Des pêcheurs se mobilisent contre l’éolien en mer 2- l’UFPA

Si ce débat façade CNDP aura servi à quelque chose, c'est bien au moins à montrer que mettre des éoliennes en mer…ça gêne beaucoup de monde. Deux syndicats ou associations de pêcheurs ont montré clairement leur opposition à l'éolien en mer, l'UFPA (Union Française des Pêcheurs Artisans) et le SYNADEPA (Syndicat National de Défense des Pêcheurs Artisans).

L'UFPA a déposé une 0contribution sur le site de la Mer en Debat intitulée Contribution Au Debat Public sur l'éolien Offshore- Incidences sur la Pêche Artisanale Française

Extraits - : « Replacer la pêche artisanale au coeur du débat et reconnaissant son implication historique en tant que contributeur essentiel à la souveraineté alimentaire de notre Pays ».

Notre définition d'un Pêcheur Artisan Français correspond à la communauté de pêcheurs travaillant avec des navires de moins de 25 mètres, tous métiers confondus : petite pêche, pêche côtière, pêche hauturière, pêche à pied, caseyeurs, chalutiers, ligneurs, fileyeurs, coquillards.

Des perturbations majeures sur l'environnement et les écosystèmes et dérogations en série : « Il est en effet patent et avéré scientifiquement que la création de parcs éoliens offshore, outre d'aliéner et attribuer exclusivement des zones maritimes importantes exploitées historiquement par la pêche artisanale, induit des perturbations majeures sur l'environnement et sur l'équilibre de l'écosystème, tant lors de leur mise en oeuvre que lors de leur exploitation, à telle enseigne que l'Etat, via des arrêtés préfectoraux, est dans l'obligation de délivrer des dérogations autorisant les exploitants éoliens à s'affranchir de l'interdiction stricte de perturbation, destruction et altération d'aires de repos et de la protection d'espèces animales protégées, ceci sous prétexte du règlement UE 2022/2577 du 22 décembre 2022 établissant un cadre en vue d'accélérer le déploiement des énergies renouvelables.

L'opposition entre ces mesures, ayant normalement pour tronc commun la Transition Ecologique, et les décisions prises par l'Etat en la matière, indiquent clairement que la priorité est donnée au volet énergétique, dont nous contestons, conjointement à de nombreuses Collectivité Territoriales, ONG, associations environnementales, Comités Nationaux et Régionaux des Pêches, la pertinence technologique, écologique, sociale, sociétale et économique, en l'état. »

Le conflit entre la pêche et l'éolien en mer est sans issue : « Que conclure aussi de cette communication de la Cour Européenne des Comptes en septembre 2023, annonçant clairement : « Nous avons constaté que le conflit entre ces deux secteurs restait sans issue. La révision à la hausse des objectifs de l'Union Européenne en matière d'EMR (Energies Marines Renouvelables) conduira certainement au développement des installations en mer. L'accès aux zones de pêche pourrait donc progressivement se réduire, ce qui ferait probablement baisser les revenus de la pêche et exacerberait la concurrence entre les pêcheurs...Il existe un risque de perte d'emplois dans le secteur de la pêche en raison de la croissance de celui des EMR. Les pêcheurs s'inquiètent de l'absence d'autres possibilités d'emploi et du peu d'offres de reconversion professionnelle. A notre connaissance, la Commission n'a encore jamais quantifié les principaux effets économiques qu'aurait le développement des EMR sur la pêche. »

L'Union Française des Pêcheurs Artisans, en sa qualité d'acteur ancestral de la gestion environnementale, économique et socioculturelle du domaine maritime public français, s'est donné pour mission de défendre les intérêts de la pêche artisanale, tant en métropole que dans les territoires ultramarins, et, à ce titre, de fédérer l'ensemble des acteurs de la filière pêche artisanale pour analyser l'ensemble des problématiques posées, mais aussi et surtout être Force de Proposition »

