Eolien en mer : vers le passage en force ! Les plans du gouvernement

24/05/2024

Le communiqué de presse du gouvernement intitulé « Bruno Le Maire et Roland Lescure annoncent de nouvelles mesures de soutien au développement de l'éolien en mer et de son industrie » et rendant compte de leur visite du 2 mai à Saint-Nazaire… est encore pire qu'attendu et annonce un véritable passage en force sur l'éolien en mer. Document et commentaires

Extraits

1) confirmation des objectifs insensés : au moins 45 GW d'éolien en mer : « La France s'est fixé des objectifs ambitieux de développement des énergies renouvelables et de diversification du mix énergétique français, afin d'atteindre la neutralité carbone en 2050. L'éolien en mer fait partie de cette stratégie, avec un objectif d'au moins 45 GW en service en 2050, ce qui représenterait plus de 20 % de notre consommation électrique, avec un point intermédiaire à 18 GW en 2035. »

2) désignation d'un lauréat pressenti de l'appel d'offres du projet AO5; ça, on en a abondamment parlé dans nos fils d'actu précédents par exemple et notre communiqué.

NB A cette date, le 2 mai, le lauréat n'était pas nommé, car il n'avait pas encore déposé son dépôt de garantie. Ça s'est vraiment fait à l'arrache !

3) « publication du cahier des charges du 6e appel d'offres pour deux nouveaux parcs éoliens flottants de 250 MW en Méditerranée et désignation des lauréats d'ici la fin de l'année 2024 (AO6). ». Il s'agît de parcs au large de au large de Fos-sur-Mer et d'Agde et la date limite de remise des offres est fixée au 14 août 2024,

4) Lancement d'un neuvième appel d'offre (AO9) « sur des zones déjà identifiées par le biais des débats publics menés entre 2021 et 2022, en sud-Bretagne (500 MW), Méditerranée (2 x 500 MW) et au large d'Oléron (environ 1000 MW). Cette neuvième procédure de mise en concurrence (mutualisée, permettra une accélération du rythme d'attribution des projets.

Est donc bien concerné dès cette année 2024 l'extension de 500MW de Bretagne sud et un parc gigantesque au large d'Oléron ! On va vers la catastrophe et on accélère !

5) Préparation d'un dixième appel d'offre géant de 10 GW, localisation non précisée . Et on accélère encore !

"Cet appel d'offre sera basé sur les conclusions du débat public « La mer en débat », décliné sur les 4 façades maritimes françaises, qui s'est terminé le 26 avril dernier. La Commission Nationale du Débat Public et les commissions particulières disposent maintenant de deux mois pour préparer leur bilan. L'Etat et RTE, en tant que maîtres d'ouvrage, auront trois mois pour y répondre."

Autrement dit, le gouvernement n'attend même pas les remontées du débat CNDP sur l'intérêt et l'opportunité de l'éolien en mer. On savait que c'était purement consultatif, mais quand même !

6) Simplification des procédures de déploiement de l'éolien en mer. « Le projet de loi de simplification de la vie économique comporte une mesure permettant de déroger à des règles de la commande publique afin de simplifier et d'accélérer la contractualisation par RTE des marchés nécessaires à la réalisation des ouvrages de raccordement des parcs éoliens en mer. «

Par ailleurs, un décret réduira la durée de la procédure mise en concurrence des futurs parcs éoliens, en simplifiant drastiquement les modalités de préqualification et en réduisant la durée de la phase de dialogue concurrentiel et d'instruction des offres par la CRE. Une telle évolution devrait permettre de réduire la durée totale des procédures de mise en concurrence à environ 12 mois, contre 2,5 à 3 ans aujourd'hui, en incluant la réalisation des études en mer

Alors, comme vu avec AO5 et Centre- Manche1, les procédures d'attribution sont déjà baroques et douteuses, ça va pas s'arranger !

7 ) Le Gouvernement renforce l'industrialisation de l'éolien en mer en France. « La France soutient massivement le développement de l'offre industrielle de l'éolien en mer, tant sur la fabrication des fondations, des mâts, des pales et des turbines que des matériels nécessaires à la connexion au réseau (postes électriques en mer, câbles) et des aménagements portuaires nécessaires au déploiement et à la maintenance des parcs. »

Donc, voilà on va créer une filière française et européenne à grands frais, qui ne sera pas absolument pas compétitive et ne pourra pas vendre une seule éolienne hors d'Europe, tout en créant une rente de situation au profit des producteurs éoliens et au détriment des industriels et consommateurs française, qui paieront leur électricité plus chère ; en fait, ce choix est un choix contre la réindustrialisation de la France  !

8) Lancement le 8 mars d'un appel à projets « Adaptation des infrastructures portuaires pour le développement de l'industrie de l'éolien flottant », à hauteur de 190M€. Il vise à soutenir, à l'échelle des espaces maritimes Méditerranée et Manche-Atlantique, les ports ou consortiums de ports souhaitant adapter leurs infrastructures pour accueillir les activités industrielles liées à l'éolien flottant notamment

Là, on est loin du compte, l'aménagement des structures portuaires a plutôt été estimé à un milliard d'euros devant l'OPECST !

Il faut arrêter cette folie ! PIEBÎEM rappelle son opposition au parc de Bretagne-Sud comme au programme éolien en mer insensé de 45 GW, qui constitue une industrialisation à marche forcée de la mer côtière sans intérêt climatique dans le contexte français, dangereux pour la sécurité d'alimentation électrique, économiquement et socialement insoutenable, ravageur pour nos paysages littoraux et leur riche biodiversité avec des promesses fallacieuses d'emploi et de fortes dépendances étrangères et mettant en péril des activités comme la pêche côtière artisanale, le nautisme, le tourisme.