent ans est 23 500 fois supérieur à celui du CO2. L'effet du SF6 qui échappe des 30000 éoliennes allemandes est plus important que celui du trafic aérien intérieur de l´Allemagne. notre note sut le SF6 lien