Impacts révélés lors de l'exploitation des parcs éoliens offshores: « Des éoliennes néerlandaises, allemandes et britanniques nous chassent du sud de la Mer du Nord (...) ils prétendent que la zone autour des éoliennes crée une sorte de paradis de la biodiversité. C'est exactement le contraire. Ce sont des zones mortes.... » Job Shot, Président d'EMK (Hollande)

« Nous sommes en train de nous faire expulser de la mer. Le domaine dans lequel nous pouvons travailler devient de plus en plus petit. Nous pouvons tous voir ce qu'il advient du poisson lorsque les éoliennes sont en place. » Jaap Stellendam (Hollande)

« Pour une raison quelconque, je ne sais pas ce que c'est, mais il n'y a pas de poissons dans le parc éolien. Cette zone est pratiquement stérile (...) alors que la région était autrefois un lieu de pêche privilégié ». Steve, Ramsgate (Grande Bretagne)

« Tout autour du parc éolien de Figueira da Foz, avec seulement les 3 plateformes du Windfloat technology parc, le poisson a tout simplement disparu... » Francisco Portela Rosa – VianaPesca (Portugal)

« Désormais, les bateaux de pêche d'Aldeburgh sont incapables d'accéder à d'importants stocks de soles de Douvres à environ deux miles au large de la côte, en raison des perturbations causées aux fonds marins par le chenal du câble d'atterrage. Les promoteurs s'étaient engagés à remettre les fonds marins dans leur état d'origine une fois les travaux terminés, mais ils ont prétendu qu'ils n'avaient pas réussi, ce qui a créé des obstacles et des risques pour les bateaux et pour les filets. » Jerry Percy, porte-parole de l'Association des pêcheurs côtiers – (Grande Bretagne)

Effet récif : « Ces récifs artificiels sont en tout premier lieu favorables à la sédentarisation d'espèces exotiques invasives au préjudice des espèces autochotones du fait de la modification de la connectivité dans ces écosystèmes. (Ex. : Colonisation par la sargasse japonaise - Sargassum muticum)… Le principe de création d'un récif artificiel est de reconstituer un biotope naturel dégradé, conforme à ce qu'il était à l'origine, et/ou propice à une optimisation des capacités de recolonisation par des espèces endémiques, et non de créer artificiellement un environnement favorisant la sédentarisation d'espèces opportunistes et invasives.

Pêche dans les parcs : « En Grande-Bretagne, la pêche est autorisée dans les parcs éoliens, mais beaucoup de marins-pêcheurs abandonnent ces zones de pêche parce qu'elles sont devenues trop dangereuses : danger des collisions, danger des engins de pêche qui s'accrochent dans les structures ou dans les enrochements qui recouvrent les câbles….En cas d'incident, les pêcheurs ne sont pas autorisés à démêler leurs engins. Ils doivent signaler l'incident et attendre que l'exploitant leur fournisse des engins de remplacement.

London Array : A 28,6 km au large de Foreland sur la côte du Kent en Angleterre, 341 éoliennes Siemens pour une capacité de 1000 MW.

« Il est difficile de pêcher au London Array. Dans un parc éolien, tout utilisateur d'une drague doit savoir précisément où se trouvent les câbles, qu'ils soient ensouillés ou non. Cette information est vitale pour éviter d'être pris sur le câblage sous-marin.

Et c'est dangereux en cas de mauvaise visibilité, d'autant que les radars sont très imprécis à causes des ondes électromagnétiques émises par les éoliennes. En effet, chacune d'entre elles est représentée par une tache oblongue d'environ 1 km sur l'écran radar, donc sa position est très vague.

De plus, l'image radar d'un autre bateau peut se confondre avec l'image démesurée d'une éolienne. D'où le danger de collision par brouillard ou mauvais temps. Et ces jours-là, les équipes de sauvetages seront à peu près impuissantes pour intervenir dans le parc éolien, pour les mêmes raisons. »

A noter que le l'UFPA remercie PIEBÏEM pour nos échanges d'information. Merci à eux

Ci-joint contribution de l'UFPA