Eolien en mer : les rois du pétrole, et pas seulement eux, réduisent la voilure !
2024 devait voir, selon la propagande du lobby ENR, le retour en grâce de l'éolien en mer après les difficultés « conjoncturelles « de l'année catastrophique 2023. Raté ! 2024 est bien plutôt dans la prolongation de l'année catastrophique 2023 : BP, Shell, Equinor réduisent la voilure dans l'éolien ! BP souhaite se concentrer sur « des projets où les dépenses peuvent être soigneusement contrôlées » ; Shell s'éloigne d'une activité gourmande en capitaux et chronophage. PIEBîEM rappelle également les difficultés d'Orsted, de Siemens- Gamesa, qui l'a conduit à une quasi-faillite et de GE-Vernova, dramatique pour les salariés français de Nantes et Montoir de Bretagne
Eolien, les rois du pétrole réduisent la voilure ( billet de P. Escande, Le Monde 11 dec 24) lien BP, Shell, Equinor réduisent la voilure dans l'éolien !
« Est-ce une nouvelle manifestation de l'esprit de Trump qui semble flotter au-dessus de l'Europe ? »
« Lundi 9 décembre, la major britannique BP a annoncé qu'elle allait verser ses activités éoliennes dans une société commune avec la société japonaise Jera, premier producteur d'électricité thermique du Japon.... Grâce à cette opération BP pourra diviser par deux son investissement. Un retrait en bon ordre, pour la compagnie qui avait promis d'être un géant du domaine grâce à l'engagement de son pays dans l'éolien en mer du Nord, supposé devenir, d'ici à dix ans, la première source de production électrique du pays. »
« Le néerlandais Shell proclamait, lui aussi, en 2019, qu'il allait devenir le numéro un mondial de l'électricité d'ici à vingt ans. Il n'en est plus question aujourd'hui. Le mercredi 4 décembre, il a annoncé qu'il ne lancerait plus de grands projets dans ce domaine. Après avoir investi plus de 11 milliards d'euros dans les énergies renouvelables, il replie désormais la voile. »
« Idem pour le norvégien Equinor, qui préfère désormais prendre une participation dans le spécialiste danois Orsted. Symbole de la pétole dans laquelle est englué l'éolien offshore, le dernier appel d'offres du Danemark pour un champ géant, clôturé le jeudi 5 décembre, n'a recueilli aucune proposition. » (NB cf notre fil : lien
« La première raison de cette désaffection spectaculaire tient à la conjoncture actuelle, qui voit des prix de construction s'envoler avec le coût des matières premières, quand le prix de l'électricité, lui, plonge et ne rentabilise plus les investissements très lourds. D'autant que les délais de construction et d'instruction des dossiers complexifient les opérations. »
« La seconde raison est plus profonde. Les compagnies pétrolières actent que le métier d'électricien est bien différent du leur et ses perspectives de rentabilité aussi. Résultat, les actionnaires, qui cherchent dividendes et rachats d'actions, ne votent pas pour cette transition. »
Nos remarques : 1) Et non contrairement à ce qu'essaie de faire croire le lobby éolien, les difficultés de l'éolien en mer ne sont pas dûs à la cruauté de Trump, ce n'est ni son invention, ni sa faute mais tout simplement le résultat de la fin de vingt ans de mensonges sur la réalité des prix et des coûts, la dépendance étrangère en métaux et matériaux critiques, les goulets d'étranglement, les facteurs de charges, la durabilité des installations en mer, une course au gigantisme mal maitrisée, les difficultés technologiques, notamment dans l'éolien flottant, et au fond la fatalité et l'intermittence de la production éolienne, aujourd'hui surabondante en Europe lorsque les vents soufflent, et dramatiquement manquantes en cas de pétole. Le résultat : l'éolien en mer est la méthode la plus chère de génération d'électricité,
2) Ce recul général des pétroliers dans un domaine ( l'éolien offshore) qu'ils présentaient naguère comme une diversification très intéressantes est un très bon signe…pour nous. Car enfin, ce sont eux qui, en priorité, possèdent les techniques permettant de développer l'éolien offshore flottant, le seul qui permet de s'éloigner des côtes françaises.
