Le premier Dunkeflaute de l’année ou ce qui arrive quand on compte trop sur les ENR

14/11/2024

L'hiver s'annonce mal avec les premières Dunkelflaute (pannes de vent) en Allemagne et sur toute l'Europe du Nord où les vents ont atteint un minimum historique décennal : 0,1% de la puissance installée en Allemagne – malgré l'éolien marin dont on nous vante la résilience. Avec des records d'émission de gaz à effet de serre (573g/kwh le 7 novembre) et des prix spots aussi records (800€/Mwh), et une situation tendue. 500 milliards d'euros en Allemagne investis pour des prix prohibitifs de l'électricité, une production zéro quand on en a le plus besoin et une décarbonation ratée, des risques de pénurie et d'effondrement du réseau, ce n'est pas un bon investissement. Sans compter les délocalisations industrielles : l'année dernière Michelin en Allemagne, cette année en France, à Cholet et Vannes.

Eolien : des records historiques à 0,1% de la puissance installée

L'hiver s'annonce mal avec les premières Dunkelflaute (pannes de vent) en Allemagne et sur toute l'Europe du Nord où les vents ont atteint un minimum historique décennal. Conséquence : L'éolien Allemand (70 GW installés, plus que le parc nucléaire Francais) produit à 0,1% de sa puissance installée. C'est à peine mieux chez les voisins: Danemark : 1,8% ; Pays Bas : 0,8% ; Belgique: 1,4% ; France: 3,3% GB : 15,4%.

Une remarque en passant : l'éolien n'offre aucune puissance garantie, strictement aucune, même avec de l'éolien marin dont on nous vante volontiers la résilience.. lien 

Face à cette situation l'Allemagne a du mobiliser toutes ces réserves et a notamment remis en route des vieilles centrales à fuel (quasiment le pire côté pollution) : avec des niveaux de production éolienne à leur plus bas niveau depuis 2014, l'Allemagne produisait 700 MW d'électricité à partir d'unités alimentées au mazout. Ce qui n'est pas sans influence sur les émissions de gaz à effet de serre

Conséquences sur l'effet de serre ou comment rater une transition énergétique

A certains moments critiques, 57% de l'électricité consommée en Allemagne provenait de ses centrales à gaz/charbon. Dans ces conditions, en une heure seulement, l'électricité allemande émettait 35 000 tonnes de CO2 (vs 4000 pour la française). En 6 jours seulement (2/11 au 7/11), l'électricité allemande a émis autant de CO2 que tous les vols intérieurs français pendant 365 jours, soit 3,6 millions tonnes . "Ne prenez plus l'avion pour sauver la planète » !

Le 7 novembre l'intensité CO2 de l'électricité produite par l'Allemagne était de 573g/kwh, contre 61 en France. Consolidée sur une année (2023), l'électricité allemande émet 7 fois plus de CO2, au kWh, que la française (371 g/kWh en Allemagne contre 53 en France), en dépit d'un investissement allemand de 500 milliards € dans les "renouvelables" intermittents.

Alors, qui est en retard ou en avance dans la transition climatique ? On copie sur eux ou pas ? :lien 

Conséquences sur les prix (stratosphériques) et l'autonomie énergétique

Typiquement, le mercredi 6 novembre 2024 à 18h, la demande de puissance a atteint environ 75 GW, dont 62,2 ont été produites sur place et 12,8 importés des pays voisins. Dans cette situation de pénurie, le prix spot a dépassé 800€/Mwh- 10 fois le prix habituel. Le 7 novembre, les Allemands importaient l'équivalent de la productions de quatre réacteurs nucléaires français :nous exportons et gagnons de l'argent, mais du coup, les prix augmentent aussi chez nous, avec une pointe des prix spots à 170€ du MWh hier soir.

Le pire s'est produit aux Pays-Bas dans la même période où il manquait faute de vent, de soleil et avec une interconnexion danoise hors ligne, près de 1400 MW au point le plus critique. Les Pays-Bas ont dû payer des prix d'équilibrage allant jusqu'à 2748 € par MWh. Et ils ont échappé à encore pire : à partir du premier décembre 2025 une mesure ajoutant un facteur de rareté au prix d'équilibrage sera mise en place ; si elle l'avait été dans la situation actuelle, pour un déficit de 1400 MW, le prix d'équilibrage aurait atteint… 21000 €/MWh. On voit vers quel abîme nous mène la politiqua actuelle. Source Montel

L'éolien, stop ou encore ?

Globalement, c'est un investissement de 500 milliards d'euros qui ne produit rien durant cette période, qui se met comme en grève. Et ces investissements sont de moins en moins rentables : alors que la capacité nominale de production est passée de 115 GW en 2000 à 242 GW, la production d'électricité , n'a pas varié, évoluant de 568 TWh en 2000 à ... 568 TWh en 2022, et de plonger à 505 en 2023.

Deux fois plus de puissance nominale qui produit la même quantité d'électricité, la conclusion est claire : Plus on ajoute d'éolienne (et de solaire,) moins ils sont productifs- et en fait se concurrencent (cannibalisation). Ce sont donc des investissements très peu productifs et la conséquence est claire : à monnaie constante, le prix moyen de l'électricité en Allemagne a été multiplié par 2,4 depuis 2000- alors qu'aux USA, il restait constant.

La comparaison est éclairante : si, au lieu de fermer 22 GW de nucléaire et de claquer 500 Mds dans des Energies Fatales Intermittentes particulièrement erratiques, l'Allemagne avait simplement remplacé les 48 GW de centrales charbon qu'elle comptait en 2000 par des centrales nucléaires, cela lui aurait coûté à peu près la moitié en investissement (et sans doute moins que ça, effet de production en série des réacteurs oblige), pour des usines capables de durer 60 ans contre 20 ans pour les Energies Fatales Intermittentes, et cela aurait permis à l'Allemagne de ne pas avoir à maintenir 38 GW de capacité-charbon (émettant 127 Mt de CO2, 21% des émissions allemandes), et presque autant en gaz (35 GW, pour 26 Mt d'émissions), pour pallier aux sautes d'humeur des renouvelables... Merci à XXCbenard pour un article Twter remarquables sur le sujet : Énergie: l'anti-modèle Allemand provoque une hécatombe industrielle en Europe lien 

Et les conséquences déjà très visibles sur la désindustrialisation : Volkswagen, Thyssen-Krupp, Vallourec, Stellantis, Renault, Airbus, Duralex. Et la contagion s'étend : l'année dernière, Michelin fermait sa plus ancienne usine allemande (800 emplois) parce qu'il ne pouvait plus supporter le coût des presses électriques qu'il venait d'installer. Et cette année, c'est Michelin en France qui ferme ses usines de Cholet et Vannes (1800 emplois).