Eolien en mer : le mensonge des emplois et les pratiques « sociales » des margoulins de l’éolien

10/10/2024

1) Eolien en mer : hémorragie industrielle dans le bassin nantais… et bientôt ailleurs ; menaces de fermeture totale à terme de Montoir et Saint-Herblain et sur Cherbourg ; 2) Les pratiques de GE et ses sous-traitants au Québec : des millions de subventions pour des emplois peu qualifiés et occupés par les étrangers - comment s'étonner que les usines française soient menacées ?  ; 3) En France même, le ministère chargé de la Mer est, depuis novembre 2003, alerté sur le dumping social pratiqué par certains armateurs sur le marché de la maintenance des éoliennes ; 4) Leçons écossaises : les emplois verts ne se sont pas manifestés et des pratiques peu sociales- pas de protection sociale au-delà des trois milles ! 5) Et à la fin, c'est la Chine qui gagne.

1) Eolien en mer : l' hémorragie industrielle chez GE-Vernova … Montoir, Saint-Herblain et bientôt Cherbourg ?

Dans un billet récent nous, avons fait part des difficultés des GE Vernova à Montoir de Bretagne et à Nantes et des plans sociaux sévères annoncés ( 58 % de l'effectif à Nantes, 33 % à Montoir.) lien . La Tribune (3/10/2024) publie un article assez lucide et inquiétant sur les difficultés de GE Vernova en France. Lien.

Extraits : « Le 22 septembre 2022, « alors que la France et l'Europe se préparaient à l'hypothèse de passer un premier hiver sans gaz russe, le Chef de L'Etat ( M. Macron) n'avait pas m36anqué de souligner les enjeux de souveraineté énergétique et vantait la dimension locale de ce premier parc. C'est 3500 emplois créés pendant la construction à Saint-Nazaire, dont 1200 emplois locaux sur terre et sur mer, faisait-il valoir.

A peine deux ans plus tard, c'est la colère, l'incompréhesion et et la sidération qui domienent chez les salariés GE, en pleine réorganisation, motive sa décision par les difficuilté rencontréres sur le marché de l'éolien en mer : inflation, hausse des taux d'intérêts, prix bas de l'électricité et absence de nouvelles commandes à partir de 2027. « On ne peut pas nier les difficultés du marché reconnait Cyrille Gohier ( délégue CFE-CGC). Mais on sent clairement que GE n'a pas la volonté de rester en France. Le groupe opère un recentrage des ses sites de productions vers les Etats-Unis où il se trouve dans une position dominante, ce qui n'est pas le cas en Europe où il doit faire face à la concurrence de Siemens et de Vestas » (NB et aussi au côut de l'énergie plombé par l'essor des Energies Fatales Intermittentes)…

Dans ce contexte, le réprésentant syndical s'attend déjà à une nouvelle vague de licenciement en 2027 et craint la fermeture pure et simple du site de Saint-Herblain et de l'usine de Montoir. Et nous redoutons un effet domino sur l'usine de Cherbourg. Elle fabrique des pales pour nos machines (NB l'Haliade X avec ses problèmes de ruptures de pales à Vineyard et sur Dogger Bank)…Cela représente 700 emplois. »

NB : Les destructions d'emplois déjà annoncées dans le bassin Nantais représentent au minimum un millier d'emplois directs. En ajoutant les sous-traitants et les commerces qui dépendent de ces structures, on peut facilement multiplier le nombre par trois ( Ségolène Amiot, députée LFI)

2) Usine de pale au Québec : des millions de subventions pour des emplois occupés par les étrangers

Pour poursuivre sans filtre sur les pratiques sociales de GE et de ses sous-traitants, c'est au Québec qu'il faut aller et à l'usine de pales de LM Wind Power ( qui fabrique notamment les pales pour l'Haliade X de GE et est en cause pour la rupture de pale sur Vineyard. Extraits d'un article du Devoir ( 22/09/2024) lien 

Promesses et subventions : « L'expansion rapide de l'usine de LM Wind Power, spécialisée dans la fabrication de pales géantes d'éoliennes, a grandement bénéficié de fonds publics dans les dernières années. L'entreprise de propriété américaine a obtenu 5,7 M$ en 2017 de Québec pour agrandir et moderniser son usine, un investissement censé créer 265 emplois en Gaspésie selon les libéraux de l'époque…Un prêt de 29 M$ du provincial et une promesse de contribution de 25 M$ du fédéral pour une deuxième phase d'agrandissement ont été annoncés en juillet 2021. «On crée des bons emplois pour la classe moyenne, ici, chez nous», avait affirmé le premier ministre Justin Trudeau, en évoquant la création de 200 nouveaux emplois et le maintien de 380 autres pour les Canadiens. (La subvention fédérale n'a pas encore été versée à ce jour.)

