Inauguration du parc éolien de Saint-Brieuc- un projet ni fait, ni à refaire et une comparaison éclairante avec l’EPR
Un flot de propagande écœurant et à bien des égards mensongers a accompagné l'inauguration de la zone industrielle éolienne de Saint-Brieuc. Quelques rappels utiles de PIEBîEM : Saint-Brieuc : Un projet ni fait, ni à refaire : coût exorbitant (196 euros/MWh- et ce n'est que la production), avec obligation d'achat, même si nous n'en avons pas besoin, nuisances, conflits persistants d'usages avec la pêche. Une comparaison rapide avec le « désastre industriel « de Flamanville montre, que même dans les pires conditions, le nucléaire est bien supérieur à l'éolien en mer, simplement sur les coûts de productions et même sans tenir compte des coûts complets ( stockage, back-up, stabilisation et extension de réseau, occupation de l'espace). Et Saint-Brieuc, c'est aussi des autorisations de destruction de 59 espèces protégées !
Saint-Brieuc : Un projet ni fait, ni à refaire : coût exorbitant, nuisances, conflits d'usages avec la pêche, destruction de la biodiversité
Un flot de propagande écœurant et à bien des égards mensongers a accompagné l'inauguration de la zone industrielle éolienne de Saint-Brieuc et les considérations à l'égard des opposants ont été méprisantes et à bien des égards injurieux.
On notera tout de même quelques réserves mentionnées dans certains journaux : 1) l'absence du premier ministre, du président de la République à l'inauguration – faut-il y voir une défaveur politique croissante vis-à-vis de cette absurdité climatique, écologique, économique , sociale qu'est l'éolien en mer ? 2) une obligation d'achat à 196 euros/MWh… pour un prix de marché actuel à environ 70 euros du MWh. On comprend que RTE veuille la fin de ces obligations d'achats à prix exorbitants…surtout lorsque le valeur de l'électricité générée est nulle, voir négative ( phénomène des prix négatifs), ce qui arrive de plus en plus souvent ( cf lien vers notre fil d'actu- les prix négatifs, un phénomène hors de contrôle). Lien
Et quelques réserves, notamment dans l'article du Monde lien qui mentionne les pêcheurs, dont certains ont dû abandonner leur activité : « Le Comité national et régional des pêches maritimes et des élevages marins figure aussi parmi les acteurs intéressés par la production énergétique. Ces organisations professionnelles devraient se partager quelque 900 000 euros annuels. Cette manne n'a cependant jamais dompté la colère des pêcheurs œuvrant dans la baie. Agacés par la contraction de leur zone d'activité et convaincus de l'incidence néfaste des travaux sur la ressource halieutique, les professionnels ont été les plus hostiles au parc. En 2021, ils avaient même investi les 75 kilomètres carrés du champ éolien pour retarder le lancement du chantier par le constructeur et exploitant Ailes marines, filiale de Iberdrola.. On a essayé les luttes symboliques, le débat politique, la justice… On aurait dû taper plus fort à la manière des paysans, pour se faire respecter. Les décideurs ont toujours écouté les contraintes industrielles, mais pas les nôtres », s'agace Grégory Métayer, porte-parole des pêcheurs costarmoricains et patron de deux navires draguant les fonds de cette baie riche en coquilles Saint-Jacques ».
L' ancien ministre de la mer Hervé Berville avait qualifié de projet ni fait, ni à refaire, en raison principalement d'une concertation défaillante ; l'actuel premier ministre, Michel Barnier l'a qualifié d'échec faite de stratégie énergétique ; nous verrons si les conclusions en sont tirées pour le programme éolien en mer.
Une comparaison éclairante : parc éolien de Saint-Brieuc versus EPR de Flamanville
D'un côté, nous avons donc le parc de Saint-Brieuc, ce chantier titanesque, le « vent qui souffle dans les voiles de l'épopée » ; de l'autre, l'EPR de Flamanville, ce gigantesque échec industriel… Rémy Prud'homme, professeur émérite des universités est allé y voir d'un peu plus près dans un article intitulé : Énergie : le match Saint-Brieuc-Flamanville
« Le coût de Flamanville a été huit fois plus élevé que celui de Saint-Brieuc, pour une puissance trois fois plus grande. Le taux de charge du nucléaire est 2,4 fois plus grand que celui de l'éolien, en sorte que la production annuelle de Flamanville sera huit fois celle de Saint Brieuc. La durée de vie (et de production) du réacteur est 2,4 fois celle des éoliennes, en sorte que la production totale d'électricité de Flamanville sera 19 fois celle de Saint-Brieuc. Dans les deux cas, les coûts de capital sont l'essentiel des coûts de production. On voit qu'un milliard investi dans l'EPR de Flamanville produit environ 2,5 fois plus d'électricité qu'un milliard investi dans un parc éolien. Ou, si l'on préfère, que l'électricité nucléaire produite à « Flamanville » a un coût de production 2,5 fois moindre que l'électricité éolienne »
En réalité, le bilan est encore plus favorable au nucléaire, et de beaucoup : 1) il s'agit de Flamanville, un chantier particulièrement problématique en raison des hésitations et « stop and go » de l'Etat et du fait qu'il a fallu remettre en ordre toute une filière qui n'avait plus construit de centrales nucléaires depuis vingt ans ; le coût des futurs EPR sera notablement moins élevé ( la moitié ?) ; 2) la production électrique de Saint-Brieuc est fatale intermittente, celle de Flamanville est une production de base pilotable. Il ne faut donc pas comparer les coûts de production direct, mais les couts système complets : coût du back-up quand il n' y a pas de vent à Saint-Brieuc, coûts de stabilisation du réseau (stockage, flexibilité) ; coûts de profil ( production à perte quand il y a surproduction éolienne en Europe ( prix négatifs), coûts d'extension du réseau pris en charge par l'Etat, coût d'occupation d'un espace bien supérieur à celui de la production nucléaire. Enfin, ajoutons une considération supplémentaire : le réacteur de Flamanville est français, avec une chaine de valeur très largement française et des bénéfices qui iront à l'opérateur national français alors que les éoliennes de Saint-Brieuc sont très largement espagnoles et opérées par un industriel espagnol.
Et c'est pour un parc éolien offshore, 2000 fois plus de superficie occupée que pour une centrale électrique de puissance installée équivalente . Le match nucléaire/éolien en mer : il n'y a pas photo !
Saint-Brieuc : 59 autorisations de destruction d'espèces protégées.
Cette cerise sur le gateau, on la rappelle quand même : Saint-Brieuc, c'est 59 autorisations de destruction d'espèces protégées : Macareux moine, Eider à duvet, Sterne de Dougall, Puffin des Baléares, Pingouin Torda, Guillemot de Troïll, Goéland cendré, Mouette Tridactyle, Fou de Bassan, Puffin des Anglais, Sterne caugek, Pétrel tempête, Antipathella subpinnata, Dendrophyllia cornigera, Marsouin Commun, Rorqual commun, Phoque Gris... Tous protégés, sur la liste rouge de l'UICN ! lien