Eolien en mer : le Syndicat des Energies Renouvelables pousse, pousse, pousse ; pas sûr qu’il soit entendu !
Le 17 septembre, le Syndicat des Enrergies Renouvelables tenait son XXVème colloque annuel et a tenté de mettre la pression sur le développement de l'éolien en mer en France. Ce lobby semble heureusement perdre de son influence politique, comme le montrent les conclusions du débat CNDP La Mer en Débat et celles de la Commission d'enquête parlementaire . Il se heurte enfin à la réalité des coûts et d'abandon massif des projets éoliens, en Espagne, au Portugal, en Suède aux ambitions chinoise et aux mensonges sur l'emploi local. Dupes ou complices, les politiques qui ont fait croire à l'emploi local des Energies Fatales Intermittentes devront rendre des comptes, comme le montre la situation inquiétante des usines de General Electric en Loire- Atlantique.
Le SER veut avancer à toute vapeur sur l'éolien en mer
Le 17 septembre, le Syndicat des Energies Renouvelables tenait son XXVème colloque annuel. Comme star politique, il attendait Michel Barnier, il a dû se contenter d'Yves Jadot qui a débité les fadaises habituelles contre le nucléaire et pour les ENR, et même allons-y, sur la possibilité de se passer du nucléaire et le 100% ENR. On a connu mieux comme influence politique.
Le SER a fait savoir qu'il attendait des engagements clairs pour l'éolien en mer : La priorité du gouvernement était de publier une nouvelle feuille de route énergétique, a déclaré Jules Nyssen, « Cette feuille de route énergétique doit être mise en œuvre. D'abord parce que c'est la loi, ensuite parce qu'il est logique d'avoir une vision à long terme et enfin parce que tout le monde demande de la visibilité.
« Nous avons besoin de décisions très concrètes dans les prochains jours », a-t-il ajouté. Le SER avait demandé au gouvernement de publier les nouvelles zones de développement de l'éolien offshore d'ici le 26 septembre. Le lobby a également exhorté la nouvelle administration à lancer la sérPie tant attendue de 10 GW d'appels d'offres éoliens offshore d'ici la fin de l'année. En mai, le ministre sortant de l'Economie, Bruno Le Maire, a déclaré que l'appel d'offres était « en cours de décision ». La France a lancé en juillet le neuvième appel d'offres pour les parcs éoliens offshore du pays (2,3-2,9 GW), dont les gagnants devraient être annoncés à l'automne 2025 » lien lien
Alors, on ne souhaite pas bonne chance au SER, et on lui rappelle les conclusions de la Commission Nationale du Débat Public sur La Mer en Débat 1) les programmes éoliens en mer ont été l'un des sujets les plus discutés du débat, et l'un des plus conflictuels, avec de nombreux conflits d'usage, notamment pour la pêche ; 2) Il y a un consensus général pour rejeter les zones industrielles éoliennes trop proches des côtes ; 3) Pour les zones plus éloignées des côtes, il n'y a pas de consensus pour définir des zones préférentielles pour la construction de parcs éoliens.
Et celles de la Commission Sénatoriale d'Enquête sur le prix de l'Electricité qui considère que l'éolien en mer constitue un pari risqué, compte tenu des coûts réels de ces technologies, de leurs difficultés d'acceptabilité et de la faible maturité technique de l'éolien flottant, a appelé à revoir sérieusement à la baisse les ambitions en ce domaine
Et redonnons quelques éléments de contexte récents :
Espagne, Portugal : Equinor abandonne ses projets d'éoliennes offshore en raison de l'augmentation des coûts
La société énergétique norvégienne Equinor a annulé ses projets d'éoliennes offshore en Espagne et au Portugal, en plus de son retrait du Vietnam annoncé précédemment, et pourrait se retirer d'autres pays pour limiter ses dépenses, a déclaré un cadre à l'agence Reuters mercredi.
