Eolien en mer et Bretagne : la filière inquiète pour les retombées locales – ou plutôt confrontée à ses mensonges ?
Interviews et communication en mode panique de la « filière » éolienne française - le cluster France offshore Renouvelable ; en fait la filière se trouve confrontée à ses mensonges sur l'emploi local et réclame aides, subventions, protections ; mais au passage, quelques vérités sont avouées. Particulièrement intéressante de ce point de vue est l'interview de M. Philippe Thieffry, responsable de Bretagne Ocean Power à News Tank Energies . Extraits : 1) Intoxication sur Siemens Gamesa au Hâvre qui est en réalité un abandon : les parcs n'auront ni pâles ni nacelles françaises ; 2) Les turbiniers européens ne se voient pas sur de la forte puissance et encore moins sur des éoliennes flottantes ; 3) Et après les turbines et les nacelles chinoises, les fondations chinoises ! ; 4) Le point de vue de PIEBÎEM : l'UE et les développeurs de parcs sont plutôt contre les mesures de protection ; pas de raisons d'accorder une rente de situation à l'industrie éolienne au détriment des autres industries et des consommateurs.
1) Intoxication sur Siemens Gamesa au Hâvre qui est en réalité un abandon : les parcs n'auront ni pâles ni nacelles françaises
« Siemens Gamesa a annoncé continuer à investir dans l'usine et extension de l'usine a été fêtée en grande pompe avec la venue au Havre du ministre en charge de l'énergie Mark Ferucci mais en lisant entre les lignes des articles de presse, on apprend que l'activité d'assemblage des turbines a été arrêtée en France et qu'il n'y aura plus que de la fabrication de pales. Il y a un marché pour les pales de 14 mégawatts en Europe donc on sait que l'usine tournera »
Nèanmoins . « A court terme nous nous interrogeons donc sur l'impact de l'arrêt de ce pan d'activité de l'usine sur le réseau de sous-traitance locale ; à long terme nous nous questionnons sur la volonté de fabriquer des pales de 14 mégawatts alors que tous les projets français sont attribués sur la base de turbines de 20 mégawatts désormais. Cela signifie que ces parcs n'auront ni pâles ni nacelles françaises ; peut-être seront-elles européennes mais nous n'en avons pas l'assurance »
2) Les turbiniers européens ne se voient pas sur de la forte puissance et encore moins sur des éoliennes flottantes.
« Au début du mois de mars 2025 nous étions déjà inquiets de l'avenir des usines de turbines en France depuis plusieurs mois avec l'annonce de mauvaises nouvelles sur l'usine General Electric à Montoir-de-bretagne pour laquelle il semble que l'on s'oriente vers une fermeture programmée mais ce qui nous a poussés à prendre la parole et l'actualité de l'usine Siemen Gamesa au Hâvre »… Nous nous demandons si ce positionnement de Siemens Ganesa au Havre ne traduit pas un positionnement plus général de l'entreprise sur l'éolien en mer et la forte puissance. N'est-on pas en train d'ouvrir encore plus la porte aux turbines chinoises ? »
« Le problème réside désormais dans le positionnement des turbiniers européens. La CRE (Commission de régulation de l'énergie) s'inquiète que des candidats évoquent des turbines chinoises dans des projets attribués en Méditerranée mais il semble que les turbiniers européens ne se voient pas sur de la forte puissance et encore moins sur des éoliennes flottantes. Effectivement, cela demande des adaptations : ce n'est pas la même turbine sur une fondation posée et sur une fondation flottante ; on sent déjà par exemple que GE n'est pas motivé pour faire des turbines de 20 mégawatts ; d'autres y vont mais pas sur le flottant. On s'interroge donc sur leurs raisons et sur l'avenir de la filière en Europe.
3) Et après les turbines et les nacelles chinoises, les fondations chinoises !
« On parle beaucoup des turbines à juste titre mais il faut aussi avoir en tête le combat d'après. En Bretagne ça fait plus de 10 ans qu'on investit pour accueillir des activités en lien avec l'éolien flottant, notre modèle industriel tourne autour de la fabrication des fondations flottantes ; pour une fois nous n'avons pas de train de retard par rapport à l'Europe du Nord ou l'Asie car nous avons lancé des projets tôt ; mais ne restons pas focalisés sur le problème de turbine en laissant les Chinois nous envoyer des fondations, sécurisons le développement de cette nouvelle industrie de construction des fondations là aussi nous avons besoin de la poursuite des investissements dans les ports et de règles pour sécuriser les approvisionnements européens sur les fondations. »
« Nous avons besoin de soutien à l'investissement pour les industriels par le biais de crédits d'impôt par exemple d'autre part les règles d'attribution des projets en Europe et en France doivent être changées. Les fabricants peinent à gagner de l'argent car les États font tout pour que les lauréats emporte les projets avec des tarifs extrêmement bas il faut donc continuer à travailler sur les règles d'attribution pour faire en sorte que le prix ne soit pas le seul déterminant »
4) Le point de vue de PIEBÎEM : l'UE et la plupart des développeurs de parcs sont en fait contre les mesures de protection ; pas de raisons d'accorder une rente de situation à l'industrie éolienne au détriment des autres industries et des consommateurs.
Le NZIA ne permettra pas de déroger aux réglementations de l'Organisation Mondiale du Commerce, et spécifiquement en ce qui concerne l'éolien en mer, qui a été évoqué dans les discussions bruxelloises. Comment l'Union Européenne pourrait-elle défendre en Europe des dispositions qu'elle attaque devant l'OMC lorsque d'autre pays veulent y avoir recours comme à Taiwan ou au Royaume-Uni ? Quant aux fameux critères de résilience, ils se contentent de spécifier qu'il ne faut pas dépendre pour les fournisseurs d'une seule usine, ou éventuellement d'un seul pays et ne constituent nullement une garantie de contenu local. lien Et les développeurs de parcs qui veulent rester compétitifs et gagner de l'argent ( je ne dis pas être rentables...)
Le lobby éolien en mer veut des prix plus élevés, des aides, des subventions. Au Royaume-Uni, la dernière attribution d'éolien offshore (Green Volt floating wind project, 400 MW) s'est faite à €236.3/MWh. C'est une électricité intermittente, fatale, hors de prix : ce que réclame le lobby éolien revient à accorder à la « filière » éolien en mer une rente de situation au détriment des autres industries, qui continueront à partir de France, et des consommateurs. C'est une catastrophe, pour une électricité sans intérêt climatique en France, sans intérêt électrique, dangereuse pour la sécurité d'alimentation et la stabilité du réseau électrique, et avec des conséquences catastrophiques sur la biodiversité et la dévastation des paysages