Etude paysagère officielle de la zone éolienne Bretagne Sud : la Bretagne défigurée

Les études paysagères officielles caractérisant l'impact de la construction de la zone industrielle éolienne Bretagne Sud ont enfin été publiées. Et c'est totalement sidérant : les arguties sur la nature des éoliennes ne peuvent masquer la dévastation de tout le littoral du Morbihan. La zone industrielle éolienne se verra de Saint-Gildas-de-Rhuys au Pouldu. Les aiguilles de Port Coton peintes par Monet, la Pointe des Poulains, l'Apothicairerie, Port Donnant, à Belle-Île, la côte sauvage, l'isthme de Penthièvre et la Grande Plage à Quiberon, la Pointe de l'Enfer, l'anse de Locmaria et la pointe Saint-Nicolas à Groix, c'est pleine vue sur zone industrielle ! Erdeven, Etel, les plages de Plouhinec, de Larmor, de Guidel, le tombolo de Gâvres, la citadelle de Port-Louis ou le tumulus Saint-Michel seront également fortement impactés. A Port Coton, immortalisé par Monet, le soleil ne se couchera plus sur la mer ; malgré toutes les arguties, les force des images gabarit est indiscutable : plus de cent ans de protection du littoral sont annihilés.

La sidération et l'écœurement

Comme ils y sont tenus, les porteurs de projets mettent enfin à disposition des études environnementales sur le projet Bretagne sud ; à ce stade, il s'agit principalement d'études caractérisant l'état initial de l'environnement. L'une de ces études s'intitule Etude paysagère et patrimoniale en Bretagne Sud et doit « permettre de détailler la perception visuelle de la zone d'implantation d'éoliennes flottantes au Sud de la Bretagne pour constituer un état initial de l'environnement. » lien 

Cette étude effectuée par SETEC est en réalité disponible depuis 2022 ; les données étaient accessibles sur le site de la DGEC et nous avions déjà publié une note en reprenant les principaux résultats lien. Ils sont aussi présentés sur notre site dans la section pourquoi PIEBÎEM se bat : préserver le littoral lien 

On peut comprendre pourquoi cette étude a mis autant de temps à être rendue à peu près disponible : car malgré toutes les précautions prises pour édulcorer le message, l'analyse de la zone d'implantation potentielle et sa visualisation par des gabarits est indiscutable et donne un aperçu de l'occupation paysagère qui ne peut que susciter d'abord la sidération, puis l'écœurement et la révolte. C'est la dévastation en marche de nos paysages littoraux et de notre cadre de vie ; c'est l'annihilation de plus de cent ans d'efforts de protection du littoral, et un héritage que nous allons définitivement perdre, dont nous avons profité et que nous ne transmettrons pas. 

Alors, lisez, regarder les documents joints, et aidez-nous, rejoignez-nous !

Extraits du rapport :

Des effets visuels plutôt sous-estimés : « Il est important de noter que la hauteur totale des éoliennes utilisée dans les calculs de perception ne tient pas compte de la hauteur émergée des flotteurs sur lesquels elles seront fixées, car leurs dimensions n'étaient pas connues au moment de l'étude. De plus, le projet pourrait à terme être équipé d'éoliennes de plus grandes dimensions » NB : les simulations montrant des éoliennes sont hasardeuses et compliquées, même si elles peuvent avoir leur utilité.

A Port Coton, le soleil ne se couchera plus sur la mer : « Observée depuis certaines parties du littoral, la Zone d'implantation du projet est positionnée dans la partie de l'horizon où le soleil se couche. À Belle-Île-en-Mer, cela concerne deux sites particulièrement appréciés à l'heure où le soleil se couche 1) la pointe des Poulains, essentiellement concernée de l'équinoxe d'automne à celle de printemps (et donc en dehors de la période estivale) 2) les aiguilles de Port-Coton, principalement concernée de l'équinoxe de printemps à celle d'automne (donc y compris durant la période estivale)

Les éoliennes surtout visibles en été : « Depuis l'ancien sémaphore d'er Hastellic, sur Belle-Île, la probabilité de voir des éoliennes situées dans la partie la plus proche de la ZIP (à moins de 20 km), est de l'ordre de 65 % à l'échelle de l'année entière. Elle atteint 92% en été, et chute à 44% en hiver… Depuis la pointe de l'Enfer sur l'île de Groix, la probabilité de voir des éoliennes situées dans la partie la plus proche de la ZIP (à moins de 30 km), et de l'ordre de 32 % à l'échelle de l'année entière. Elle atteint 51% en été, et chute à 18% en hiver

« Le parc éolien ne sera donc pas systématiquement visible depuis les deux îles. Il le sera plus fréquemment à Belle-Île qu'à Groix, et pour les deux îles bien plus souvent en été qu'en hiver »

Et bien sûr, cela n'affectera pas le tourisme !

