Eolien en mer : la grande escroquerie du contenu local
Le lobby de l'éolien prétend se battre pour imposer un contenu local dans les appels d'offre, et c'est même un élément qu'il met souvent en avant dans sa communication auprès des élus locaux et des habitants impactés. Sauf que c'est une complète tromperie : il n'existe aucun moyen de favoriser un contenu local au niveau des appels d'offres et donc du choix des opérateurs. Compter sur le Net Zero Initiative Act Européen (NZIA) comme le fait la DGEC pour implémenter des critères d'emploi local « masqués » parait assez illusoire – et d'ailleurs le lobby éolien n'y croit absolument pas, avance que le risque est plutôt de freiner l'éolien en mer, voire est décidé à se battre contre- tant il préfère compter sur la technologie chinoise.
Le contenu local, c'est pas si simple- et contraire aux pratiques de l'Union Européenne et aux règlements de l'OMC.
Tout d'abord, au sein de l'Union Européenne, le contenu local ne peut être qu'Européen, il est impossible de favoriser un Etat par rapport à un autre, et, a fortiori, une région, un département, une ville par rapport à une autre dans l'Union Européenne.
Et il est même tout aussi impossible de privilégier à travers les appels d'offre un « contenu local » Européen par rapport à un contenu non-européen. Ce sont les règlements de l'Organisation Mondiale du Commerce qui l'interdisent et de plus l'Europe est très vigilante pour les faire appliquer, précisément dans le domaine de l'éolien offshore
Ainsi, l'Union Européenne ne peut établir en Europe des dispositions qu'elle attaque devant l'OMC lorsque d'autre pays y ont recours comme à Taiwan ou au Royaume-Uni ;
Quand l'Europe se tire une balle dans le pied : recours contre Taiwan et le Royaume- Uni
Ainsi, l'Union Européenne attaque (28 juillet 2024) Taiwan devant l'Organisation mondiale du Commerce pour infraction aux règlements de l'OMC sur le commerce (GATT) et les échanges de service. L'UE reproche à Taïwan d'inclure dans ses appels d'offre éolien offshore des prescriptions obligeant les développeurs à s'engager, dans leurs offres d'enchères, à respecter un « degré minimal de localisation » (c'est-à-dire de teneur en éléments locaux) pour être admis à participer à l'enchère.
Déjà en 2022, l'Union Européenne avait déposé un recours similaire contre le Royaume-Uni, le litige est toujours en cours. Le lundi 28 mars 2022, l'Union Européenne a déposé une plainte à l'OMC contre le Royaume-Uni à propos de sa politique de contenu local discriminatoire en faveur de l'éolien off shore. Ce fut d'ailleurs le premier différent entre l'Union Européenne et le Royaume-Uni. Le gouvernement britannique applique lors des appels d'offre un critère de contenu local pour déterminer l'égibilité des opérateurs et accorder les soutiens financiers. A l'époque, Renewable UK estimait que seulement 29% des dépenses d'investissements dans les programmes éoliens offshore profitait à l'économie britannique ; le gouvernement visait à le porter entre 40 et 50% pour l'investissement initial et 60% pour le fonctionnement. L'Union Européenne plaide que ces critères de contenu local entrainent des pertes d'efficacité, augmentent les prix pour les consommateurs et in fine, rendent le développement des renouvelables plus difficiles et plus coûteux. Lien1 Lien 2
Un critère de résilience bien incertain -: le NZIA ( Net Zero Initiative Act ne peut servir à favoriser les contenus locaux
Une nouveauté toutefois que tentent de mettre en place les pouvoirs publics français dans la cadre du NZIA européen, ce sont des critères de « résilience », c'est-à-dire s'assurer que sur certains postes ( mats, pales, nacelles, aimants permanents, flotteur) le projet ne dépend pas d'une unique usine hors Union Européenne à plus d'un certain pourcentage ( 75% ?). Cela vise évidemment la Chine qui domine largement en matière d'éolien, et surtout d'éolien offshore, le marché des matières premières comme celui des composants. C'est vrai pour les aimants, pour les moteurs, les nacelles, les turbines, surtout celles de grandes tailles plus adaptées à l'éolien en mer.
