Etude environnementale zone éolienne Bretagne sud : cétacés et tortues menacés par l’éolien flottant.

16/04/2025

Les éoliennes flottantes présentent des dangers particuliers pour les mammifères marins ayant recours à l'écholocation. Les travaux provoquent des dérangements comportementaux, des pertes d'audition et parfois la mort ; mais même pendant la phase de fonctionnement, les vibrations de la structure et de l'amarrage provoquent des bruits continus et impulsifs et transitoires dont les effets ne sont pas évalués.  Le réseau des câbles dynamiques flottants entraine des risques importants d'enchevêtrements primaires ou secondaires. Le trafic accru des bateaux sur la zone pour les travaux ou pour l'entretien augmente le bruit et les risques de collisions, et le risque de pollution chimique est aussi avéré. 

L'étude "Etat Initial " menée par Setec Environnement montre de nombreux cétacés et des tortues présentes sur la zone. Pour les cétacés, marsouins communs, dauphins communs, grands dauphins, dauphins de Risso, petits rorquals, globicéphales noirs et cachalots  sont menacés. Pour les marsouins en particulier, les preuves de la responsabilité de l'industrie éolienne dans l'augmentation de leur mortalité s'accumulent - et pour les cachalots, il devient de plus en plus difficile de le nier. 

On impose aux pêcheurs la fermeture annuelle du Golfe de Gascogne pendant un mois pour préserver les dauphins ; pour les promoteurs éoliens en mer, pas de problèmes ! Pour les tortues, l'irruption de l'industrie éolienne sur la zone se traduit par de nouvelles menaces (enchevêtrement, trafic maritime accru). Les données UICN sont vraiment lacunaires, mais tortues luth, caouanne, de Kemp et verte (cette dernière rare mais classée vulnérable par l'UICN) sont présentes sur la zone.

L'industrialisation de la mer côtière de Bretagne sud (au surplus par de l'éolien flottant, censé permettre de s'éloigner des côtes- une double absurdité), inutile climatiquement et nuisible électriquement et économiquement est un crime contre une nature d'une beauté unique et d'une richesse exceptionnelle qu'il faut stopper.

Les dangers particuliers de l'éolien flottant pour les cétacés et les tortues

Dans son document Enjeux environnementaux du raccordement électrique lien , RTE liste quelques inconvénients de l’industrie éolienne affectant sérieusement les cétacés (et d’autres animaux). Il mentionne ainsi les « travaux d'installation qui génèrent du bruit sous-marin qui peut affecter la faune marine, en particulier les mammifères marins et les poissons dotés d'une vessie natatoire. Ce bruit peut provoquer des dérangements comportementaux, des pertes d'audition ou des blessures chez les mammifères marins, et des blessures chez les poissons sensibles. La faune peut fuir la zone des travaux, entraînant une perte temporaire d'habitat. » Pour le poste en mer et les liaisons sous-marines, RTE admet que les travaux peuvent générer du bruit, relarguer des contaminants, et modifier le substrat marin et la turbidité. Durant le fonctionnement de la zone éolienne, RTE pointe des « risques d'enchevêtrement : les câbles dynamiques pourraient présenter un risque d’enchevêtrement pour les mammifères marins » ; en ce qui concerne le bruit sous-marin, RTE considère que « le bruit des éoliennes en fonctionnement est similaire aux bruits anthropiques habituels et considéré comme moins impactant qu'en phase de travaux, mais reste mal connu. »

PIEBÎEM conteste cette dernière assertion concernant les éoliennes flottantes : il n’y a aucun recul sur le bruit que générera une zone éolienne industrielle flottante et il y a bien des raisons de suspecter qu’il ne sera pas similaire aux bruits entropiques habituels. 

Dans sa publication séminale, Assessing the potential impacts of floating Offshore Wind Farms on policy-relevant species: A case study in the Gulf of Roses lien , le biologiste marin Josep Lloret relève notamment :

Sur le bruit : « Pendant la phase de fonctionnement des éoliennes offshore flottantes, des bruits liés à l’amarrage sont produits en plus du bruit continu. Ce bruit lié à l’amarrage comprend des sons impulsifs ou transitoires, qui deviennent plus prononcés lorsque la vitesse du vent est plus élevée et que les vagues sont plus élevées »

Sur l‘enchevêtrement : « Il est essentiel de considérer que les zones éoliennes  flottantes, en raison de leur conception avec des amarres et des câbles, occupent un espace dynamique plus étendu dans la colonne d’eau que les turbines à fond fixeLes risques d’enchevêtrement, associés aux lignes d’amarrage et aux câbles suspendus sous l’eau, représentent une différence clé entre les zones éoliennes en mer fixes et flottantes. L’enchevêtrement peut être classé en deux types principaux : directe ou indirect. L’enchevêtrement direct implique que les espèces sont directement prises dans les composants de la zone éolienne, tels que les lignes d’amarrage et les câbles électriques. En revanche, l’enchevêtrement indirect se produit lorsque les espèces se coincent dans les engins de pêche avant ou après l’interaction de l’engin avec les composants de la zone éolienne. »

Perturbations par l’activité maritime : « l’augmentation du trafic maritime associée aux zones éoliennes flottantes peut perturber et déplacer les mammifères marins et les tortues de leurs habitats essentiels »

