L’annulation d’Empire Wind et la complainte du lobby éolien reprise par les media - et la vérité – des projets passés en force sans étude d’impacts

28/04/2025

L'arrêt du projet Empire Wind (810 MW, 5 milliards) par l'administration Trump a provoqué la colère du lobby éolien et une mobilisation médiatique sur le thème d'un trumpisme irresponsable et indifférents aux enjeux climatique. Ce n'est pas du tout ce qui ressort des rapports scientifiques et administratifs qui pointent des projets offshore instruits au pas de charge sous la pression du lobby éolien, avec notamment un manque de prise en considération des impacts sur la pêche, des impacts sur l'environnement- et notamment l'impact cumulé, des retours d'expérience des travaux en cours et l'ignorance systémique des droits des communautés autochtones. PIEBÎEM fait le point.

Empire Wind annulé, la colère du lobby éolien

Empire wind, c'est (c'était) un projet Equinor de 147 turbines à 15 miles de Long Island (New-York), pour une capacité totale de 810 MW et un coût total de 5 milliards de dollars qui a dû suspendre les travaux en mer. Il devait délivrer pendant 25 ans de l'électricité à 155 dollars par MWh (150 €/MWh - tiens au fait, c 'est vraiment étrange que l'éolien américain posé soit aussi cher alors qu'EDF se vante de faire en France Centre Manche à moins de 50 €/MWh ). Il vient d'être arrêté sur injonction de l'administration Trump. C'est la première fois qu'un projet éolien en mer américain, ayant été entièrement autorisé et en cours de construction, est ainsi arrêté – jusqu'ici l'administration Trump s'était contentée de bloquer les futures attributions d'éolien en mer.

Le lobby éolien l'a très mal pris et mobilise tous les media pour le faire savoir : Empire Wind 1 a valablement obtenu tous les permis fédéraux et étatiques, la phase de construction mobilise plus de 1 500 personnes ; au 31 mars 2025, Empire Wind avait une valeur comptable brute d'environ 2,5 milliards de dollars ; Empire Wind envisage tous recours juridiques, « le gouvernement fédéral veut tuer Empire Wind 1, mettant en péril des emplois, de l'énergie abordable et notre avenir économique… », « Empêcher un projet énergétique autorisé et financé d'aller de l'avant envoie un message fort et clair à toutes les entreprises – au-delà de celles de l'industrie éolienne offshore – que leur investissement aux États-Unis n'est pas sûr. Nous demandons instamment au ministère de l'Intérieur de lever immédiatement cet ordre afin de rétablir un environnement prévisible et équitable pour la mise en place de ressources énergétiques essentielles qui contribuent à garantir notre avenir et notre indépendance énergétiques »

Fermez le ban : encore une décision absurde du gouvernement Trump dictatorial et climatosceptique qui remet en cause l'avenir de l'Humanité- enfin surtout celui des promoteurs éoliens.

Sauf que ce n'est pas du tout ce que nous disent les rapports de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) et du GAO (Government Accountability Office) sur lesquels s'est appuyée la décision d'arrêt d'Empire Wind et qui pointent en fait que l'administration Biden a, dans le cas de Empire Wind comme dans bien d'autres, précipité son approbation sans analyse suffisante ».

Une administration Biden très au service des promoteurs éoliens offshore et des attributions ni faites, ni à refaire !

Jusqu'au 20 janvier 2025, l'administration Biden avait agressivement poussé l'éolien offshore comme une panacée climatique. Sous cette administration, le Bureau of Ocean Energy Management (BOEM) de l'Intérieur a accordé 39 baux commerciaux, avec des travaux de construction actifs et des permis en cours sur les côtes de l'Atlantique et du Pacifique. A la veille même de son départ, l'administration Biden signait l'approbation de la zone industrielle éolienne géante South Coast (2,4 GW, 140 éoliennes) au large de Rhode Island, pourtant fortement contestée lien https://www.energiesdelamer.eu/2023/08/23/le-projet-south-coast-wind-energy-rencontre-des-difficultes-de-la-part-de-la-cour-supreme-de-letat-de-rhode-island/

Empire Wind : des analyses scientifiques et environnementales précipitées, obsolètes et incomplètes

La NOAA a constaté que le processus d'approbation d'Empire Wind reposait sur « des analyses scientifiques et environnementales précipitées, obsolètes et incomplètes, ce qui a conduit les chefs de projet à prendre des décisions non fondées sur les meilleures informations disponibles. »

