La demande d’électricité révisée à la baisse d’ici 2035- nous pourrons nous passer d’éolien en mer !

26/11/2024

Préparation de la PPE3 : Dans une note publiée le 23 octobre 2024 et qui constitue une véritable retournement, la DGEC reconnait enfin l'évidence ! : « L'électrification de l'économie française pourrait s'avérer plus lente que prévu. Thomas Veyrenc (RTE) reconnaissait récemment :« À court et à moyen terme, il y aura de l'électricité pour tout le monde). De fait, d'ici 2035, ce sont les scénarios à plus faible demande de RTE qui semblent se confirmer- et ensuite le nucléaire pourra prendre le relais pour une transition énergétique soutenable. Entre augmentation moins rapide de la demande et retour en forme de la progression nucléaire ; nous pourrons largement nous passer d'éolien en mer ! La PPE3 est donc à réviser complètement, notamment sur question des 18GW d'éolien en mer.

L'aveu de la DGEC : La demande d'électricité révisée à la baisse d'ici 2035 !

Dans une note publiée le 23 octobre 2024 et qui constitue une véritable retournement, la DGEC reconnait enfin l'évidence ! : « L'électrification de l'économie française pourrait s'avérer plus lente que prévu, entraînant une hausse de la consommation d'électricité moins importante qu'anticipé d'ici 2035… Ce qu'on voit, c'est qu'en termes de consommation d'électricité, on est plutôt en dessous du scénario central qu'on avait publié en 2023, qui était le 580-640 TWh par an » (Sophie Mourlon, Montel News lien

En cause, selon la DGEC, la transition des véhicules vers l'électrique, le rythme d'installation des pompes à chaleur dans les bâtiments « notamment plus lent que « les trajectoires qu'on souhaiterait ». Et surtout « le directeur de la flexibilité de RTE note également un retard dans le développement de l'hydrogène, qui devait constituer le plus gros facteur de hausse de la demande d'électricité, avec une consommation de 24 TWh environ en 2030 puis de 65 TWh en 2035, contre 38 TWh par exemple pour les voitures électriques. ». « C'est une technologie qui prend globalement du retard, donc on n'en aura pas beaucoup en 2030 alors qu'on visait une accélération ». La capacité des électrolyseurs français s'élevait à 30 MW à la fin de 2023, mais le pays vise 6,5 GW d'ici 2030 et 10 GW d'ici 2035.

Ce qui est un facteur structurel important et guère surprenant tant l'hydrogène a fait l'objet d'une bulle informative et spéculative relevant de gros intérêts et d'un certain délire – cf le rapport de l'Académie des Sciences- l'hydrogène aujourd'hui ou demain d'avril 2024 lien 

La prévision de la demande : un art difficile et souvent RTE varie

La prédiction de la demande électrique par RTE n'est pas un art simple, ni dénué de préoccupations politiques et RTE lui-même a beaucoup varié dans ses estimations. La révision de 2023 en particulier a été critiquée par de nombreux acteurs pour une augmentation trop forte de la demande d'ici 2035. Dans son étude scenarios énergétiques publié fin 2021, RTE basait ses prévisions pour le scenario central sur une demande électrique de 450 TWh en 2035 et de 645 TWh en 2050. Cette prédiction très basse (qui n'était pas pour déplaire à un ministère sous forte influence décroissantiste) a été fortement critiquée par de nombreux acteurs (Académie des sciences, Académie des Technologies, EDF, syndicats …) qui la considéraient insuffisante pour décarboner par l'électrification ce qui devait l'être et qu'elle divergeait notablement des estimations homologues étrangers de RTE qui considéraient plutôt en moyenne un doublement de la demande électrique par rapport à 2019. En 2023, RTE révisait ses prévisions en portant l'estimation de la demande à 700 TWH en 2050 et 550 en 2035 (en moyenne, avec de fortes différences suivant différents scenarios). Cette fois, les mêmes acteurs et surtout EDF dénonçaient un excès inverse, surtout en ce qui concerne l'horizon 2030-2035 : EDF en particulier faisait savoir qu'elle pariait sur un scenario avec une augmentation de la demande nettement moins forte d'ici 2035 et une accélération plus importante de 2035 à 2050.

C'est en fait la trajectoire la plus basse de ces scenarios énergétiques qui se confirme et PIEBîEM avait averti de ces tendances dans une note de mars 2024 versé dans le débat La Mer en Débat : Prévisions de RTE : aurons-nous vraiment besoin d'éolien en mer ?  lien 

En fait deux facteurs se conjuguent. D'une part, une demande augmentant moins vite que prévu, parfois pour de bonnes raisons (augmentation plus vite que prévu de l'efficacité énergétique, retour à la réalité dans le domaine de l'hydrogène et de l'électrification de la mobilité ) et pour d'autres plus inquiétantes ( sobriété subie ou même précarité énergétique, choix fiscaux encourageant peu le passage à l'électricité, retards dans la réindustrialisation). Globalement, le coût, les conséquences sociales (automobile) et les difficultés de la transition énergétique ont été sous-évalués. D'autre part, une production augmentant plus vite que prévu : sous-estimation de la production nucléaire et de ses possibilités d'évolution, prolongation plus importante et plus systématique des centrales nucléaires existantes, solaire). Enfin, les solutions énergétiques non électriques ( solaire thermique, géothermie…) semble avoir été sous-évaluées.

En conclusion, tout pointe vers des besoins électriques nettement moindres que prévus d'ici 2035…et donc à l'inutilité de l'éolien off shore, en dehors même de ses inconvénients pour le littoral, la vie marine et l'identité même de la Bretagne, ce qui est une bonne nouvelle ! Après 2035, le nucléaire pourra prendre le relais pour une transition énergétique réussie, soutenable économiquement et socialement, et plus respectueuse de l'environnement.

Thomas Veyrenc (Equilibre des énergies « Europe 2024-2029 »la décarbonation, des principes à l'action, 26 Mars 2024) : « À court et à moyen terme, il y aura de l'électricité pour tout le monde. Depuis 2010, la consommation d'électricité baisse en raison d'une meilleure efficacité énergétique, mais la société n'a pas encore largement adopté l'électricité comme principale source d'énergie et continue de consommer d'autres sources. La mobilité électrique ne consomme pas beaucoup d'électricité, moins que le chauffage actuellement »,