Le PDG d’EDF, le prix de l’électricité et l'éolien en mer -Atlantic Shores/Courseulles)
Le PDG d'EDF, Luc Rémont, avant même la fin d'un demi mandat dont la réussite dans la remise en forme de la production nucléaire a été justement saluée, a été remercié brutalement et sans élégance , à la surprise quasi-générale, par l'Etat. Un sujet : le prix de l'électricité, mais peut-être aussi paie-t-il le prix d'avoir dit certaines vérités sur justement, la responsabilité des énergies variables intermittentes sur ce prix. Un constat qui est loin d'être isolé… et par ailleurs EDF ENR est en train de se planter en beauté dans l'éolien en mer avec notamment Atlantic shores aux USA (900 millions de dépréciation et ) Courseulles sur mer en France ( au moins un an de retard, avec des incidences négatives majeures. Quelques éléments de rappel. 1) Luc Rémont : sécuriser le pilotable nucléaire, adapter les sources intermittentes à la demande ; 2)Haut Commissaire à l'énergie atomique : revoir à la baisse les objectifs ENR; 3) La SFEN : plus vous avez de renouvelables dans le réseau électrique, plus c'est cher; 4)EDF et éolien en mer : ça ne se passe pas bien et ça va coûter cher aux contribuables 4a) L'échec de Atlantic shores , un projet gigantesque qui fait plouf -900 millions de pertes ; 4b) A Courseulles sur mer, ça va de mal en pis ! un coup dur pour EDF et les pêcheurs
1)Luc Rémont : sécuriser le pilotable nucléaire, adapter les sources intermittentes à la demande
Le texte de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) mis en consultation par le gouvernement répond-il aux enjeux en matière d'électricité ? : Nous nous trouvons à un moment particulier. La demande d'électricité, qui détermine la production, n'a pas augmenté depuis vingt ans. Les conversions des usages se font à un rythme trop lent. Résultat : EDF produit plus que la consommation française et le pays exporte l'équivalent de la consommation belge. Quelles conséquences faut-il en tirer en termes de trajectoire ? Il faut selon moi sécuriser la pérennité de la production commandable, c'est-à-dire nucléaire et hydroélectrique, face à un système de plus en plus instable ; et adapter le rythme de développement des sources intermittentes, notamment du solaire, en fonction de la croissance de la demande. Il est impératif de tenir compte du coût du système, réseaux compris. Tous les investissements à venir vont bénéficier de garanties publiques. S'ils sont excessifs, cela aura des impacts budgétaires très élevés. Et à la fin, c'est l'utilisateur qui paiera, sur sa facture. C'est le débat que doivent avoir les pouvoirs publics. Il s'agit de préparer l'avenir et d'aligner les moyens financiers sur les priorités exprimées. Lien :
2)Haut Commissaire à l'énergie atomique : revoir à la baisse les objectifs ENR
Déclaration du Haut-Commissaire à l'énergie atomique qui a été qualifiée de pavé dans la mare « La « complémentarité » entre ENR et nucléaire repose toutefois sur un équilibre entre Energies renouvelables et nucléaire délicat à optimiser. La PPE3 est construite à partir de l'objectif européen « fit for 55 », la réduction de 55% des gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990. A cette échéance trop rapprochée pour permettre de déployer de nouvelles capacités nucléaires, la seule solution pour décarboner consiste à électrifier massivement tout en déployant des énergies renouvelables. Trop d'ENR conduiront cependant à un sous-emploi du nucléaire et à des surcoûts pour le consommateur et pour l'industrie. Ces coûts pourraient même être aggravés en cas de surproduction, si jamais la demande en électricité ne s 'avère pas aussi importante que prévue. Les raisons pour craindre un tel scénario ne manquent pas.
Les objectifs, extrêmement ambitieux, de croissance des ENR intermittentes, spécialement le photovoltaïque, devraient être revus à la baisse dans la PPE. Les ENR devraient aussi s'effacer davantage en cas de surproduction, de manière à consolider une complémentarité équilibrée entre nucléaire et ENR. » lien ; lien
3) La SFEN : plus vous avez de renouvelables dans le réseau électrique, plus c'est cher
La société française d'énergie nucléaire, habituellement silencieuse sur les ENR, commence aussi à monter au créneau face à l'impudence et au mensonge des promoteurs ENR : « Il faut savoir que de plus en plus de renouvelables dans le système électrique, ce sont des coûts qui montent, qui sont les coûts sur le réseau électrique c'est à dire plus vous avez de de renouvelable plus vous avez besoin de de réseaux d'investissements sur les réseaux électriques et plus vous avez aussi besoin de moyens en appel de flexibilité comme les moyens de stockage de modulation de la demande donc plus vous avez de nucléaire dans le système électrique, plus le coût total du système électrique sera compétitif " lien
4)EDF et éolien en mer : ça ne se passe pas bien et ça va coûter cher aux contribuables
4a) L'echec de Atlantic shores , un projet gigantesque qui fait plouf -900 millions de pertes
En février 2022, Shell et EDF avaient remportés les enchères pour la plus grande zone éolienne offshore aux USA, au large des côtes du New Jersey et de New York, soit 2000 km2 pour 2,8 GW soit environ 190 éoliennes.(Atlantic Shores)
Le 30 janvier 2025, Schell annonçait se retirer des projets Atlantic shores, sur la côte est des États-Unis, « Nous ne pensons pas que cela corresponde à nos capacités ni aux bénéfices que nous souhaitons « indiquait la directrice financière de Shell.