Ressources halieutiques sacrifiées. La NOAA a déclaré que « les plans de surveillance visant à évaluer les effets du projet sur les ressources halieutiques et d'habitat étaient inadéquats, et que les mécanismes de compensation existants étaient insuffisants en raison de méthodologies scientifiques défectueuses ». En fin de compte, ces lacunes « ont limité la capacité d'éviter et de minimiser les conflits entre le développement et les ressources marines aux deux étapes ». Par conséquent, plusieurs habitats sensibles, frayères et zones de pêche commerciale et récréative régionales importantes ont été inclus dans la zone du parc éolien. « Les zones critiques sur lesquelles reposent les pêcheries commerciales et récréatives n'ont pas été exclues de la zone éolienne, et les propositions qui mettaient l'accent sur les scénarios de développement maximal ont restreint davantage les possibilités de réduire les impacts sur les pêches et les habitats importants ». Au total, environ 139 acres de fond marin auraient été modifiés de façon permanente par les éoliennes, et 1 554 acres supplémentaires auraient été modifiés par l'installation d'un câble sous-marin reliant les éoliennes à la terre. » « les pêcheurs touchés n'ont toujours pas de voie claire pour obtenir réparation.

Retour d'expérience inexistants : le projet n'a pas tenu compte des nouvelles informations sur les impacts négatifs de la construction d'autres parcs éoliens océaniques, tels que les défaillances catastrophiques des pales de turbine survenues en 2024 dans un autre parc éolien de Biden au large des côtes du Massachusetts, ainsi que les problèmes de mortalité persistante des poissons associés au projet éolien offshore Coastal Virginia. lien

Impacts environnementaux :  encore trop d'incertitudes : Malgré l'ampleur des constructions dans le cadre de la politique éolienne offshore de Biden, les impacts environnementaux sont restés insuffisamment étudiés : «Parce que le déploiement de projets éoliens offshore commerciaux n'en est qu'à ses débuts, l'ampleur de certains impacts est inconnue. De plus, il existe une forte incertitude quant aux effets à long terme et cumulatifs... Il ne s'agit pas d'une question mineure. Les projets se sont déroulés sans une solide compréhension de la façon dont les parcs éoliens affecteraient la vie marine, les écosystèmes sédimentaires, les courants régionaux ou les espèces migratrices. Le GAO a souligné les menaces qui pèsent sur les mammifères marins, en particulier le bruit de battage des pieux, le trafic maritime accru et les interférences acoustiques. »

Impacts radars : Le potentiel de perturbations radar et d'impacts sur les systèmes de défense nationale a été signalé mais n'a pas été résolu.

Les droits des communautés autochtones bafoués : du point de vue américainla section la plus accablante du rapport du GAO est peut-être le traitement des parties prenantes autotochtones. La consultation tribale du BOEM a été, selon les mots du GAO, « largement symbolique ». Les tribus indiennes ont certes été invitées à formuler des commentaires sur les projets qui avaient une incidence, par exemple, sur leurs paysages culturels et sur leurs droits de pêche, néanmoins ces commentaires n'ont fait l'objet d'aucun suivi et il n'existe aucune trace que leurs préoccupations aient été prises en compte dans les décisions finales. Cet échec  selon les mots du GAO, résulte d'un système. Le GAO a constaté que les tribus indiennes n'avaient pas les capacités techniques et financières d'un dialogue avec le BOEM et qu'une demande adressée au Congrès de modifier les pouvoirs de l'Intérieur pour permettre un soutien direct aux tribus afin d'établir un dialogue équilibré est restée sans réponse.

Et si on parlait des droits des "autochtones" bretons !

Le rapport du GAO se termine par une liste de cinq recommandations : pour le BOEM et le BSEE, ainsi qu'une directive distincte à l'intention du Congrès. Il s'agit notamment de : 1) Améliorer la transparence des consultations tribales ; 2) Documenter l'intégration des préoccupations liées aux pêches 3) Édicter des normes exécutoires pour traiter avec les communautés ; 4) Création de bureaux régionaux ; 5) Exiger le partage des données concernant la protection de l'environnement.

Et en France, et en Bretagne : résister à la pression dingue des promoteurs éoliens sur la politique énergétique, moratoire immédiat  sur l'éolien en mer ; ça évitera au lobby éolien de se plaindre des annulations !n

lien lien lien