Effets de sillage et « vol de vent » :  ça se complique pour l’éolien en mer ! Et pour Bretagne sud ?

20/08/2025

Avec l'accumulation des parcs éoliens en mer revient l'effet de sillage qui peut faire baisser jusqu'à 30% la production électrique des parcs – et les rendre non rentables. Les études sur l'ampleur du phénomène de ces « vols de vents », comment les prendre en compte et comment les mesurer se multiplient ainsi que les conflits entre promoteurs éoliens, au point de remettre en cause certains projets, avec des pertes de rentabilité importantes et des demandes d'indemnisation. La Mer du Nord devient vraiment encombrée, et   en Angleterre, Allemagne et pays nordiques, les conflits entre promoteurs éoliens pour « vol de vent » se répandent. Le même phénomène apparaîtra en France si, comme le PPE3 le prévoit, 45 GW sont installés le long des côtes françaises.  PIEBÎEM fait le point, et pour Bretagne sud, « s'inquiéte » des relations entre Pennavel et les futurs attributaires de Bretagne sud 2 . Par ailleurs, nous rappelons les impacts météorologiques et courantologiques liés à ces effets de sillage (cj note jointe)

Effets de sillages et vols de vents – la grande inquiétudes des promoteurs éoliens en mer

Fin mars 2025, le cabinet d'Aegir Insights avertissait: « À mesure que le déploiement de l'éolien offshore se développe à l'échelle mondiale, les effets de sillage externes deviennent un risque de plus en plus critique pour les performances et la rentabilité des projets. L'interférence externe dans le sillage résulte du regroupement de parcs éoliens dans des régions à forte densité comme la mer du Nord, et si elle n'est pas évaluée suffisamment tôt, elle peut réduire considérablement le facteur de capacité du projet et saper des analyses de rentabilité déjà étroites.

Les pertes dues à l'effet de sillage entre les parcs éoliens pourraient avoir été « massivement sous-estimées » en raison d'une modélisation simpliste. « Le déficit de production d'électricité atteindrait le chiffre stupéfiant de 15 à 30 % dans certains cas, ce qui modifierait considérablement l'analyse de rentabilité »

Lorsque les éoliennes extraient l'énergie du vent pour produire de l'électricité, elles laissent derrière elles des traînées de vent plus faibles et plus turbulentes. Ces traînées, appelées sillages, peuvent s'étendre sur de grandes distances, jusqu'à 100 km. Si un parc éolien est sous le vent d'un autre, la vitesse plus faible du vent se traduit par une production d'énergie moindre, réduisant ainsi ses revenus. « Perdre 1 % de sa production représente une part considérable de son analyse de rentabilité … Perdre 5 % serait un désastre financier. ». Alors, 15 à 30% !

Problème supplémentaire et manque de bol : « Les modélisations réalisées à ce jour ont montré que tenter d'atténuer l'effet de sillage sur deux parcs éoliens ou plus… entraîne toujours un impact négatif net sur la production collective de ces parcs (Financial Time Crawford-Percival)

La prise de conscience du problème transforme une partie de la réflexion des gouvernements et des opérateurs. Le défi est devenu plus complexe car la multiplication des projets et la taille croissante des éoliennes entraînent des effets de sillage croissants entre les différents parcs, ainsi qu'au sein même des projets. En Allemagne, les autorités ont revu à la baisse leur objectif de capacité éolienne offshore à introduire d'ici 2030, notamment pour permettre aux développeurs de maintenir des turbines suffisamment espacées. Pablo Ouro, qui dirige une étude sur les effets de sillage à l'université de Manchester ( qui initie un programme d'étude sur le sujet , a souligné que, pour l'instant, les litiges concernaient des projets situés dans les eaux territoriales d'un même pays. « À terme, il pourrait s'agir d'un parc éolien britannique et d'un parc éolien allemand, ou autre ». Eh bien on y est !

Un cas concret et chiffré : le norvégien Equinor et le britannique SSE se plaignent d'un » vol de vent » par l'allemand RWE sur leurs parcs britanniques .