Equinor, société contrôlée par l'État, doit donner la priorité au capital plus que par le passé, étant donné l'augmentation des coûts dans le secteur de l'éolien en mer, due à l'inflation, aux taux d'intérêt élevés et aux retards dans la chaîne d'approvisionnement. »
PIEBîEM : l'Espagne et le Portugal ont le même problème que la France : des côtes rocheuses et pentues peu favorables à l'éolien en mer, sauf à pouvoir partir plus au large avec de l'éolien flottant, hors de prix et technologiquement non mature. Lien
Suède : quand la vérité des coûts s'impose, l'éolien offshore s'arrête
« En Suède, il n'existe aucun mécanisme de CFD ni aucun autre soutien financier pour le développement de l'éolien offshore [en mer], constate Florence Simonet, directrice générale de Vattenfall Eolien en France. Il n'y a pas non plus de soutien de l'Etat pour le développement du raccordement au réseau électrique. » Conséquence, début septembre, l'entreprise suédoise annonçait la mise en suspens d'un de ses projets, dans la Baltique. » lien
Eoliennes : Et à la fin, c'est la Chine qui gagne et l'éolien en mer à la peine !
«Les fabricants chinois continuent de battre des records en matière de prises de commandes, tant pour l'activité nationale qu'à l'étranger", relève Luke Lewandowski, vice-président de la recherche mondiale sur les énergies renouvelables chez Wood Mackenzie… À l'inverse, les fabricants occidentaux peinent à suivre le rythme … Ils sont confrontés aux avantages compétitifs de la Chine en termes de prix et de disponibilité mais aussi à la demande faible sur les marchés occidentaux, ainsi que l'incertitude politique, l'inflation et d'autres pressions sur les coûts, (qui) ont également fait baisser l'activité aux États-Unis et en Europe"
Les fabricants occidentaux n'ont contribué qu'à hauteur de 13% des prises de commandes mondiales au premier semestre. Hors Chine, les commandes ont reculé de 16% (-2,3 GW) sur la période. Elles ont même chuté de 42% en glissement annuel dans la région Amérique et en Europe, avec moins de 10 GW combinés commandés.
Par ailleurs, si l'activité onshore (éoliennes terrestres) a progressé au premier semestre, le secteur offshore (en mer) a connu des difficultés, avec une baisse des prises de commandes de 38% en glissement annuel (-4,1 GW) en raison des "conditions économiques des projets (qui ont) freiné le marché".
"Le marché offshore compte près de 30 GW de commandes conditionnelles dans le monde, dont 21 GW pour des projets en Europe et aux États-Unis, mais les conditions économiques difficiles continuent de retarder leur conversion en commandes fermes", Lien
Alerte pour l'usine General Electric près de Saint-Nazaire : dupes ou complices, les politiques qui ont fait croire à l'emploi local des Energies Fatales Intermittentes devront rendre des comptes !
« Cette fois, Matthias Tavel (LFI-NFP) écrit au nouveau Premier ministre au sujet de « la situation inquiétante de l'usine General Electric » de Montoir. Le site construit des éoliennes géantes de 12 MW, notamment pour les parcs éoliens en mer. « La direction a procédé à la suppression de près de 500 emplois (intérimaires et sous-traitants compris), soit la moitié des effectifs, d'autres suppressions d'emplois pourraient intervenir », craint le député insoumis… L'activité de l'éolien en mer chez GE accuse de lourdes pertes. Après 2026, le carnet de commandes ne se remplit pas. Matthias Tavel parle d'urgence : « Le Premier ministre doit s'engager à garantir l'avenir du site GE de Montoir et des emplois par tous les moyens à disposition de l'État, y compris le cas échéant la nationalisation. »
Comment pourrait-il en être autrement ? General Electric, comme nous l'avions rappelé au moment de l'attribution d'AO5 a dû renoncer à des turbines de grande puissance sur trois parcs américains offshore, ce qui lui a fait perdre le marché lien . General Electric est impliqué dans trois incidents spectaculaires avec son Haliade X, deux à Dogger Bank, un Nantucket, et qui remettent en cause à la fois les dangers environnementaux et les conflits d'usage de l'éolien en mer, et son équation économique Lien
Bref, General Electric est l'exemple même de ce que dénoncent depuis longtemps les assureurs : une course à la puissance non maitrisée et immaîtrisable Et comme le rappelait notre fil d'actu précédent : les critères de contenus locaux dans les appels d'offre offshore n'existent pas et n'existeront pas : l'OMC n'en veut pas, l'Europe n'en veut pas, les promoteurs éoliens n 'en veulent pas lien
Dupes ou complices, les politiques qui ont fait croire à l'emploi local des Energies Fatales Intermittentes devront rendre des comptes! Car ce sont d'abord les salariés ( et les contribuables) qui trinquent. lien ; lien