La sécurité dans les zones éoliennes en mer : un enjeu gravissime et un simulacre de simulation à Saint-Brieuc

23/10/2024

Le secteur éolien et la presse ont vanté la première simulation d'un accident naval dans la zone industrielle éolienne en mer ; une simulation bien gentille sur un cas pas trop compliqué-200 tonnes d'hydrocarbure ( Amoco Cadiz 230000 tonnes). La réalité, avec plusieurs accidents évités de justesse en Mer du nord est déjà beaucoup plus inquiétante. Si l'on poursuit dans cette folie climatiquement et électriquement inutile de 45 GW en mer, le retour de catastrophes d'une ampleur gigantesque est inévitable, ce n'est qu'une question de temps. Ceux qui en seront responsables auront des comptes à rendre.

Un petit accident simulé  à Saint-Brieuc ... et la prise de conscience d'un nouveau défi majeur 

Une première en France et il était bien temps ! Mardi 8 octobre 2024, un exercice Orsec (Organisation de la réponse de sécurité civile) a eu lieu dans le parc éolien en baie de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor). Organisé par la préfecture maritime (Premar) de l'Atlantique et Ailes Marines (gestionnaire du site), il a simulé une pollution causée par un navire

A la suite d'une erreur de navigation, un navire de 249 mètres dans le parc aurait déversé 200 tonnes d'hydrocarbures, laissant derrière lui une pollution sur une surface de 500 m de long et 100 m de large. Afin de donner plus de réalisme à cet exercice, de la paille de riz a été dispersée dans l'eau. Cet exercice a mobilisé 200 personnes sur l'eau, mais également sur terre

« Le produit disséminé s'épaississant au contact de l'eau de mer, il faille envisager, en relais, un chalutage pour le récupérer… Convient-il de demander du renfort, par exemple, à quatre bateaux de pêche armés pour le faire et-/ou d'activer les moyens antipollution d'Ailes Marines ? Les questions comme celles-ci s'enchaînent, y compris autour de la communication de crise. Le Préfet s'inquiète … des indications données aux collectivités littorales et aux îles anglo-normande. »

Conclusion 1) : « Quant au champ éolien, provisoirement déserté par les techniciens de maintenance mis en sécurité après la collision de la veille, il continue de produire, contrôlé à distance ». Ouf, on est vraiment soulagé. Enfin, il produit s'il y a du vent, mais à condition qu'il y ait suffisamment ( sinon pas de production), et pas trip ( sinon sur production d'une électricité à valeur négative dont personne ne veut)

Conclusion 2) : « La difficulté, c'est la nouveauté. L'arrivée plus nombreuse des parcs éoliens constitue un défi en matière de sécurité », indique le préfet maritime Jean-François Quérat.

En effet, et c'est un euphémisme, Monsieur le Préfet

Lien Télégramme  Lien Ouest France 

Et déjà une réalité bien plus inquiétante : la certitude de nouvelles marées noires 

200 tonnes d'hydrocarbure, c'est pas une alerte énorme. C'est même ridicule ! L'Amoco Cadiz c'était mille fois plus (223 000 tonnes de pétrole brut). Là, ça change complètement la donne…

Le 17 février 2022, deux bateaux, un pétrolier et un bateau cargo, se sont laissé dériver jusque dans des zones éoliennes, au large de la Côte belge et des Pays-Bas, dans l'attente de la fin de la tempête Eunice. Le cargo a finalement pu rentrer dans un port néerlandais mais le Maersk nimbus est, lui, bloqué dans le parc offshore belge. Plusieurs remorqueurs ont déjà tenté d'atteindre le pétrolier vendredi soir mais ont dû faire demi-tour en raison de la force des éléments. Le vent soufflait en effet à plus de 90 km/h (force de 10 Beaufort), tandis que les vagues atteignaient jusqu'à 10 mètres de hauteur. Un remorqueur néerlandais essaie à présent de dégager le Maersk nimbus, mais ce n'est pas évident d'entrer en contact avec le navire.

Il a fallu finalement deux remorqueurs pour dégager le Maersk nimbusdu parc éolien. Celui-ci contenait 31000 tonnes de carburant. Pas 200 ! Lien 

Et il n' y pas que le pétrole ! Un cargo en perdition occasionne des dégâts dans un parc éolien en Mer du Nord

Au passage de la tempête Malik, le vraquier Julietta D dont l'ancrage avait lâché, a percuté un chimiquier dans la zone de mouillage d'Ijmuiden, aux Pays-Bas. Après l'évacuation de l'équipage, le cargo en perdition a dérivé dans le parc éolien en construction Hollandse Kust Zuid où il a endommagé les fondations de la sous-station électrique et celle d'une turbine.

"On l'a échappé belle ce lundi 31 janvier dans la Mer du Nord au passage de la tempête Malik. Le Julietta D, un vraquier de 37 200 TPL battant pavillon maltais et appartenant à l'Alliance maritime, se trouvait au mouillage à Ijmuiden quand son ancrage a cédé. Voguant à la dérive, il a heurté le chimiquier de 13 000 TPL Pechora Star. Une voie d'eau s'étant ouverte dans la coque du navire, le capitaine a demandé l'évacuation de l'équipage. Les 18 marins ont alors été secouru à bord de deux hélicoptères. Sans pilote à bord, le cargo a continué à dériver pendant plusieurs heures entre les éoliennes en chantier du projet offshore Hollandse Kust Zuid." lien

Le retour de catastrophes géantes type marée noire ou pollution est purement et simplement une certitude si l'on continue avec ce programme insensé de 45 GW d'éolien en mer. Ceux qui auront laissé faire ça pour zéro bénéfice climatique seront bel et bien responsables et auront des comptes à rendre.

PIEBîEM rappelle son opposition à un programme éolien en mer insensé de 45 GW, qui constitue une industrialisation à marche forcée de la mer côtière sans intérêt climatique dans le contexte français, dangereux pour la sécurité d'alimentation électrique, économiquement et socialement insoutenable, ravageur pour nos paysages littoraux et leur riche biodiversité avec des promesses fallacieuses d'emploi et de fortes dépendances étrangères et mettant en péril des activités comme la pêche côtière artisanale, le nautisme, le tourisme…

Cf voir aussi sur la sécurité en mer et la sécurité militaire notre billet : « Amiral Oudot de Dainville: « Avec un simple bateau semi-rigide de type Zodiac, il est possible de s'en prendre à un parc éolien et d'y causer des dégâts… En définitive, il est plus facile d'assurer la sécurité d'une centrale nucléaire que d'un parc éolien, son équivalent à mer ». Lien