Equinor et SSE Renewables ( Scottish and Southern Energy) affirment que les pertes de sillage causées par un projet éolien offshore RWE « rival » coûteront à leurs énormes parcs éoliens de Dogger Bank 582 millions de livres sterling (778 millions de dollars) au cours de leur durée d'exploitation, affirmant qu'il serait « pervers » de ne pas exiger d'atténuation ou de compensation en conséquence". La major pétrolière norvégienne et le géant britannique de l'énergie ont soumis l'estimation la semaine dernière dans le cadre de la procédure de planification de Dogger Bank South, un projet de 3 GW développé par l'électricien allemand RWE. Qui devra payer ? L'exploitant ou le régulateur, in fine l'Etat, c'est-à-dire les contribuables. Qui devra décider de combien payer et selon quels critères ? on souhaite bien du plaisir aux régulateurs et tribunaux britanniques, et aux promoteurs éoliens lien Energie de la mer ; lien 

Et pour Bretagne Sud ? Grosses disputes en perspectives sur les effets de sillages entre Bretagne sud 1 et Bretagne sud2 ?

PIEBÎEM souhaite bien du plaisir à Pennavel, le gagnant par défaut ( et près du défaut… de paiement ) de l'appel d'offre AO5 (première partie de 250 MW du projet de zone industrielle éolienne Bretagne sud et au futur attributaire de Bretagne sud 2 ( 500MW accolés à Bretagne sud1) - appel d'offre en cours AO9). Ce sont des discussions assez musclées qui s'annoncent sur les « vols de vent » entre les deux parcs, d'autant que le consostium Eolfi, titulaire d'un parc flottant expérimental proche de Groix… avait annocé renoncer au projet en raison des « vols de vent » de Bretagne sud (et du manque de maturité technique de l'éolien flottant) . Décidément, ce projet Bretagne sud aura été absurde de fond en comble, du début à la fin, de sa conception ( éolien flottant près des côtes) à ses procédures d'attribution et à sa réalisation.

Et pour Bretagne sud ? Ne pas oublier les effets climatiques sur les terres proches et sur la courantologie

PIEBîEM avait déjà traité des effest de sillage dans un fil d'actu de mars 2024 lien et dans une note : « ils nous volèrent les paysages et ils nous volèrent même le vent » cf note ci-jointe.

En dehors des complaintes des promoteurs éoliens qui se plaignaient déjà de vols de vents, nous y rappelions les effets climatiques et sur la mer des zones industrielles éoliennes en mer : « Les effets de ralentissement du vent d'un parc éolien offshore peuvent s'étendre jusqu'à 100km. Selon certaines études, un grand parc éolien serait l'équivalent d'une petite chaine de montagne. (Norcowe -Norwegian Centre for Offshore Wind Energy). Cela n'est pas sans effet sur le climat local, le régime des vents, les précipitations, la rugosité de la surface de la mer, la stabilité atmosphérique, les flux de chaleur, la stratification des couches d'eau et les courants…

« les effets de sillages peuvent augmenter la température de 0,5 °C et l'humidité de 0,5 g par kilogramme à hauteur de moyeu, même jusqu'à 60 km sous le vent des parcs éoliens »

« les parcs éoliens ont le potentiel de devenir des facteurs écosystémiques dominants et doivent être pris en compte pour la gestion de l'écosystème et l'évaluation des pêches….En outre, les sillages atmosphériques peuvent induire des réponses océaniques en modifiant la rugosité de la surface de la mer, la stabilité atmosphérique et les flux de chaleur, et ont donc un potentiel d'impact sur le climat local qui nécessite des recherches plus approfondies «

PIEBÏEM et effet de sillage : Que les promoteurs éoliens règlent leurs problèmes entre eux, mais cessent de mentir sur leurs facteurs de charge et sur leur rentabilité… des mensonges que les consommateurs et les contribuables paieront. Mais PIEBÎEM demande surtout que les effets climatiques et courantologiques soient pris en compte dans les études d'impact des zones éoliennes  sur les activités terrestres et maritimes ( pêche)