L’armée suédoise demande l’arrêt de 13 projets de parcs éoliens offshore
La Suède ne transige pas avec sa sécurité et la Défense suédoise a demandé l'annulation de 13 parcs éoliens représentant 32 GW qui auraient entrainé une division par deux du délai de détection en cas d'attaques de missiles et rendu très difficile la détection des sous-marins. Les interférences radars compliquent considérablement la détection d'avions ou de bateau à proximité des sites éoliens en mer, ce qui pose de redoutables problèmes de sécurité. Le débat public gagnerait à un peu plus de transparence sur ces sujets.
La Suède ne transige pas avec sa sécurité : 13 parcs éoliens annulés en raison des interférences radar
La Suède a annulé 13 projets de parcs éoliens le long de ses côtes en mer Baltique (32GW) à cause de leur impact sur ses capacités de défense. Cette décision intervient après la publication d'une étude réalisée par les forces armées et rendue publique par la chaîne de télévision publique SVT vendredi dernier montrant que ces projets pouvaient significativement perturber les capteurs de la défense suédoise dans la Baltique.
Selon l'analyse des forces armées suédoises, ces 13 parcs éoliens en mer auraient, s'ils avaient été maintenus, divisé par deux le délai de sécurité pour détecter une attaque de missiles, lequel serait passé de deux à une minute. La raison en est que les tours et les pales rotatives des éoliennes émettent de nombreux échos radar et autres perturbations. Les capteurs sous-marins étant également concernés, la possibilité de détecter un sous-marin ennemi diminue également. Le ministre de la Défense a ajouté que la relative proximité de l'enclave russe «hautement militarisée» de Kaliningrad avait été «un élément central» dans la décision prise par le gouvernement suédois.
Le lobby de l'éolien suédois n'a pas voulu critiquer la proposition des forces armées suédoises, mais souhaite maintenant que le gouvernement fasse une évaluation globale. Cela fait déjà un an que nous et l'armée suédoise discutons des conditions dans lesquelles l'énergie éolienne et les intérêts de la défense peuvent coexister. Dans plusieurs autres pays, des solutions ont été trouvées avec succès. Lien Le Figaro, Le Monde , lien Suède
Ajoutons que la Suède, l'autre grand pays du nucléaire en Europe avec la France (43% de son mix électrique), a déjà une électricité très décarbonée (également grâce à ses énormes ressources hydrauliques)
Et en France ? On sait que la cartographie de l'éolien en mer a pris en considération certaines demandes des forces armées, mais rien n'a filtré sur les arbitrages Or, pourtant, les effets des parcs éoliens sur les radars sont bien connus et multiples et entrainent de multiples dangers. Un peu plus de transparence sur ce sujet serait souhaitable
Une sécurité plus difficile à assurer que celle d'une centrale nucléaire : détection affaiblies d'avions ou de navires à proximité
Les fûts métalliques des éoliennes, mais aussi les pales contiennent des fils métalliques ne serait-ce que pour conduire les courants en cas de foudroiement de l'éolienne, réfléchissent l'énergie électromagnétique de manière importante. Ce faisant elles vont perturber le fonctionnement des radars tentant de détecter des objectifs situés dans, ou à proximité, de leur zone d'implantation.
Air Actualités (n°631 -mai 2010), a, dans un dossier consacré aux perturbations de la détection radar par les éoliennes, publié le résultat d'expérimentations en vraie grandeur conduites en octobre 2009 par l'Armée de l'Air. Il s'agissait de tester l'efficacité d'un radar tactique mobile en l'installant à proximité d'un site éolien.
Les résultats obtenus avec trois types d'avions (avion d'aéroclub, Grub 10 et Alphajet) ont confirmé que la détection était impossible dans la zone du parc éolien proprement dit, mais aussi dans la zone située en arrière des machines. Dans cette zone, le niveau du rayonnement radar serait tellement atténué qu'il serait trop faible pour que l'avion puisse être détecté. Il est fait état de pertes de détection allant jusqu'à 70 kilomètres, distance considérable. Ce sont principalement les pales qui sont en cause en créant des échos dotés d'un large spectre de vitesse qui sont impossibles à éliminer et empêcheront la détection de mobiles aériens dans la zone d'implantation.
Les radars de navigation des navires sont dotés d'un traitement du signal simple. Tout navire se trouvant dans la même cellule de résolution qu'une partie d'une éolienne ne pourra donc être détecté. Compte tenu des distances entre machines réalisées sur les champs d'éoliennes offshores , la détection de navires dans toute leur zone d'implantation est au minimum très délicate, au pire impossible, ceci variant en fonction des positions du radar, de l'orientation des rotors, de la taille du navire à détecter et de sa position.
Les risques nouveaux que font peser l' éolien en mer sur l sécurité du pays ont fait l'objet d'un colloque à l'Ecole-Militaire le 23 janvier 2024, organisé par le Centre d'Etudes stratégiques de la Marine, cf notre fil d'actu. En particulier, les risques liés au brouillage radar ont été évoqués, lorsqu'à l'horizon 2050, la masse des parcs éoliens en mer dressera comme une "forêt" en face des côtes qui perturberont les radars côtiers;
Sur les risques stratégiques des infrastructures vitales en mer, et les moyens qu'il faut y mettre pour en assurer la protection, cette conclusion percutante de l' Amiral Oudot de Dainville : il est plus facile d'assurer la sécurité d'une centrale nucléaire que d'un parc éolien… Les opérateurs par exemple pourraient mettre en place des bateaux pour se protéger de la piraterie, avec des marins ou des gardes armés. La question de la création de milices de protection va donc se poser » .
On n'a pas fini de parler du problème, qui mérite d'être traité sérieusement, et pas en catimini dans un rapport ministériel rendu en l'urgence