Des paysages littoraux réellement défigurés parmi les plus presyigieux de Bretagne et même de France : « L'étude a déterminé différents niveaux de sensibilité pour les paysages de l'aire d'étude…

Sensibilité forte : Principalement observée pour le littoral de Belle-Île-en-Mer en raison de la proximité de la ZIP (environ 19 km au plus proche) et de la largeur apparente significative de la ZIP (24 à 30°). Les paysages naturels particulièrement remarquables et fréquentés du littoral des trois îles (Belle-Île, Houat, Hœdic) sont également considérés comme ayant une sensibilité forte. Certains points de vue spécifiques de Belle-Île, comme la pointe des Poulains, les abords de la grotte de l'Apothicairerie et la plage de Port-Donnant, présentent également une sensibilité forte ?

Sensibilité assez forte : Concernant notamment le littoral de l'île de Groix (de la pointe des Chats à la pointe de Pen Men) en raison du fort niveau d'enjeu de ses paysages littoraux .... La côte sauvage de la presqu'île de Quiberon présente également une sensibilité assez forte, avec la ZIP généralement visible à moins de 35 km et une largeur apparente supérieure à 20°14 .... Certains points de vue de Groix et de la presqu'île de Quiberon ont également été classés avec une sensibilité assez forte ...

Sensibilité moyenne : Observée pour Houat en raison d'un éloignement plus important de la ZIP (plus de 40 km) . Le Grand Massif Dunaire a une sensibilité de niveau moyen, avec la ZIP située à une quarantaine de kilomètres et une largeur apparente assez modérée .... Certains secteurs du Golfe du Morbihan et de la Côte et Rade de Lorient présentent également une sensibilité moyenne.... Des points de vue spécifiques comme le tumulus Saint-Michel à Carnac et certains coteaux du rétro-littoral ont également une sensibilité moyenne ....

Sensibilité faible : Caractérise principalement les paysages du Golfe du Morbihan en raison de la distance (environ 50 km) et de la largeur apparente limitée de la ZIP (10 à 15°).... La Cornouaille littorale a généralement une sensibilité faible, avec la ZIP visible à plus de 40 km et une largeur apparente limitée33 .... Les paysages de dunes grises du Grand Massif Dunaire à distance du trait de côte ont également une sensibilité faible »

En bref, cette zone industrielle éolienne se verra de Saint-Gildas-de-Rhuys au Pouldu.

Les aiguilles de Port Coton peintes par Monet , la Pointe des Poulains, l'Apothicairerie, Port Donnant, à Belle-Île, la côte sauvage, l'isthme de Penthièvre et la Grande Plage à Quiberon, la Pointe de l'Enfer, l'anse de Locmaria et la pointe Saint-Nicolas à Groix, c'est pleine vue sur zone industrielle !

Allez voir dans les documents officiels ci-joint ce que signifie sensibilité faible à Erdeven, à Etel, sur les plages de Plouhinec, de Larmor, de Guidel, devant le tombolo de Gâvres, la citadelle de Port-Louis ou le tumulus Saint-Michel.

Voici ce que François Goulard, alors Président du conseil départemental du morbihan écrivait sur la zone éolienne Bretagne sud : « Il s'agirait d'un préjudice considérable pour notre région ; pour les pêcheurs, qui perdraient l'accès à une ressource très riche ; pour le tourisme, en raison de la perte d'attractivité d'une nature défigurée… Ce projet serait un crime contre une nature d'une beauté insurpassable. Transformer la mer côtière en zone industrielle est tout bonnement insensé »

Pas mieux : Il est très regrettable que ses successeurs ne soient plus sur la même ligne,

Et tout cela pour un programme éolien en mer sans intérêt climatique dans le contexte français, dangereux pour la sécurité d'alimentation électrique, économiquement et socialement insoutenable, ravageur pour nos paysages littoraux et leur riche biodiversité avec des promesses fallacieuses d'emploi et de fortes dépendances étrangères et mettant en péril des activités comme la pêche côtière artisanale, le nautisme, le tourisme…

Mobilisons-nous avant qu'il ne soit trop tard !