Eoliennes en mer : le coût d’un programme (120 milliards €), le gouvernement schizophrénique
Préparation de la PPE 3 : Nous ne sommes pas toujours d'accord avec les thèses défendues par Rémi Prud'homme, professeur émérite d'économie, mais nous saluons pour son courage et sa qualité la tribune intitulée Éoliennes en mer : le gouvernement schizophrénique lien . Le grandiose plan de construction de plus de 2000 éoliennes en mer d'ici 2035 (18 GW) peut être estimé , avec les coûts d'aménagement du réseau, à 120 milliards € d'investissement (90 plus 30) . Compte-tenu des projections plus réalistes sur la demande électrique cf notre billet précédent lien, c'est une économie facile à décider pour le gouvernement !
Des économies urgentes à faire...
Extraits « D'un côté, donc, le ministère des Finances propose, pour le budget de 2025, ce qu'il appelle une diminution de 0,5 milliard du budget de la Transition écologique. En réalité, ce qui est proposé est une augmentation de 0,5 milliard, mais qui remplace une augmentation antérieurement prévue de 1 milliard. L'expression de « diminution » est donc un joli cas d'insincérité. Ou si l'on préfère d'hypocrisie – l'hommage que le vice rend à la vertu, comme disait La Rochefoucauld. La ficelle est si grosse qu'elle fait penser à Molière. »…
Et 120 milliards jetés dans les éoliennes offshore
« Dans le même temps, la ministre, ou plus exactement peut-être son administration, dévoilent au monde un grandiose plan de construction de plus de 2000 éoliennes en mer d'ici 2035. Le coût de cet investissement sera d'environ 90 milliards d'euros. Il faut y ajouter le coût des modifications et agrandissements du réseau de transport engendrés par ces éoliennes en mer, que l'on peut estimer à près de 30 milliards. Le projet annoncé a donc un coût d'investissement de 120 milliards (si les estimations de coûts ne sont pas dépassées, hypothèse optimiste !). A dépenser en 11 ans, soit environ 11 milliards par an. C'est un peu plus que le budget annuel du ministère de la Justice.
NB : cela fait aussi plus d'une dizaine d'EPR, voire ci-dessous !
Climatiquement inutiles en France, ruineuses, dévastatrices de nos paysages littoraux et de la biodiversité
« On pourrait ajouter que ces éoliennes sont totalement inutiles. Elles ne remplacent pas, comme au Royaume-Uni ou en Allemagne, des sources d'électricité carbonée, et ne contribuent en rien à la décarbonation de la France et du globe. L'électricité que ces éoliennes produiront est très coûteuse, et contribuera à l'augmentation des prix de l'électricité en France, pour les ménages et les industries. Pour une part (que l'on s'efforce de réduire mais qui reste majoritaire), ces éoliennes seront achetées et exploitées par des entreprises étrangères, et leurs bénéfices exportés. La production d'électricité des éoliennes dépend du vent, elle n'est pas pilotable. Lorsqu'il n'y aura pas de vent et une forte demande d'électricité, elles ne produiront pas assez, et il faudra faire appel à des centrales au gaz. Lorsqu'il y aura beaucoup de vent et peu de demande, elles produiront trop, et il faudra fermer en toute hâte des centrales nucléaires, ce qui est coûteux. Ne pazophénrrlons pas de la pollution visuelle causée par 2000 éoliennes de 200 mètres de haut près des rivages français, ni des oiseaux de mer hachés menu par leurs pales. »
La schizophrénie budgétaire- 100 milliards d'économies faciles
« Cependant, indépendamment de ces considérations sur l'inutilité ou même la nocivité d'un tel investissement, ce qui frappe ici c'est la contradiction entre le discours officiel sur les économies indispensables et le discours (non moins officiel) sur les dépenses grandioses. »
Comment M Prud'homme arrive-t-il à cet ordre de grandeur de 120 milliards d'euros pour 2035?
Le parc d'éoliennes de Saint-Brieuc qui vient d'être connecté a une puissance de 0,5 GW et a coûté 2,5 milliards, ce qui met le GW à 5 milliards. Les 2200 éoliennes planifiées pour 2035 ont une puissance de 18 GW. Leur coût peut donc être estimé à 5*18, soit 90 milliards d'euros. On peut arguer qu'il y aura des progrès, que des éoliennes plus puissantes seront utilisées . Pour autant, les tarifs des appels d'offres étrangers augmentent et ne diminuent pas, et par ailleurs, comme nous n'avons cessé de la répéter, l'éolien ne se heurte à des difficultés structurelles qui tendraient plutôt à faire augmenter les coûts : dépendances en matières premières et métaux stratégiques, course à la puissance mal maitrisée, manque de maturité technologique de l'éolien flottant, surestimation des durées de vies des éoliennes en mer, manque de cuivre, de câbles, de bateaux et engin spécifiques. L'ordre de grandeur présenté par M. Prud'homme parait donc plutôt sous-évalué que surévalué.
A cela s'ajoute le réseau : RTE (le réseau de transport de l'électricité) estime à « 100 milliards les investissements dans les réseaux en cours des 15 prochaines années, dont au moins 40% destinés à l'offshore », soit 2,6 milliards par an pour les éoliennes, et 28,6 milliards pour les 11 années d'ici 2035. Et nous ne prenons que les dépenses prévues mpour RET et non celles pour Enedis – également 100 milliards
Et ces 120 milliards, ce n'est que pour 2035 ; pour 2050, et 45 GW l'ordre de grandeur sera de 200 milliards !
NB Dans le cadre du programme EPR2, l'Etat a évalué les coûts d'investissements dans la construction de 6 nouveaux réacteurs nucléaires qui a été décidée et dont le couplage au réseau des premiers réacteurs est estimé à l'horizon 2035. Ceux-ci sont estimés à 51,7 Md€, répartis sur une durée totale de construction de 25 ans, correspondant à des investissements annuels moyens d'environ +2 Md€/an.



