Eolien en mer : incertitudes et défections à prévoir. Bretagne sud : « On verra en 2029 si Pennavel abandonne ou pas... » (Daniel Cueff)
Politico (L'éolien en mer touché mais non coulé) révèle les inquiétudes de la filière de l'éolien en mer en France et distille des révélations intéressantes sur les projets en cours où il faut s'attendre à 1) des appels d'offre infructueux et des démissions au dernier moment. 2) Bretagne sud ; Pennavel sujet d'inquiétude ! On verra en 2029 si Pennavel abandonne ou pas...3) Oléron décidément en voie d'abandon : on s'attend à une forme de flop !; 4) Tentative de passage en force sur Centre Manche 1 ? 5)La reconnaissance des difficultés sectorielles du secteur : le SER demande l'augmentation des prix plafonds et d'alléger le système des pénalités.
Dernière minute ce jour : aucun candidat pour Oléron confirmé. Centre-Manche 2 à Total Energie et à RWE confirmé avec comme "atout" : recours à des PME pour au moins 10 % des prestations d'études, de fabrication des composants, de travaux et d'activités...relatives à l'exploitation». Et "financement participatif auprès de la population et des collectivités normandes, pour un montant d'au moins 10 millions d'euros." Ben voyons ! : lien Une attribution qui se révèle de plus en plus problématique : à peine désigné, RTE abandonne et laisse Total seul, qui devra trouver un autre partenaire ! lien lien
1) Des appels d'offre infructueux, des démissions au dernier moment : « pas sûr que tous les projets se fassent »
Le site Politico, bien informé sur la politique énergétique, publie un article sur l'éolien en mer, L'éolien en mer touché, mais pas coulé –(23 septembre 25) qui révèle l'inquiétude de la filière et distille des révélations intéressantes sur les projets en cours. Extraits.
« Le vent serait-il en train de tourner ? Longtemps en France les chiffres de l'éolien en mer étaient flatteurs et la filière était étiquetée comme la plus prometteuse parmi les énergies renouvelables… Désormais la filière affiche une tendance moins éclatante entre conditions économiques plus rudes et opérateurs qui s'interrogent. Certains grands groupes pourraient moins candidater au risque de rendre des appels d'offres infructueux ou même reculer au dernier moment celui de la décision finale d'investissement. »
« Le nombre de candidats sur les appels d'offres se réduit drastiquement avertit le dirigeant d'un énergéticien habitué à concourir dans l'Hexagone. En Allemagne cet été, un appel n'a attiré aucun candidat. Fin 2024, le Danemark pays pionnier a connu la même situation. Cela peut arriver en France… . Un lobbyiste français : il y a un alignement des planètes qui se fait dans le mauvais sens et de façon assez phénoménale en ce moment. Les acteurs de marché doivent être plus sélectifs, je ne mettrais pas ma main à couper que tous les projets se fassent ».
PIEBÎEM : sur la situation internationale récente, cf. notre fil d'actu lien
2) Bretagne sud ; Pennavel sujet d'inquiétude ! On verra en 2029 si Pennavel abandonne ou pas...
« Un autre sujet d'inquiétude flotte du côté des eaux bretonnes avec l'AO5. Cet appel d'offres a déjà été attribué en mai 2024 à Pennavel, le consortium réunissant le belge Elicio et l'allemand BayWa.r.e avec un tarif de 86,45 € le MWh. Un symbole puisque c'était le premier appel d'offres pour un parc commercial flottant. Mais beaucoup d'énergéticiens jugent la technologie encore non mature et donc les projets plus risqués. Dès l'annonce du vainqueur les autres développeurs avaient émis des doutes sur la faisabilité économique , évoquant un pari sur l'avenir. Nous souhaitons bonne chance au lauréat avait grincé la patronne d'ENGIE Catherine MacGregor dans Ouest France »
« Pour l'heure, la dynamique est là, garantit Daniel Cueff, vice-président de la région Bretagne. On verra en 2029 si Pennavel abandonne ou pas. Du côté d'Elicio, on assure que les technologies existent, elles sont parfaitement maîtrisées on n'invente rien… Même s'il est vrai que les conditions de marché se sont dégradées depuis l'attribution notre tarif de rachat d'électricité est indexé ce qui couvre ce risque de marché »
PIEBIEM : C'est la première fois, et par un édile de la région Bretagne que le risque d'échec de Pennavel est évoqué ! Quant aux déclarations de Pennavel sur les technologies maitrisées, en fait rien n'est au point : les éoliennes flottantes de plus de 20 MW et de plus de 300 mètres de haut n'existent, pas, on en sait toujours pas si leur socle sera en fer ou en béton, ni ce que sera leur ancrage ( ancre fixées par des pieux ou ancres enfouies)
N'oublions pas également la prise de position fracassante d'Iberdrola : « « Pour le premier appel d'offres commercial AO 5 attribué à Pennavel pour Bretagne sud puis pour AO6 Méditerranée décembre 2024 à Eflo et Méditerranée Grand Large, il est permis d'avoir des doutes sur leur viabilité » lien . Et sur les circonstances étranges de l' attribution de Penn lien ; lien lien,
3) Oléron décidément en voie d'abandon : on s'attend à une forme de flop !
