La nouvelle Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE3) , c’est (mal) parti !

21/11/2024

La PPE3 actuellement en discussion confirme les objectifs en matières d'Energies Fatales Intermittentes, en particulier dans l'éolien offshore : 18GW en 2035, 45 GW en 2050. Ce faisant, elle ne tient aucun compte des avertissements de RTE et de la DGEC sur le rythme plus lent que prévu de l'évolution de la demande électrique, ni du retour en forme du nucléaire, ni des avertissements de la Commission sénatoriale Prix de l'Electricité sur les défis techniques de l'éolien en mer et son coût insoutenable pour les industriels comme pour les particuliers qui conduira immanquablement à des destructions importantes d'emploi et à des difficultés sociales majeures. PIEBîEM dénonce un débat croupion au rabais, au mépris de la Convention d'Aarhus, qui n'est pas organisé par la CNDP, laquelle ne fournit que les garants,  et appelle quand même citoyens et élus à faire part de leur opposition à cette PPE hors sol. lien de la consultation

Un débat croupion et des ambitions climatiques confirmées, voire amplifiées

Le gouvernement a mis en consultation publique, lundi 4 novembre et jusqu'au 15 décembre, les deux outils de pilotage de la politique climatique et énergétique du pays : la 3e stratégie nationale bas carbone (SNBC) et la 3e programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). La première porte sur l'horizon 2030, la seconde sur 2035, et toutes deux visent l'atteinte de la neutralité carbone d'ici à 2050.

Une première différence avec les PPE précédentes est que la CNDP n'est plus responsable, depuis les lois ASAP (accélération des ENR) et de l'organisation du débat sur la PPE, alors que c'était une de ses missions importantes. Une autre différence est qu'il semble que ces textes seront adoptés par décret et ne feront pas l'objet d'une loi- ils pourront donc être plus facilement changés

Nous n'avons pas l'ambition de nous exprimer sur l'ensemble de cette consultation qui concerne l'ensemble des sujets de la politique énergétique- production énergétique, transports, bâtiment, agriculture, sobriété… Disons simplement que les ambitions climatiques de la France sont non seulement confirmées, mais durcies à court terme, sous influence européenne, et de façon assez irréaliste : la SNBC prévoit une baisse des émissions non plus de 40 % mais de 50 % entre 1990 et 2030,

La consommation énergétique de la France repose encore à près de 60 % sur les énergies fossiles - le gaz naturel étant à 21 % et le pétrole à 37 %-, ce qui dégrade notre déficit commercial (entre 25 et 80 milliards par an au cours de la décennie 2010 et plus de 100 milliards en 2022). En 2035, les énergies fossiles ne devraient plus représenter que 29 % de la consommation finale d'énergie. La production d'électricité décarbonée devrait passer de 390 térawatt-heures (TWh) à « au moins» 560 TWh en 2030 et 640 TWh en 2035.

Remarque : cette projection ne tient pas compte des dernières de RTE et de la DGEC qui admettent que l'électrification plus difficile, plus coûteuse et donc plus lente que prévue se situe davantage sur la trajectoire RTE de 2021, c'est-à-dire environ 450 TWh en 2035. Dans ces conditions, l'éolien en mer est inutile et après 2035 le nucléaire pourra prendre le relais pour une transition énergétique soutenable.

La production nucléaire : le nucléaire, principal vecteur de décarbonation

Le premier vecteur de décarbonation du mix énergétique français reste ses centrales nucléaires. Concrètement, la production d'électricité nucléaire devrait revenir à ses niveaux d'avant la crise industrielle d'EDF en 2022, soit 360 TWh (voire 400 TWh, selon l'ambition managériale d'EDF) au plus tard en 2030, avec 57 réacteurs en opération. L'EPR de Flamanville est inclus dans ce calcul. La construction de 6 EPR 2 est, elle, actée, celle de 8 supplémentaire est à l'étude, sachant toutefois que le premier EPR 2 ne devrait pas entrer en fonction avant au moins 10 ans.

1) Prolongation de la durée de vie des réacteurs : La PPE prévoit la possibilité de prolonger l'exploitation des réacteurs nucléaires au-delà de 50, voire 60 ans ; 2) Amélioration de la performance des réacteurs existants : EDF est encouragée à améliorer l'efficacité opérationnelle de ses réacteurs pour atteindre une production cible de 400 TWh d'ici 2030, bien que la PPE table sur une hypothèse plus conservatrice de 360 TWh. 3) Lancement de trois paires de réacteurs EPR2 : L'État confirme son soutien au déploiement de trois paires de réacteurs EPR2, avec une décision finale d'investissement d'EDF attendue au plus tard en 2026. ; 4) Études pour un éventuel programme nucléaire renforcé : Afin de préparer la future capacité nucléaire de la France, l'État envisage un second palier d'au moins 13 GW, soit environ huit réacteurs EPR2 supplémentaires jusqu'en 2026 ; 5 ) Encouragement des SMR et réacteurs innovants : La PPE vise la mise en service d'un premier béton pour un SMR à eau pressurisée, ainsi que le lancement d'au moins un prototype d'un réacteur d'une technologie différente d'ici 2030 ; 6) Poursuite de la stratégie de retraitement et de valorisation du combustible nucléaire ; 7) Stratégie de multirecyclage et développement des RNR ; 8) Création d'une filière européenne de conversion et d'enrichissement de l'uranium de retraitement (URT) ; 9) Maintien de la recherche dans le nucléaire .

