Les cinquante ans du Conservatoire du Littoral : anniversaire ou enterrement ? Pourquoi est-il muet sur l’éolien en mer ?
2025 est le cinquantenaire de la création du Conservatoire du Littoral, une initiative qui s'inscrit dans un effort plus que centenaire de protection du littoral (l'IIe de Bréhat, premier site classé en 1907) et qui s'est avéré très utile. Or, ces efforts centenaires vont être annihilés par le développement de l'éolien en mer, transformant en vue sur zone industrielle la plus grande partie du littoral français, et le littoral Morbihannais en son entier. A quoi aura alors servi de le "protéger" ? PIEBÎEM s'inquiète et s'indigne du manque de réaction du Conservatoire du littoral sur ce sujet de l'éolien en mer . Quatre exemples emblématiques de sites « protégés » par le Conservatoire et qui seront dévastés par la zone éolienne Bretagne sud : Belle-Île : pointe des Poulains ; Groix- Pointe des chats ; le dolmen des pierres plates à Locmariaquer ; Hoëdic, le sanctuaire d'oiseaux
Cent ans d'efforts de protection des sites littoraux annihilés
Le Télégramme lien a consacré une série d'articles au Conservatoire du Littoral, dont 2025 marque le cinquantenaire de la création. Il y a 50 ans, la loi du 10 juillet 1975 actait la création du Conservatoire du littoral qui était destinée à sauvegarder les littoraux et les rivages lacustres dans un contexte d'urbanisation galopante. « L'approche du Conservatoire du littoral est basée sur l'acquisition foncière, en partenariat avec les acteurs locaux, afin de protéger et de valoriser ces espaces d'une richesse inestimable en les intégrant au domaine public et en les ouvrant à tous ». Une action qui s'est avéré efficace Aujourd'hui, le Conservatoire détient 19 % du littoral et en garantit l'accès à tous.
La création du Conservatoire du Littoral s'inscrit dans des efforts de protection datant de plus de 100 ans puisque l'île de Bréhat devenait en 1907 le premier site protégé et classé de France, en application de la loi de l'année précédente (21 avril 1906) sur « la protection des sites et monuments naturels, de caractère artistique et pittoresque ».
Dans le Morbihan, le Conservatoire du Littoral est propriétaire d'un peu plus d'un millier d'hectare. Le Télégramme lien propose un focus sur sept sites protégés autour de Vannes et Auray, dont les enjeux de conservation sont pluriels . Parmi ceux-ci figurent la pointe des Poulains à Belle- Île, le domaine des pierres plates à Locmariaquer, et Hoëdic.
Tout le littoral morbihannais sera sacrifié à l'éolien en mer y compris les sites protégés
Les services de l'Etat (DGEC) ont publié une étude paysagère qui confirme que la zone industrielle éolienne Bretagnes Sud (une quarantaine d'éoliennes de plus de 300 mètres de haut à proximité de Belle-Ile (19km), Quiberon et Groix se verra de Saint-Gildas-de-Rhuys au Pouldu et montre son impact direct et indirect sur le littoral du département. A Port Coton, immortalisé par Monet, et sur une grande partie du littoral morbihannais le soleil ne se couchera plus sur la mer, mais sur un horizon bardé d'éoliennes. Erdeven, Etel, les plages de Plouhinec, de Larmor, de Guidel, le tombolo de Gâvres, la citadelle de Port-Louis ou le tumulus Saint-Michel seront également fortement impactés. Cf notre note ci-jointe
Comme le sont déjà la presqu'île de Guérande, Batz sur mer, Pouliguen, Houat et même Belle-Ile par la zone éolienne de Saint-Nazaire – mais les éoliennes feront plus de 300 m. de haut au lieu de 175 pour Siant-Nazaire-Guérande
Belle-Île : pointe des Poulains – ce sera un massacre ! « Carte postale par excellence, la fréquentation du site est modérée grâce à la délimitation des chemins de promenade. Reste à trouver l'angle parfait pour capturer le phare des Poulains et la Villa de Sarah Bernhardt» explique Le Télégramme. L'angle parfait, il n' y aura pas besoin de le chercher, il aura disparu et, été comme hiver, quasiment tous les jours de l'année, la vue sur la pointe des Poulains sera une vue sur la zone industrielle Bretagne sud, dans sa totalité. Droit devant. Ce site soi-disant protégé aura disparu (cf vue gabarit jointe)
Groix- Pointe des chats : ce sera aussi un massacre ! Le phare de la Pointe des Chats appartient aujourd'hui au Conservatoire du Littoral qui a classé cette partie de l'île en réserve naturelle et lancé un programme de restauration du bâtiment en 2019. La pointe où il se situe constitue une réserve naturelle géologique protégée. On y trouve plusieurs types de minéraux (grenats, micaschistes, glaucophanes, épidotes…) inattendus. En 2017, un monument mégalithique a été découvert près du phare d es fouilles archéologiques du site ont eu lieu depuis 2020, les dernières en juin 2025 Et c'est clair : De la pointe des Chats à la pointe de Pen Men la zone éolienne industrielle Bretagne sud sera en quasi permanence visible en totalité, un enjeu de sensibilité « assez fort » reconnait la DGEC. (cf vue gabarit jointe)