« Au large d'Oléron un appel d'offres concentre les regards… il s'agit d'un parc éolien posé situé à une quarantaine de kilomètres de l'île d'Oléron devant être mise en service à l'horizon 2032 2034. Evidemment qu'on s'attend à une forme de flop sur cet appel d'offres… un lobbyiste pointe une zone reculée de 20 km par rapport au projet initial avec un vent pas incroyable, un sol pas simple, une profondeur record, et un passage d'oiseaux migrateurs qu'il faudra prendre en compte… »
« Cet été, la Tribune a annoncé qu'au moins huit des neuf candidats avaient jeté l'éponge. Ocean Winds est cité comme le seul encore en course mais le consortium composé d'Engie et du Portugais EDP n'a jamais ni confirmé ni infirmé qu'il irait jusqu'au bout . Reste donc à savoir si cet appel d'offres sera déclaré infructueux. Actuellement le dossier est bloqué par la situation politique précise t-on dans l'entourage du ministre démissionnaire de l'industrie Marc Ferracci. »
PIEBÎEM : Oléron devait être le modèle de concertation, l'éolien en mer développé en harmonie ; c'est en fait la preuve que les côtes françaises rocheuses et pentues ne sont pas du tout favorables au développement de l'éolien en mer. L'éloignement préconisé conduit à de grandes difficultés sur l'appel d'offre qui pourrait s'avérer improductif lien
4) Tentative de passage en force sur Centre Manche 1 ?
« Le gouvernement devrait aussi attribuer l'A08 au nord-est du Cotentin à Total Energie et à RWE si l'on en croit les Echos : ni Bercy ni les concernés ne confirment à ce stade. Ça serait une aubaine pour le groupe allemand qui s'interroge sur la fermeture de ses bureaux consacrés à l'éolien offshore en France… Il va y avoir un apurement du secteur après un boom des investisseurs, il y a quelques années conclut un lobbyiste de la filière »
PIEBÎEM : RWE avait annoncé en août l'arrêt de ses activités éolien en mer en France. lien. https://piebiem.webnode.fr/l/un-ete-chaud-pour-l-eolien-en-mer-australie-japon-allemagne-france/. Sur l'annonce surprise de l'attribution de Centre Manche 2 juste avant la démission du Premier Ministre Bayrou, que la CRE se refuse également à confirmer, plane la suspicion d'un passage en force étrange du ministre Ferracci et du lobby éolien lien
5) La reconnaissance des difficultés sectorielles du secteur : le SER demande l'augmentation des prix plafonds et d'alléger le système des pénalités de retard
« Au-delà de l'AO5 et de l'AO7, plusieurs raisons rendent les participations aux appels d'offres plus délicates selon les énergéticiens. D'abord les coûts de matières premières – l'acier au premier rang -qui ont fortement augmenté depuis le début de la guerre en Ukraine avec un pic en 2023. Cette hausse est également liée à l'embouteillage post COVID complète Matthias VandenBulke de France Renouvelable. Ce dernier met aussi en avant la flambée des taux d'intérêt : en 2021 les banques prêtaient à entre 0 8 et un pour 100 aujourd'hui on est autour de 3,5% retrace t-il. Quant à Victoria Kereslka, directrice du plaidoyer de Wind Europe, le lobby européen de la filière, elle relève la stagnation du taux d'électrification en Europe qui rend les débouchés moins évidents.
« Face à cette situation, le syndicat des énergies renouvelables( SER) n'en finit plus de réclamer la PPE 3 et d'écrire à Marc Ferracci pour qu'il accélère les dossiers qui ne dépendent pas directement de celle-ci. Pierre Pesson à la tête de la commission offshore du SER formule aussi quelques demandes : revoir les prix plafonds des futurs appels d'offres et aussi le système de pénalité en cas de retard ou de non mise en service : ces pénalités augmentent énormément le profil de risque pour le développeur. "
PIEBÎEM : visiblement, un certain manque de confiance du lobby éolein en mer dans ses propres capacités !