BP : se concentrer sur des projets où les dépenses peuvent être soigneusement contrôlées
« Le géant britannique des hydrocarbures BP a annoncé lundi dans un communiqué réduire "de manière significative" ses investissements dans les énergies renouvelables "pour le reste de la décennie". Une demi-surprise étant donné que le groupe, sous la pression de certains actionnaires désireux de doper ses bénéfices, était incité à se recentrer sur les hydrocarbures… Le patron actuel, Murray Auchinloss, "cherche des moyens pour augmenter le rendement des actionnaires" avec des projets où les dépenses "peuvent être soigneusement contrôlées" et les retours sur investissement sont élevés, ce qui n'est pas le cas de l'éolien offshore, selon l'analyste. Lien
Shell : une activité gourmande en capitaux et chronophage
Shell tire un trait sur le développement de nouveaux projets d'éoliennes en mer. La compagnie pétrolière et gazière néerlandaise indique « se concentrer sur la maximisation de la valeur de ses plateformes de production d'énergie renouvelable existantes ». Dans le détail, Shell ne développera plus de nouveaux parcs offshore, une activité gourmande en capitaux et chronophage. Lien
GE Vernova : gel de la recherche de nouveaux contrats, licenciements massif en France
Rappelons, il y a quelques mois la décision de GE Vernova d'arrêter toute prospection commerciale pour l'éolien en mer, qui condamne à terme rapide leur activité. "Les marges plus élevées de l'éolien terrestre sont plus que compensées par des pertes supplémentaires d'éolien offshore » Nous en avons abondamment parlé sur notre site des difficultés de GE Vernova avec l'Haliade X, sur ses parcs américains, en particulier celui de Vineyard et sur Dogger Bank : Vineyard m'a tué, GE Vernova gèle son activité éolien en mer et ne recherchera plus de nouveaux contrats d'ici deux ans lien- ce qui, malgré les discours contraires, met en péril toute son activité. Les margoulins de l'éolien en mer n'ont cessé de mentir, les politiques les croient par intérêt ou par naïveté, les salariés trinquent. Rappel sur la descente aux enfers de GE-Vernova et de l'Haliade X, la course bon maitrisée au gigantisme éolien et l'absence d'évaluation complète et sincère de l'éolien en mer. . cf. notre CP lien
2024 est bien dans la suite de 2023 l'année catastrophique
2024 devait voir, selon la propagande du lobby ENR, le retour en grâce de l'éolien en mer après les difficultés « conjoncturelles « de l'année catastrophique 2023.- c'était évidemment un mensonge de plus ! 2024 est bien plutôt dans la prolongation de 2023 !
Pour rappel, « En cet été/automne 2023, l'éolien en mer s'est trouvé confronté à la réalité et au mur de mensonge et de propagande que nous n'avons cessé de dénoncer. Il y a la catastrophe industrielle de Siemens et de ses éoliennes dysfonctionnelles, avec des pertes annuelles estimées à 4,5 milliards d'euros et un plan de sauvetage de Siemens-Energy par l'Etat allemand de 15 milliards d'euros. Nous constatons aussi les effondrements financiers et difficultés industrielles des fabricants (Vestas : - 50%, Nordex : - 57%, Siemens Energy : - 80%, Ørsted : - 82% depuis 2021), les suppressions d'emploi chez General Electric, y compris en France).
Il y a eu encore la longue litanie des appels d'offre totalement infructueux (Grande-Bretagne, zéro candidats à l'appel d'offre de septembre 2023) ou partiellement, avec un trop faible nombre de réponses (Allemagne, Mexique) et plus gênants, des renonciations en série à des parcs déjà accordés (la majorité de ceux prévus le long des côtes du New-Jersey), Norvège) quitte à payer de fortes indemnités (et à entériner des dépréciations records d'actifs - 2 milliards d'euros - pour Orsted). »lien