À la suite du retrait de Shell, Atlantic shores avait indiqué dans un communiqué ne pas pouvoir commenter sur les positions de ses actionnaires mais affirmait avoir toujours l'intention de continuer à progresser sur ses projets, sans que l'on sache si EDF reprenait le projet ou cherchait un autre partenaire.
Le vendredi 21 février, la filiale américaine d'EDF Renouvelables indiquait avoir passé avoir passé une dépréciation de 900 millions d'euros sur sa coentreprise d'éolien en mer avec Schell… Luc Rémont expliquait : « Il y a des évolutions significatives de la politique américaine sur l'offshore et cela nous conduit à réexaminer les développements que nous avons en cours sur l'offshore américain, et à prendre une position qui préserve l'entreprise vis-à-vis de ses développements futurs »
Dernier coup porté au projet, le 20 mars, le 14 mars une juge de la cour d'appel environnementale du New-Jersey acceptait la requête de l'agence de protection de l'environnement et d'associations locales d'opposants et retirait l'approbation de 2024 accordant à Atlantic shore le droit de commencer les travaux. Le permis autorisant les opérations de battage de pieux a été révoqué, car ne respectant pas plusieurs exigences procédurales touchant à la qualité de l'environnement, notamment de l'air. Du coup, le projet se porte de plus en plus mal, victime de ce que le media spécialisé Green univers a appelé un dangereux précédent établi aux USA.
C'est vrai ça, si on commence à réaliser les couts réels et les dommages environnementaux de l'éolien en mer, c'est effectivement un dangereux précédent ! lien ; lien lien ; lien
4b) A Courseulles sur mer, ça va de mal en pis ! un coup dur pour EDF et les pêcheurs
A Courseulles sur mer, ça va de mal en pis ! PIEBîEM a déjà parlé dans un fil d'actu récent du retard dans le forage des pieux Lien mais un article récent de France bleu fait le point et c'est encore plus instructif. Extraits
« Initialement prévue en 2024, la mise en service du parc éolien en mer du Calvados a été une première fois repoussée à l'été 2025. Mais le chantier a pris beaucoup de retard, à tel point qu'il faudra attendre un an de plus, au moins, pour espérer voir le parc commencer à produire de l'électricité…
« Un retard qui fait bondir les opposants, à commencer par l'association Libre horizons implantée dans le Bessin. "C'est un fiasco complet depuis mai 2024 parce que le sol normand résiste aux forages et sur les 64 éoliennes prévues, seulement quatre ont pu être creusées, détaille sa présidente, Elsa Joly-Malhomme. Il y a des gros problèmes techniques qui sont rencontrés par le bateau arrivé en mai 2024 et déjà reparti parce qu'il était attendu ailleurs. Le bateau n'a pas réussi à faire les trous nécessaires pour les éoliennes. En fait, c'est une technique que la société Saipem, spécialisée dans les forages pétroliers en mer, ne maitrise pas avec des forages beaucoup plus étroits, 50 centimètres à un mètre, alors que là ce sont des forages beaucoup plus importants, avec des diamètres de sept à neuf mètres. Techniquement, les éoliennes sont soumises à des forces considérables, il faut une fondation très stable mais le sous sol normand résiste." Libre horizons, dont deux recours sont toujours en cours, demande l'abandon du parc éolien du Calvados et son report vers un autre projet en centre Manche »
Ce retard est un coup dur pour les pêcheurs. "C'est une mauvaise nouvelle pour la pêche artisanale normande puisqu'elle subit des exclusions depuis l'automne 2023, explique Aline Meidinger, responsable du pôle environnement au comité régional des pêches. Donc ça veut dire des exclusions qui vont glisser dans le temps avec une perte de zone d'activité et une perte économique liées à ce retard. Le parc éolien de Courseulles est en pleine Baie de Seine, dans le plus gros gisement d'Europe de coquilles Saint-Jacques, c'est-à-dire des zones d'activités majeures pour la flottille de pêche artisanale normande. On peut potentiellement penser qu'il va falloir encore un an pour forer les 60 fondations restantes et après réaliser la pose des éoliennes, des câbles sans oublier la disponibilité des navires. On craint un glissement de calendrier de plusieurs années." Des pêcheurs qui, par ailleurs, s'inquiètent devant l'explosion du nombre de projets alors que l'impact sur la pêche n'est pas encore bien connu. Les retours autour de l'ouverture du premier parc éolien normand à Fécamp à l'automne dernier montreraient, pour l'heure, une baisse de l'activité.
En attendant, EDF Renouvelables se contente de dire laconiquement qu'elle ne fera pas de communication avant l'été. EDF est en train de perdre sa chemise, ou plutôt celle des contribuables Tout ça pour une électricité fatale intermittente à 138,7 euros /MW lien