Réalité : « Depuis, force est de constater que LM Wind Power a eu recours en masse aux travailleurs étrangers temporaires pour répondre à ses nouveaux besoins en main-d'œuvre. Début 2022, quelques mois après les annonces d'aides, l'entreprise obtenait l'autorisation d'embaucher 217 «assembleurs, finisseurs et contrôleurs de produits plastiques», selon les données ouvertes d'Emploi et Développement social Canada. Au total, l'usine d'éolienne a obtenu le droit de combler 431 postes à l'international depuis 2020, dont 87 à bas salaire depuis le début de l'année. Selon Le Devoir, environ 300 Philippins travaillaient aux côtés de 300 Québécois en février dernier. »

3) Le Far West Social de la maintenance des parcs éoliens : « Le droit du travail en mer se fait porter pale »

En France même, les margoulins de l'éolien en mer savent très bien profiter des trous dans la législation, ou tout simplement du manque de contrôle. Article du Canard Enchaîné ( 3 novembre 2024) lien .

Extraits : « Le ministère chargé de la Mer est, depuis novembre 2003, alerté sur le dumping social pratiqué par certains armateurs sur le marché de la maintenance des éoliennes. La société néerlandaise Van Laar Maritime, par exemple, est connue pour ses « pratiques limites ». Les petites entreprises hexagonales boivent la tasse : un matelot français coûte le double d'un marin indonésien….

Sa flotte de cinq navires qui bat pavillon des Bahamas et du Vanuatu est composée d'équipages non communautaires. Elle navigue dans les eaux territoriales françaises chargée de la maintenance des parcs éoliens au large de Noirmoutier, Ouistreham et Saint-Brieuc pour le compte d'EDF, d'Engie, D'Iberdrola et de sa filiale Ailes Marines, ainsi que de RTE… Les marins indonésiens de Van Laar sont payés 145 euros par jour et ne cotisent ni pour le chômage, ni pour la retraite et bénéficient d'une assurance privée qui ne les couvre qu'en cas de maladie à bord »

4) Leçon écossaises : les emplois verts ne se sont pas manifestés et des pratiques peu sociales _ la règle des trois milles !

Il y a dix ans, le gouvernement écossais proclamait qu'il visait à devenir " l'Arabie Saoudite des Energies renouvelables" et le leader de l'Europe et promettait la création de 28 000 emplois rien que dans l'éolien offshore.

En réalité, dix ans après, l'éolien off-shore n'a fourni qu'un dixième des emplois alors promis par le dirigeants et ministres écossais soit selon les dernières estimations officielles (2021), 3100 emplois à temps plein dans l'éolien offshore.

Le syndicat GMB Scotland a écrit au secrétaire à l'énergie, Neil Gray, pour demander un sommet urgent afin de s'assurer que le pays ne continue pas « à se tromper dans la révolution des emplois verts. ». Le GMB réclame que davantage de turbines et autres infrastructures pour les parcs éoliens au large des côtes écossaises soient effectivement construites en Ecosse pour y créer plus d'emplois.

Gary Cook, le responsable du syndicat GMB pour l'ingénierie et la fabrication, a déclaré que « l'incapacité à créer et à protéger des emplois d'ingénieurs pendant la transition vers les énergies renouvelables est « abjecte et est devenue une honte nationale ».

Et quant aux pratiques sociales, le pompon revient à la règle des 3 milles nautiques : « Richard Hardy, secrétaire pour l'Ecosse du syndicat Prospect, cite le cas du projet éolien Beatrice, au nord d'Inverness, piloté par le norvégien SSE, « qui a salarié des Philippins, des Indiens et des travailleurs d'Europe de l'Est en les payant de 2 à 3 livres de l'heure, bien au-dessous du salaire minimum au Royaume-Uni, qui ne s'applique pas au-delà des 3 miles nautiques. Comment lutter contre ces pratiques d'esclavage moderne ? »,lien 

5) L'impasse chinoise ?

L'Ecosse et l'Italie ont décidé d'accueillir sur leur territoire des usines chinoises de Mingyang– les éoliennes en mer les plus grandes, les plus avancées technologiquement et de loin les pus compétitives. C'est la conséquence logique des progrès chinois, de notre forte dépendance en tous domaines ( métaux, aimants, nacelles...) et aussi de leur agressivité commerciale et géostratégique. Donc il y aura des usines chinoise bien subventionnées, une chaine de valeur qui profitera à la Chine et des emplois…qui dureront combien de temps ? Le temps que les subventions disparaissent ?

L' éolien en mer, confronté à la vérité sur ses coûts totaux, à la fatalité de sa production (surproductions et « prix négatifs), ses problèmes techniques ( ruptures de pales) les dégâts environnementaux de plus en plus difficiles à dissimuler ne peut même pas assurer la moindre rentabilité. Le lobby éolien ment , les élus dupes ou complices déroulent tapis rouge et subventions et ce sont les salariés et les contribuables qui trinquent.

Lien Le Marin  ;