Eolien en mer : fortes résistances et déboires aux USA

06/11/2024

Après les déboires de GE-Vernova et l'incident de la pale de Nantucket dont nous avons abondamment parlé ( voir par exemple lien ), ça ne s'arrange pas pour l'éolien marin aux USA. L'Oregon a fait annuler la première enchères éolien offshore prévues au large de ses côtes et demandé un moratoire pour le programme offshore. Le New Jersey a mis en pause un projet d'énergie éolienne offshore qui a du mal à trouver un fournisseur pour fabriquer des pales pour ses turbines. Enfin, des maires du New Jersey demandent le report des contrats éoliens offshore en raison de la hausse des coûts et mettent en cause les rounds successifs d'attribution sous pression des promoteurs éoliens.

L'Oregon ne veut pas de l'éolien off shore

Dans une tournure surprenante des événements, le Bureau of Ocean Energy Management (BOEM) a annoncé le report de sa très attendue vente aux enchères d'énergie éolienne offshore au marge des côtes de l'Oregon. Cette décision est le résultat d'un intérêt insuffisant de la part des soumissionnaires potentiels ( il ne restait en lice qu'un candidat sur cinq) et d'une demande de la gouverneure de l'Oregon, Tina Kotek, jetant une ombre sur les aspirations de la région en matière d'énergie renouvelable.

La vente aux enchères, initialement prévue pour le 15 octobre, aurait été la première vente aux enchères de baux de ce type pour les eaux au large des côtes de l'Oregon. Il devait offrir deux zones de location qui auraient été prétendument optimales pour la technologie éolienne offshore flottante. Pour ajouter à la complexité de la situation, le gouverneur Kotek a envoyé une lettre au BOEM ce matin, déclarant se retirer du groupe de travail intergouvernemental sur l'énergie renouvelable du BOEM Oregon. Elle a également demandé au ministère d'arrêter toutes les enchères de baux dans la région, en attendant une redéfinition de la politique énergétique de l'Oregon.

Les pressions du BOEM en faveur de l'éolien offshore dans l'Oregon se sont également heurtés à l'opposition des intérêts de la pêche et des tribus indiennes côtières qui avaient entamé des actions judiciaires. « Les tribus, les élus, les représentant de la pêche commerciale ont demandé au BOEM de suspendre son processus pour permettre une meilleure compréhension des impacts de l'énergie éolienne. »

Pas de décisions sans étude d'impact, voilà une attitude raisonnable dont nous ferions bien de nous inspirer… En juillet, le BOEM avait déjà dû prendre une décisions similaire en annulant la deuxième vente aux enchères de baux éolien en mer dans le golfe du Mexique en raison d'un manque d'intérêt des porteurs de projets. Liens  , Lien  Lien 

Dans le New-Jersey, un parc à l'arrêt faute de pales …

Le New Jersey a appuyé sur le bouton pause d'un projet d'énergie éolienne offshore qui a du mal à trouver un fournisseur pour fabriquer des pales pour ses turbines. Le New Jersey Board of Public Utilities a accordé à Leading Light Wind un délai jusqu'au 20 décembre pour déposer son projet pendant que ses développeurs cherchent une source pour les pales.

Le projet, réalisé par Invenergy, de Chicago, et energyRE, de New York, est prévu à 65 kilomètres au large de l'île de Long Beach et comprendrait jusqu'à 100 turbines. Leading Light était l'un des deux projets choisis par le conseil des services publics de l'État en janvier. Mais seulement trois semaines après cette décision, l'un des trois principaux fabricants de turbines, GE Vernova, a déclaré qu'il ne fabriquerait pas le type de turbine qu'Invenergy prévoyait d'utiliser dans le projet Leading Light . Une turbine fabriquée par le fabricant Vestas a été jugée inadaptée au projet, et le seul fabricant restant, Siemens Gamesa Renewable Energy, a déclaré à Invenergy en juin qu'il augmentait considérablement le coût de son offre…

Où il se confirme que l'industrie connait un sacré problème de pales et que la course mal maitrisée à la puissance, pourtant indispensable à la rentabilité des projets est dans une impasse. Même constatation bientôt en France ! lien

Des maires du New Jersey demandent le report des contrats éoliens offshore en raison de la hausse des coûts et mettent en cause les rounds successifs d'attribution sous pression des promoteurs éoliens. lien 

« Mardi, les maires de Sea Girt, Manasquan, Wall Township et Howell, les villes ciblées pour l'atterrage des parcs éoliens offshore, ont envoyé une lettre au New Jersey Board of Public Utilities (NJBPU) exhortant le conseil à reporter indéfiniment toute attribution de contrats offshore liés à ces atterrages.

La lettre précise : « Nous sommes conscients que le NJBPU a demandé à la Federal Energy Regulatory Commission (FERC) de réduire le rendement des capitaux propres (ROE) approuvé pour la phase initiale du projet de Larabee en raison des inquiétudes concernant l'impact financier de ce projet sur les tarifs de transmission. La même préoccupation s'applique à toute attribution qui pourrait coûter plusieurs fois le coût actuel de 1,2 milliard de dollars déjà approuvé pour ce projet. »

La pétition est motivée par l'inquiétude de la NJBPU quant à la possibilité que le ROE actuel conduise à des tarifs de transport encore plus élevés pour les contribuables. Essentiellement, la NJBPU demande à la FERC de réduire la marge bénéficiaire des investisseurs ou des développeurs impliqués dans le projet car elle estime que les coûts pourraient encore alourdir injustement le fardeau des contribuables en augmentant les frais de transport.

L'une des principales préoccupations soulevées dans la lettre est le processus de soumissions de la NJBPU. Les promoteurs peuvent remporter des appels d'offres pour des projets, réclamer une augmentation des coûts et une augmentation du rendement des capitaux propres, et exiger que l'État rouvre les appels d'offres à des taux plus élevés. Ce cycle augmente les coûts pour les contribuables et les consommateurs. Actuellement dans son quatrième tour, le processus de sollicitation de NJBPU a fait considérablement augmenter les coûts.

En outre, la lettre exprimait de sérieuses inquiétudes quant aux risques potentiels pour la santé et la sécurité liés à l'acheminement de jusqu'à 6 400 MW de câbles à haute tension à travers des quartiers résidentiels, ainsi qu'à la perturbation des activités publiques qui en résultent «

Et bien évidemment, ce qui se passe aux USA ( les multiples cycles d'enchères sous chantage des promoteurs éoliens) ne va pas tarder à arriver en France, surtout lorsqu'on voit l'attribution de AO5 ( Bretagne sud) le premier parc éolien français à 86,45 €/MWh. Ce tarif n'est pas tenable et finira par coûter très cher aux contribuables et aux consommateurs

PIEBÎEM rappelle son opposition à un programme éolien en mer insensé de 45 GW, qui constitue une industrialisation à marche forcée de la mer côtière sans intérêt climatique dans le contexte français, dangereux pour la sécurité d'alimentation électrique, économiquement et socialement insoutenable, ravageur pour nos paysages littoraux et leur riche biodiversité. avec des promesses fallacieuses d'emploi et de fortes dépendances étrangères et mettant en péril des activités essentielles ou importantes comme la pêche côtière artisanale, le nautisme, le tourisme.