Energie : Revenir aux fondamentaux , arrêter les chasses aux subventions et les productions inutiles

10/09/2025

Excellente tribune de Cécile Maisonneuve dans Les Echos (7 septembre) lien  Energie : 1) Revenir aux fondamentaux. Vérité et transparence des coûts, corrélation offre demande, arrêter les chasses aux subventions et les productions inutiles, 2) Remplacer le quoi qu'il en coûte par un combien ça coûte, investir rationnellement pour décarbonner (coût de la tonne de carbone évitée. La France doit faire la transparence sur les coûts par filières technologiques et s'appuyer sur l'actif éprouvé que constitue son parc nucléaire existant

Extraits

Un vrai débat sur la politique énergétique, pas de passage en force par décret

"La martingale énergétique n'existe pas. La France doit faire la transparence sur les coûts par filières technologiques et s'appuyer sur l'actif éprouvé que constitue son parc nucléaire existant.

"La politique énergétique française n'en finit pas de susciter débats, polémiques voire psychodrames, même dans la torpeur estivale. Pour preuve, ce décret mort-né sur la programmation pluriannuelle de l'énergie, dont la publication a été stoppée in extremis par Matignon le 1er août après que des responsables politiques ont fait savoir leur mécontentement. A juste titre d'ailleurs : le sujet fait l'objet d'un débat parlementaire en cours."

Vérité et transparence des coûts, corrélation offre demande, arrêter les chasses aux subventions et les productions inutiles

"Le politique, à travers la figure du législateur, reprend la main sur ce sujet : tant mieux car il conditionne la compétitivité de l'économie, le pouvoir d'achat des ménages et la reconstitution d'une base industrielle solide. Rompre le tête-à-tête qui prévaut depuis de trop longues années entre une approche technocratique et des chasseurs de subventions est essentiel pour revenir à deux principes très simples : la vérité et la transparence des coûts des options énergétiques choisies d'une part, la corrélation entre offre et demande d'autre part."

"La politique énergétique a pour but de définir un système énergétique où l'offre rencontre la demande au prix le plus bas possible. Ce système énergétique étant fondé, dans le contexte de la transition, sur une augmentation de l'utilisation de l'électricité, la politique définie doit donc favoriser un prix de l'électricité le plus faible possible."

"Or tel n'est pas le résultat des politiques suivies depuis dix à quinze ans : entre 2014 et 2024, la consommation d'électricité a baissé de 7 % en France. Ici, comme ailleurs en Europe, les consommateurs se détournent logiquement d'un bien dont le prix augmente. Pourtant, tous les Etats continuent de subventionner le développement de centrales de production inutiles, faute de demande, qui enrichissent développeurs de projets et détenteurs du foncier."

Remplacer le quoi qu'il en coûte par un combien ça coûte, investir rationnellement pour décarbonner (coût de la tonne de carbone évitée)

Problème : dans le domaine énergétique, l'offre ne crée pas la demande. Le « quoi qu'il en coûte » doit maintenant être remplacé par un « combien ça coûte ? » systématique, les adeptes de la subvention par des investisseurs privés qui connaissent et assument leurs risques, les objectifs politiques par des objectifs économiques. La question des coûts appelle des réponses sincères. Réjouissons- nous à cet égard du débat croissant sur le coût d'investissement dans les réseaux de transport de l'électricité.

Le débat doit aussi gagner en transparence sur le coût des différentes filières technologiques de production d'électricité…

"Mener une politique de transition énergétique est déjà difficile en soi au regard de l'ampleur des investissements à consentir et de la nécessaire visibilité à long terme qu'elle implique. Le faire dans le quintuple contexte d'une crise budgétaire aiguë, de menaces sur la stabilité financière du pays, d'un décrochage de la productivité, d'une crise politique qui rend à peu près impossible toute approche sereine et rationnelle et, enfin, d'une crise de confiance dans le politique en général rend l'exercice quasiment infaisable."

"&Dans un tel contexte, la solution réside sans doute moins dans la poursuite de débats franco-français que dans un retour aux fondamentaux : sur le sol national, s'appuyer sur cet actif éprouvé qu'est le parc nucléaire existant, dont l'amélioration de la performance est l'un des rares socles sur lesquels peut s'adosser une reprise de la demande. A l'international, revenir au principe d'universalité qui fonde l'accord de Paris en soutenant, politiquement et commercialement, les industriels français du secteur énergétique sur les marchés extérieurs."

"Un euro investi dans une centrale de production propre dans les pays du Sud dont la demande énergétique explose aura dix, cent fois plus d'effet sur le climat que le même euro dépensé en France dans des politiques publiques dont le rapport coûts-bénéficesest quasi nul pour le climat et largement négatif pour les finances publiques. " lien vers article complet