Eolien en mer ; l'Europe aura besoin de turbines chinoises

23/04/2024

Eolien en mer : des objectifs difficiles à tenir sans turbines étrangères, c'est le titre d'un nouvel article de GreenUnivers du 19/04/2024 et qui explique bien les angoisses des promoteurs éoliens en mer en général et ceux de Bretagne sud en particulier : il leur sera pratiquement impossible de faire le parc en temps voulu sans recourir à des éoliennes chinoises, et donc sans renier leurs autres engagements sur la puissance et l'origine des turbines. cf nos billets précédents

Dans un webinaire récent, Alexander Fløtre, responsable du secteur offshore pour Rystad Energy, annonçait que la plupart des constructeurs renonçaient à des turbines plus puissantes : Vestas a explicitement déclaré son intention de rester à des turbines de 15 MW ; Siemens Gamesa est en train de se restructurer et ne sera probablement pas en mesure de moderniser son modèle de 14 MW à court terme et General Electric donc, qui prévoyait initialement de lancer un modèle de 18 MW, a révisé sa stratégie pour se concentrer sur un modèle de 15,5 MW. 

Et il concluait son intervention sur un avertissement clair : « Dans l'éolien en mer, l'Europe ne pourra pas atteindre ses objectifs dans les délais fixés sans s'ouvrir davantage aux turbines produites hors de son sol »

C'est-à-dire des éoliennes chinoises : d'ici à 3035, les usines européennes de nacelles ne pourront pas fournir la demande prévue en nacelles, mâts et pales, alors que la Chine se trouve déjà en forte surcapacité de production par rapport à son marché domestique, ce qui reproduit très exactement la stratégie qu'elle a suivi  pour les panneaux solaires, avec le résultat que l'on connait : une submersion totale d'une industrie européenne.  L'industrie chinoise propose, à performance équivalente, des turbines jusqu'à 50% moins chères que les Européens et les Américains et est déjà bien plus avancés sur des turbines plus puissantes ( de 18 et 20 MW pour la China State Shipbuilding Corporation.

Les turbiniers occidentaux semblent converger vers une taille "standard" de turbine de 15 MW, avec Siemens Gamesa n'étant aujourd'hui "pas dans une très bonne position pour augmenter la puissance" de ses modèles, pointe Alexander Fløtre. Cette situation "ouvre la porte à des fournisseurs chinois" capables de proposer des turbines plus puissantes, 

Il est temps de se poser certaines questions sur l'opportunité même du programme de 45 GW d'éolien en mer et sans doute d'abandonner certains projets, dont Bretagne sud- ...voire tous.

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