Eolien en mer : rien ne va plus au Royaume de Danemark

06/12/2024

En avril 24, le Danemark annonçait triomphalement le lancement du plus grand appel d'offre éolien en mer ( 6GW) ; début décembre, le résultat tombe pour la première moitié : zéro réponse ! Après l'échec relatif en milieu d'année de l'appel d'offre éolien en mer britannique - seulement 1/3 de l'éolien offshore souscrit lien, cette déroute ne surprendra que les idiots et les corrompus ; l'éolien en mer, même posé, est structurellement une méthode de production d'électricité dont les coûts totaux sont insupportables économiquement et socialement et le bénéfice climatique douteux ( nul dans le contexte français). Le retour à la réalité s'impose et PIEBÎEM réclame donc un moratoire total sur l'éolien en mer en France et l'annulation des appels d'offres en cours.

Zéro candidats pour le plus grand appel d'offre éolien en mer !

En avril 24, le Danemark annonçait triomphalement le lancement d' un appel d'offres pour l'installation de parcs éoliens en mer dans le but de produire six gigawatts en 2030, une initiative décrite comme la plus « grande de l'histoire » du pays. Ces 6 GW étaient répartis en six parcs éoliens, dont trois – North Sea I A1, A2 et A3 –faisaient l'objet d'un appel d'offre pour le5 décembre 2024 et pour les trois autres (Hesselø, Kattegat et Kriegers Flak II), la date limite de dépôt des offres est fixée au 1er avril 25.

Condition supplémentaire : s'agissant d'une technique ( l'éolien posé) technologiquement bien mature, dans un contexte particulièrement favorable ( fonds sablonneux de faible profondeur),   aucune subvention n'était offerte aux entreprises candidates.

Le résultat des courses vient donc de tomber pour le premier lot de trois parcs : aucune candidature.

« C'est un résultat très décevant », a déclaré Lars Aagard, ministre de l'énergie et du climat, … Les conditions de l'éolien en mer en Europe ont changé de manière significative en relativement peu de temps, avec notamment de fortes augmentations des prix et des taux d'intérêt »,

L'agence danoise de l'énergie a déclaré qu'elle entamerait un dialogue avec les acteurs du marché afin d'identifier les raisons de l'absence d'offres. Bah, on peut l'aider !

Une décision logique vu la vérité des coûts de l'éolien en mer

Orsted a renoncé : Le développeur danois de parcs éoliens offshore Orsted a déclaré qu'il avait choisi de ne pas faire d'offre en raison d'un rapport risque/récompense défavorable et a reconnu l'évolution des facteurs industriels tels que la hausse de l'inflation, l'augmentation des taux d'intérêt et les goulets d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement. « Pour atténuer l'impact de ces facteurs et soutenir l'expansion continue de l'énergie éolienne en mer, l'industrie et les décideurs politiques devraient travailler ensemble pour créer les conditions nécessaires à un avenir durable pour l'éolien en mer »

Vattenfall a renoncé : le groupe public énergétique suédois Vattenfall avait annoncer ne pas participer aux enchères à cause de la situation économique. « Les vents sont bons et les fonds marins aussi mais économiquement, cela ne justifiait pas que nous fassions une offre », a indiqué le porte-parole de Vattenfall Rasmus Helveg Petersen

Et Schell a annoncé abandonner ses nouveaux projets dans  l'éolien en mer : une autre entreprise potentiellement intéressée, Shell, qui présentait encore il y a peu l'éolien en mer comme un marché clé dans lequel elle pourrait investir dans le cadre de la transition énergétique mondiale, a déclaré mercredi 4 décembre qu'elle se retirait des nouveaux investissements dans l'éolien en mer. « "Nous nous concentrerons sur la maximisation de la valeur de nos plateformes de production d'énergie renouvelable existantes", a indiqué ce porte-parole dans une déclaration à l'AFP.

Donc Orsted n'a pas voulu

Et Vattenfall non plus

Et Shell a dit du coup

Si c'est ça, j'arrête tout

Une déroute après une décennie de mensonges

Après l'échec de l'appel d'offre britannique où les deux tiers de l'appel d'offre éolien en mer n'ont pas été pourvus (voir notre billet précédent lien ) la déroute de l'appel d'offre danois constitue un camouflet pour l'industrie de l'éolien et les politiciens complices ou manipulés par le lobby éolien qui la soutienne.

Elle confirme ce que PIEBÎEM ne cesse de dire : les difficultés de l'éolien en mer ne sont pas conjoncturelles, elles sont structurelles et insurmontables : fortes dépendances étrangères en matériaux et métaux, goulets d'étranglement sur toute la chaine de valeur, explosion des coûts, surestimation de la durée de vie des installations en milieu marin et celle de la production (facteur de charge), problèmes d'usure des câbles, course mal maitrisée à la puissance et à la taille des éoliennes dont s'inquiètent les assureurs et dont témoignent les problèmes de ruptures de pales sur Nantucket et Dogger Bank .

A cela s'ajoutent le fait que les coûts d'investissement et de production sont très loin des coûts totaux. Il faut en effet y ajouter les coûts d'extension et de stabilisation du réseau, de stockage, les coûts de profil (périodes de production à perte voire à prix négatifs, de plus en plus nombreuses au fur et à mesure que le pourcentage de productions fatales augmente) et les externalités négatives sur les moyens de production pilotables.

L'éolien en mer est la méthode de production la plus coûteuse d'électricité et cela commence à se savoir ; dans le contexte français, il est sans intérêt climatique .

Il est temps d'arrêter les frais et de décréter un moratoire immédiat sur l'ensemble des projets éoliens en mer.

NB : parmi les autres projets ENR danois en très grande souffrance, citons l'île énergétique de Bornholm et les pipes d'hydrogène vers l'Allemagne…

lien Zone Bourse ; lien Euractiv , lien DNnet, lien Energies de la Mer, lien Connaisssance des Energies, NB : paru plus récemment un  article très documenté du Marin lien