Les principaux mammifères marins présents sur la zone Bretagne sud et particulièrement menacés 

Marsouin commun : Le marsouin commun a été jadis en France le cétacé le plus commun et le plus abondant-il faisait l'objet de pêcheries au Moyen-Âge en Normandie et était observé dans la Seine jusqu'à Paris. Une chute brutale des populations a eu lieu vers les années 50. Le marsouin est protégée par la convention de Berne et par la directive européenne Habitats, En Europe, il figure sur les listes rouges UICN (statut préoccupation mineure, non évalué en France). L'interaction des zones industrielles éoliennes avec les marsouins communs a de quoi susciter l'inquiétude. Ainsi, entre 2000 et 2024, 18 399 marsouins communs se sont échoués sur les plages des Pays-Bas. Lors de la période précédente de 24 ans (1975 à 1999), ce chiffre était de 1026- soit une augmentation de 1693% !...o

Dauphin de Risso : découvert par Georges Cuvier en 1812. Le Dauphin de Risso est un grand dauphin dont les adultes mesurent de 3 à 4,5 m et pèsent jusqu'à une demi-tonne. Les juvéniles font presque 1,5 mètre à la naissance...UICN Liste rouge préoccupation mineure mondiale, vulnérable en Méditerranée

Dauphin Commun : UICN : Liste rouge, préoccupation mineure en France, mais les pêcheurs sont systématiquement visés comme le mettant en danger. On impose aux pêcheurs l'arrêt de la pêche dans le golfe de Gascogne pendant un mois en 2024, 2025 et 2026, mais pas de problèmes pour les zones éoliennes?

Grand Dauphin : le Grand Dauphin peut mesurer jusqu'à 4 mètres et peser jusqu'à 400 kg...En Manche et en Atlantique, des groupes côtiers résidents ont été identifiés en cinq endroits ; entre Saint-Brieuc et le Cotentin, dans les îles d'Iroise, dans le Golfe du Morbihan et l'estuaire de la Vilaine...UICN : Liste rouge, non évalué 

Petit rorqual : régulièrement observés dans une zone allant de l'Irlande au cap Finistère où l'on estime leur nombre à environ 8 000 individus.. UICN liste rouge préoccupation mineure En avril 2023 deux rorquals se sont échoués en deux jours sur les plages de Seine-Maritime ; l'évènement, assez inhabituel a été mis en relation avec le chantier éolien de Fécamp...

Globicéphale noir : Il vit généralement au large mais s'approche occasionnellement des côtes ; ainsi un troupeau a été aperçu à 500 mètres du yacht-club de Carnac en 2016 lien. UICN liste rouge, préoccupation mineure en Atlantique, vulnérable en Méditerranée

Cachalot UICN Liste rouge, vulnérable en France et mondial. Rare mais bien présent en Bretagne (les sites touristiques le mentionnent) et… il s'échoue parfois. Ainsi, dans le golfe du Morbihan un cachalot échoué à Sarzeau a pu être sauvé grâce à l'action des promeneurs et des secours (2 juillet 2020 lien 

Tortues : Beaucoup d'inconnues, mais elles sont bien là !

Les observations de Setec : « 145 tortues marines, appartenant à 4 espèces, ont été signalées sur la façade Manche Atlantique au cours de l'année 2019 : - la Tortue luth , 56 individus vivants et 68 morts, a Tortue caouanne, 12 individus vivants et 2 individus morts - la Tortue de Kemp , 2 individus vivants et 4 individus morts - la Tortue verte 

Tortue luth : plus grande espèce de tortue marine, peut atteindre deux mètres et peser 500kg et c'est la seule espèce de tortue marine sans écaille. Pour l'OSPAR, « globalement, la population de tortues luth de l'Atlantique Nord-Ouest est en déclin.  L''UICN en France confirme une « présence fréquente » le long des côtes atlantiques, les effectifs ne sont pas précisément connus, les données disponibles sont insuffisantes pour déterminer une catégorie de menace et la tendance actuelle de la population est inconnue. UICN : données inconnues

Tortue caouanne : Pour Setec, la zone d'étude est une zone favorable à la présence de cette espèce car elle offre de la disponibilité en nourriture (crustacés, oursins, huîtres, gastéropodes et poissons). La tortue caouanne adulte pèse en moyenne 135 kg,le plus gros spécimen découvert pesant 535 kg.  UICN : données inconnues

Tortue de Kemp : Elle mesure 55 à 75 cm et pèse entre 30 et 50 kg.  Régulièrement observée sur la façade Manche-Atlantique depuis 2007 et y est aujourd'hui récurrente.  UICN : données inconnues

Tortue verte : Entre 80 et 130 kg -certains spécimens peuvent atteindre un poids de 300 kg pour une longueur de carapace de 1,5 m. Elle vit dans des zones proches de la côte et affectionne les herbiers de zostère, très présents sur la zone d'étude élargie. Bien qu'elle fréquente principalement les eaux tropicales et subtropicales, la tortue verte est parfois observée en Bretagne durant les mois les plus chauds, lors de ses déplacements migratoires : UICN : En danger au niveau mondial… non évalué en France

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