Le dolmen des pierres plates à Locmariaquer – un enjeu patrimonial fort : « il surplombe l'océan…. C'est un témoin de la présence humaine sur la pointe du Verteil durant la période néolithique…. Le Conservatoire contribue, par l'achat de patrimoine bâti, à le faire perdurer à travers le temps. Locmariaquer, située dans le périmètre du Parc naturel régional du Golfe du Morbihan aura pleine vue sur la zone industrielle Bretagne sud ( à46 km) qui sera encore plus visible du domaine des Pierres Plates- l'enjeu patrimonial est signalé comme fort dans le document de la DGEC. (cf vue gabarit jointe)
À Hoëdic, plus d'espèces que d'hectares- Oui mais pour combien de temps encore ! Avec ses hivers doux et ses étés frais, l'île d'Hoëdic bénéficie de conditions climatiques particulièrement clémentes. Les gravelots, bécasseaux et autres tournepierre l'ont bien compris et y ont élu domicile. On les comprend : face aux dunes dorées d'immortelles, on est saisi par les contrastes qu'offre cet écrin de nature. Fin décembre, le site journée mondiale accordait une mention spéciale à l'intérêt ornithologique des îles d'Houat et d'Hoedic sous le titre : « cette île bretonne abrite le sanctuaire d'oiseaux le plus spectaculaire d'Europe », cf notre note lien
Sea-Shepherd considère le programme éolien en mer le programme éolien en mer comme « une menace imminente d'une ampleur telle qu'elle hypothèque l'avenir de la vie marine côtière ». La zone éolienne industrielle Bretagne sud se situe à forte proximité de quatre zones Natura 2000 et de deux réserves ornithologiques que fréquentent plus de 250 espèces différentes dont beaucoup figurent sur la liste rouge de l'UICN et certaines sont en très grand danger (Puffin des Anglais, Puffin des Baléares, Mouette tridactyle, Océanite tempête, Eider à duvet ...). Ce qui fait craindre une atteinte majeur à l'avifaune marine, d'autant que les oiseaux marins qui se reproduisent très lentement seront confrontés à des éoliennes d'une puissance inusitée sur lesquelles on ne possède aucun recul et à un effet cumul avec les autres parcs.
A PIEBÎEM, nous ne pouvons accepter que soient ainsi annihilé plus de cent ans de protection du littoral morbihannais et de sa biodiversité unique par sa richesse (sanctuaires d'oiseaux marins, migrations de cétacés, poissons en voies de disparition, coraux des mers froides, bancs de maërl, herbiers de zostères…), pour une production électrique hors de prix et menaçant même la stabilité du réseau électrique et la sécurité d'approvisionnement.
D'autant que nous savons maintenant que cette production intermittente et fatale d'électricité est inutile ! Comme rappelé notamment récemment par l'Académie des Sciences dans ses déclarations : " Avec des besoins en électricité de 508 TWh en 2035, aucune capacité supplémentaire de production électrique ne serait alors nécessaire, la production actuelle étant suffisante. Pourquoi, alors, envisager 200 TWh d'énergies renouvelables (EnR) supplémentaire. " … "L'Académie des sciences déconseille un développement précipité et massif des sources d'énergie non pilotables sur la base de prévisions de consommation surestimées."
L'appel aux élus du littoral ! Tous les projets éoliens en mer actuels sont situés devant des Grands Sites de France. lien
C'est pourquoi PIEBÎEM, avec d'autres organisations a signé un appel aux élus du littoral afin de stopper les projets éoliens en mer non commencés lien
Extraits : « La France a construit depuis des millénaires un patrimoine maritime et littoral unique dans le monde grâce à son histoire et la qualité exceptionnelle de ses 5500 kilomètres de côtes réparties dans 883 communes… Tous les projets éoliens en mer actuels sont situés devant des Grands Sites de France
Bretagne sud devant Belle -Île, les Dunes Sauvages de Gâvres à Quiberon et les mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan Unesco 202 - Dunkerque devant le Cap Gris Nez et Blanc Nez et les Dunes de Flandre - Le Tréport devant la Baie de Somme - Fécamp devant les aiguilles d'Etretat - Courseulles-sur-Mer au coeur des plages du débarquement - Saint-Brieuc devant les caps Erquy et cap Frehel ) - Saint-Nazaire devant les Marais salants de Guérande /Estuaire de la Loire ; Yeu-Noirmoutier (devant Plages et Dunes Noirmoutier Marais salants Noirmoutier
Les Impacts des Projets Éoliens en Mer : Comment nos gouvernements des 15 dernières années ont-ils laissé se fragiliser tous ces remparts de protection du patrimoine construits durant des décennies ? Comment les ont-ils détruits jour après jour et dilapidé ainsi les richesses naturelles construites par la nature et l'homme durant des millénaires au fil du temps et de l'histoire ? »