LES ENR : on fonce dans le mur, mais on continue ! Les objectifs éoliens en mer ( 18GW en 2035 , 45 GW en 2050 , soit cinquante parcs confirmés !

Le ministère commence par reconnaître que les objectifs fixés par la précédente PPE pour le photovoltaïque, l'éolien terrestre et en mer n'ont pas été atteints – 21,6 gigawatts (GW) d'éolien terrestre étaient installés en juin 2023, contre un objectif de 23,2 GW, par exemple… mais garde néanmoins le même objectif de développement à marche forcée des ENR.

Les capacités d'éolien terrestre devraient être doublées pour atteindre entre 40 et 45 GW en 2035, l'éolien offshore passerait de 0,6 à 18 GW, et le photovoltaïque de 16 à une fourchette comprise entre 75 et 100 GW. La production de chaleur renouvelable, de biogaz ou encore de biocarburant doit aussi augmenter dans les mêmes proportions.

Plus précisément, parmi les recommandations : 1) Poursuivre le développement des parcs éoliens en mer sur les zones déjà identifiées et planifier dès 2024 le développement de l'éolien en mer sur les quatre façades pour avoir 18 GW en service en 2035, en envisageant un appel d'offres de 8 à 10 GW d'ici fin 2025, dès la finalisation des planifications de façade ; 2) Engager dès la finalisation des planifications de façade, avant la désignation des lauréats, la mise en place des raccordements des futures zones d'accueil ; 3) « Accompagner » les territoires et en particulier les maires présidents d'EPCI dans la démarche de planification des énergies renouvelables (ENR) inscrite dans la loi ; 4) Maintenir le rythme de développement minimal de l'éolien terrestre à 1,5 GW/an, avec l'objectif d'une répartition équilibrée entre les territoires et d'une juste répartition entre l'éolien terrestre et l'éolien en mer pour les besoins du système électrique.5) Porter le rythme de développement du solaire à au moins 5,5 GW/an, en visant 7 GW/ an,

Cette PPE 3, en ce qui concerne l'éolien, et plus spécifiquement l'éolien en mer, ne tient aucun compte des préconisations de la Commission Sénatoriale prix de l'Electricité considérant notamment l'éolien en mer comme un pari à haut risque et même intenable, surtout en raison de l'éolien flottant, constatant que les capacités industrielles sont insuffisantes et qu'il est impossible de tenir les objectifs ENR sans faire exploser les coûts du système électrique et recommandant de « décaler à l'horizon 2050 les objectifs que le Gouvernement affiche pour 2035. et qui, en toute hypothèse, ne seraient vraisemblablement pas atteint à cette date ».

Cette PPE3 ne tient aucun compte des avertissements de la DGEC et de la RTE sur les difficultés et la lenteur de l'électrification des usages qui fait que la demande d'électricité se situe davantage sur la trajectoire RTE de 2021, c'est-à-dire environ 450 TWh en 2035. Dans ces conditions, l'éolien en mer est inutile et après 2035 le nucléaire pourra prendre le relais pour une transition énergétique soutenable.

Cette PPE3 ne tient aucun compte des impacts négatifs du développement de l'éolien en mer, ni de l'équation économique impossible des Energies Fatales Intermittentes dévoreuses de subventions, alternant en périodes de surproduction pendant lesquelles l'énergie généré ne vaut rien, voire à a une valeur négatives, et périodes de production faible ou quasi-nulles, pendant lesquelles elles doivent être compensées par des sources pilotable

PIEBÎEM rappelle son opposition à un programme éolien en mer insensé de 45 GW, qui constitue une industrialisation à marche forcée de la mer côtière sans intérêt climatique dans le contexte français, dangereux pour la sécurité d'alimentation électrique, économiquement et socialement insoutenable, ravageur pour nos paysages littoraux et leur riche biodiversité avec des promesses fallacieuses d'emploi et de fortes dépendances étrangères et mettant en péril des activités comme la pêche côtière artisanale, le nautisme, le tourisme…

Nous appelons donc nos adhérents, nos concitoyens et les élus locaux, qui seront soumis à des pressions de plus en plus fortes des promoteurs éoliens et de l'Etat, à faire connaître leur opposition à cette PPE, notamment dans le cadre de la consultation CNDP  lien 

NB : Dans les documents fournis figure également un avertissement sur la criticité de certaines matières premières- tout ne sera pas possible et il y aura des choix à faire .( cf figure ci-jointe)