Ce critère de résilience n'assurera jamais aucun emploi local, il suffira aux fabricants chinois par exemple de dupliquer leurs usines dans un autre pays. Présenté comme un critère d'éligibilité au niveau des appels d'offres, il ne peut être en fait qu'une vague promesse – comment les promoteurs des parcs éoliens pourraient-ils s'engager une dizaine d'années en avance sur des technologies et un marché des fournisseurs dans un domaine aussi mouvant. ? Quant à des critères « écologiques » sur les émissions pénalisant les déplacements sans toutefois intégrer une analyse complète du cycle de vie, il n'est pas du tout sûr que cela soit accepté par les instances internationales, et l'efficacité demeure douteuse.
Le point de vue des producteurs éoliens : un accueil polaire !
Pour tenter de montrer que l'Etat ne reste pas inactif, la DGEC essaie de pousser les feux et de faire en sorte que ces critères hors prix s'appliquent à l'appel d'offre AO9. Le moins qu'on puisse dire est que la réaction des promoteurs éoliens a été glaciale : « Nous avons échangé avec les services de l'Etat sur l'ajout des critères NZIA aux futurs appels d'offre en mer. L'Etat souhaite commencer dès l'AO9, qui est complexe et multisite. Il faut faire attention à ne pas ajouter trop de nouveautés d'un coup ». ( Aymeric Ducroc, SER)
Le lobby éolien va jusqu'à affirmer que ces critères NZIA risquent plutôt de freiner le développement de l'éolien en mer : « Si les autres pays européens n'ont pas le même niveau d'exigence que nous, cela risque de freiner le développement de la filière » (Aymeric Ducroc). Selon M. Ducrocq, « la France est très ambitieuse sur le sujet et veut avancer vite. Mais elle risque d'imposer aux développeurs des obligations qu'ils seront dans l'incapacité de tenir, faute de pouvoir trouver des équipementiers répondant aux critères choisis. Le cahier des charges s'adresse aux développeurs avec des obligations et des sanctions […]. Mais beaucoup de choses relèvent des choix d'équipementiers…on va peut-être se heurter à des difficultés concrètes sur la chaîne d'approvisionnement ». l:es critères NZIA pourraient freiner l'éolien en mer lien
Les critères de contenus locaux n'existent pas, n'existeront pas et bâtir à grands coups et coûts de subvention une filière française de l'éolien en mer n'a aucun sens
PIEBîEM considère que les critères de contenus locaux n'existent pas et ne constituent qu'une propagande mensongère des promoteurs éoliens dont les élus locaux sont les dupes plus ou moins consentantes.
A supposer qu'ils soient efficaces, ils renchériraient considérablement le coût de l'éolien en mer, déjà exorbitant et insoutenable économiquement, socialement et environnementalement, pour des gains illusoires et non pérennes d'emplois. Ils aboutiraient à créer à force de subventions des entreprises non durables dont aucune production (éolienne ou partie d'éolienne) ne pourra être exportée ..en-dehors de leurs marchés protégés, en raison de leur manque de compétitivité. Ils accorderaient un privilège exorbitant et une rente de situation injustifiée à un secteur de peu d'intérêt pour la France, au détriment des particuliers et des industriels clients, qui verront le prix de l'énergie augmenter – le bilan en terme d'emplois serait d'ailleurs à mitiger par les pertes d'emplois induits dans les secteurs électrointensifs.
Bâtir à grands coups et coûts de subvention une filière française de l'éolien en mer n'a aucun sens. Pour préserver l'emploi local, il vaut mieux compter sur des filières dont la chaine de valeur se situe en France, comme le nucléaire.
Lien cf Contexte





