L’éolien offshore mondial trébuche : retour au réalisme ?

20/11/2024

A l'occasion de la COP 29, Reuters fait le point sur le développement de l'éolien offshore dans le monde, et la conclusion est simple : les prix dérapent , les objectifs affichés sont irréalistes et ne seront pas atteints en Europe et aux USA. Les matériaux manquent, la chaine d'approvisionnement ne suit pas et les prix explosent -230 dollars/MW.h ; Les acteurs se retirent, des projets sont abandonnés, l'Union Européenne est dans le déni ! ; Comme pour le photovoltaïque, la Chine est à l'affut et la chaine de valeur sera chinoise ! Et en Suède ? Raisons de sécurité nationale et fin de la prise en charge par l'Etat du raccordement offshore

Extraits de l'article : Global Offshore Wind Stumbles to the End of '24 lien 

Les matériaux manquent, la chaine d'approvisionnement ne suit pas et les prix explosent -230 dollars/MW.h

"Après une année d'annulations de projets, de pannes d'éoliennes et de ventes de baux abandonnées, l'industrie éolienne offshore mondiale n'a plus beaucoup de chances d'atteindre les objectifs ambitieux fixés par les gouvernements des États-Unis, d'Europe et d'ailleurs, à l'exception de la Chine.

Reuters s'est entretenu avec 12 entreprises éoliennes offshore, des chercheurs de l'industrie, des associations professionnelles et des responsables gouvernementaux de six pays pour dresser un tableau global de l'état de l'industrie et de ses perspectives, et a constaté que la flambée des coûts, les retards de projet et le manque d' investissements dans la chaîne d'approvisionnement entravaient les installations.

« Nous sommes assez loin de ces objectifs », a déclaré Soren Lassen, responsable de la recherche sur l'éolien offshore au sein de la société de recherche sur l'énergie Wood Mackenzie, dans une interview. Il a déclaré que les parcs éoliens offshore ont désormais un coût de production moyen mondial de 230 dollars par mégawattheure (MWh), soit une augmentation de 30 à 40 % au cours des deux dernières années et plus du triple de la moyenne de 75 dollars/MWh pour les installations terrestres."

Les acteurs se retirent, des projets sont abandonnés et les objectifs affichés ne seront pas tenus et l'Union Européenne est dans le déni !

"Cela fait reculer les entreprises. BP a annoncé le mois dernier qu'il envisageait de vendre une participation dans son activité éolienne offshore, et Equinor a abandonné plus tôt cette année ses investissements au Vietnam, en Espagne et au Portugal. Pendant ce temps, GE Vernova, l'un des principaux fournisseurs de turbines de l'industrie, ne prend pas de nouvelles commandes. « Nous ne prévoyons pas d'augmenter (notre) carnet de commandes sans que l'économie de l'industrie ne soit substantiellement différente de ce que nous voyons sur le marché aujourd'hui », a déclaré Scott Strazik, PDG de GE Vernova (sur la crise de GEVernova et ses conséquences en France cf notre billet GE-Vernova gèle son activité éolien en mer : Nantucket m'a tué ! lien )

En Europe, Petra Manuel, analyste de l'éolien offshore chez Rystad, s'attend à ce que les pays ayant les objectifs éoliens offshore les plus élevés - le Royaume-Uni, l'Allemagne et les Pays-Bas - atteignent environ 60 à 70 % de leurs objectifs. Les pays ayant des objectifs moins ambitieux, notamment la Belgique, le Danemark et l'Irlande, devraient également ne pas être à la hauteur, a-t-il déclaré.

Le groupe professionnel WindEurope, quant à lui, a déclaré qu'il s'attendait à ce que l'Union européenne dispose de 54 GW de capacité éolienne offshore d'ici 2030, soit environ la moitié des 120 GW promis par les pays de la mer du Nord. La commissaire européenne à l'énergie, Kadri Simson, a déclaré à Reuters que des retards dans la réalisation des objectifs ne pouvaient être exclus, mais qu'aucun n'avait été officiellement signalé par les États membres.( sic!)

La Grande-Bretagne, deuxième plus grand marché de l'éolien offshore après la Chine, manquera également son objectif de 60 GW d'ici 2030, a déclaré Damien Zachlod, directeur général du développeur éolien offshore EnBW Generation UK.

Comme pour le photovoltaïque, la Chine est à l'affut et la chaine de valeur sera chinoise !

La Chine, qui est devenue le leader mondial de l'éolien offshore en 2022, va à l'encontre de la tendance mondiale [bien qu'il s'agisse d'un marché fermé].

Pékin a boosté son industrie avec des subventions et de faibles coûts de financement. La plupart des acteurs du secteur sont publics et ont accès à des composants éoliens offshore fabriqués localement.

La Chine représentait plus de la moitié des installations éoliennes offshore en 2023, avec 6,3 GW, et le groupe commercial du Conseil mondial de l'énergie éolienne estime que le pays installera 11 à 16 GW par an au cours des deux à trois prochaines années. L'approvisionnement en équipements bon marché en Chine contribuerait à réduire les coûts pour les développeurs en Europe, au Japon et aux États-Unis…

Et en Suède ? Raisons de sécurité nationale et fin de la prise en charge par l'Etat du raccordement offshore

Le Monde revient un peu tardivement ( cf notre billet lien ) sur la décision de la Suède de renoncer à treize parcs d'éolien en mer en Baltique en raison d'impératifs de sécurité nationale ( interférence avec les radars aériens et sous-marin, particulièrement critique en cas d'attaque russe Le lobby éolien furieux clame bizarrement que cela fait le jeu de la Russie dont un des buts principaux serait « de faire échouer la transition réussie de l'UE vers des énergies renouvelables locales et bon marché. » ( sic).

Mais en passant, Le Monde souligne une autre raison du mécontentement du lobby éolien : « Début septembre, la compagnie publique suédoise Vattenfall a annoncé la suspension du développement du parc Kriegers Flak, au sud de la Suède, censé produire 2,7 TWh d'électricité par an, à partir de 2028… Vattenfall argue que « les conditions d'investissements ne sont plus réunies », depuis que le gouvernement a décrété que l'Etat ne financerait plus le raccordement des parcs offshore au réseau électrique. » lien

Une idée d'économie pour la France, encore l'un des seuls Etats à prendre en charge le raccordement de l'éolien offshore ?