Les difficultés du secteur éolien offshore : 2024 s’est mal terminé et 2025 commence mal
1) USA : Shell se retire de Atlantic Shore abandonnant EDF Renouvelables...qui se trouve en mauvaise posture ; 2) Le Danemark interrompt les appels d'offres pour l'éolien en mer et va réviser son modèle de subvention ; 3) Pales éoliennes : Gurit, un des plus grands fournisseurs de moules pour pales d'éoliennes ferme des usines en Europe 4 ) Le PDG d'Orsted, Mads Nipper est licencié : situation de plus en plus difficile de l'industrie éolienne offshore ; 5) Vestas se sépare d'un homme clé dans l'éolien en mer, perd 5% en bourse et ferme une usine sur l'île de Wight ; 6) General Electric à Nantes et Montoir de Bretagne : licenciements massifs ( plus de 300 postes) ; 7) Taiwan : les syndicats de Chinese Steel protestent contre le financement forcé pour soutenir l'éolien offshore en faillite
1) USA : Shell se retire de Atlantic Shore abandonnant EDF Renouvelables
Atlantic Shores Offshore Wind est un partenariat éolien offfshore de 1,5 gigawatt entre Shell New Energies U.S. et EDF Renewables Inc et situé à environ neuf miles au large de la côte sud du New Jersey, près d'Atlantic City et du sud de l'île de Long Beach,.
A peine le bail confirmé en toute extrémité par l'administration Biden, Shell a déclaré se retirer du projet. Shell a annoncé une dépréciation de près d'un milliard de dollars sur son grand projet offshore du New Jersey, appelé Atlantic Shores Offshore Wind et se retire. « Nous ne pensons pas que cela corresponde à nos capacités ni aux bénéfices que nous souhaitons »
Les dirigeants d'Atlantic shore prévoient toujours d'aller de l'avant, mais le moins qu'on puisse dire est que les conditions ne sont pas nettes. Lorsqu'on lui a demandé si Atlantic Shores chercherait une nouvelle société pour s'associer à EDF Renewables et remplacer Shell, un porte-parole du projet a refusé de répondre.
Compte-tenu des incertitudes que l'administration Trump fait peser sur l'éolien en mer, il n'est pas certain qu'un partenaire soit trouvé facilement, et le prix auquel le bail, en totalité ou en partie, pourrait être vendu risque d'être fortement diminué. A Atlantic Shore, EDF risque de boire un sacré bouillon, et le contribuable français aussi. A moins que l'administration américaine ne renonce au projet. lien lien Aux dernières nouvelles, Engie et EDP suppléeraient au retrait de Shell dans le projet éolien en mer américain lien
2) Le Danemark interrompt les appels d'offres pour l'éolien en mer et va réviser son modèle de subvention
En avril 24, le Danemark annonçait triomphalement le lancement d'un appel d'offres pour l'installation de parcs éoliens en mer dans le but de produire six gigawatts en 2030, une initiative décrite comme la plus « grande de l'histoire » du pays. En décembre, le gouvernement annonçait le résultat du premier appel d'offre : zéro candidats ! cf notre fil d'actu Eolien en mer, rien ne va plus au Royaume de Danemark ! lien
Le gouvernement danois vient d'annuler la deuxième moitié de l'appel d'offres pour l'éolien offshore au Danemark et l'île d'énergie de Bornholm a officiellement été suspendue pour une durée indéterminée Malgré ses engagements et proclamations antérieurs selon lesquels l'éolien offshore fonctionnerait aux conditions du marché sans financement public, le ministre danois du Climat, Lars Aagaard, réclame aujourd'hui des subventions publiques pour soutenir l'éolien offshore au Danemark : "Notre évaluation actuelle est que nous pourrions avoir à soutenir l'éolien en mer. Cela ne nous réjouit pas, mais c'est nécessaire » lien
3) Pales éoliennes : Gurit, un des plus sous-traitants européen pour pales d'éoliennes ferme des usines en Europe
Le fabricant suisse de composite, qui est l'un des plus grands fournisseurs de moules et de noyaux pour pales d'éoliennes, ferme sa production en Italie. L'annonce n'indique pas combien d'employés devraient être touchés…
Peu avant Noël, Gurit a également décidé de fermer son usine danoise, qui a été acquise par Fiberline en 2022 et 2023, et la production de l'ancienne usine JSB à Ringkøbing a cessé en 2022. Les installations de production suisses européennes sont désormais limitées à Albacete et Falces Navarra en Espagne et à Newport au Royaume-Uni.
Le fournisseur a également produit auparavant pour les fabricants d'éoliennes chinois, mais il a trouvé de plus en plus difficile d'être rentable en raison de la concurrence chinoise. « Les volumes pour les fabricants de lames occidentales se sont stabilisés depuis le deuxième trimestre 2024, bien que certains aient dû faire face à des problèmes de qualité et aient travaillé sur leur inventaire. Les volumes pour les clients nationaux chinois ont considérablement diminué dans un effort d'augmentation des marges," écrit Gurit dans l'annonce pour sa division Matériaux éoliens. Lien
4) Le PDG d'Orsted, Mads Nipper est licencié : situation de plus en plus difficile de l'industrie éolienne offshore
"Le marché des énergies renouvelables a fondamentalement changé depuis janvier 2021 ( NB cela ne date pas de Trump donc !) . C'est la raison pour laquelle nous avons changé d'orientation et qu'il est temps pour Mads Nipper de se retirer… L'impact pour nos activités de la situation de plus en plus difficile de l'industrie éolienne offshore qui va des goulets d'étranglements de la chaine d'approvisionnement à l'augmentation des taux d'intérêts, en passant par l'évolution du paysage réglementaire signifie que nous avons changé d'orientation » a déclaré Lene Skole, présidente du Conseil d'Administration d'Orsted…
Charitablement, Lene Skole ne parle pas des très couteux abandons de projets aux USA, des usures prématurées de câbles sur les projets anglais…etc. Depuis le 8 janvier 2021, cet ex-champion de l'éolien offshore a perdu 80% de sa capitalisation. 100 euros investis début 2021 ne vaut plus que 20 euros aujourd'hui... lien
5) Vestas se sépare d'un homme clé dans l'éolien en mer, perd 5% en bourse et ferme une usine sur l'île de Wight
Après plus de 20 ans dans l'entreprise, Hans Martin Smith a décidé de quitter son poste de directeur financier (CFO) d'ici la fin de 2024. « je comprends sa décision d'essayer quelque chose de différent après 20 ans chez Vestas, dont trois années difficiles en tant que directeur financier à travers une période extraordinairement volatile et exigeante pour l'industrie et l'entreprise » a déclaré Hendrik Hendersen , Président . Cette décision a eu pour effet une perte immédiate de 5% du cours de l'action lien
Commentaire de Green Univers : une décision qui interroge alors que la France compte fortement sur l'éolien flottant. En effet !
Il faut dire que durant le premier trimestre 2024 Vestas, ex- numéro un mondial du secteur, a enregistré une perte de 75 millions d'euros contre un bénéfice de 16 millions sur la même période un an plus tôt…Vestas va également fermer partiellement son usine sur l'île de Wight - jusqu'à la moitié des 600 employés du site de Newport pourraient perdre leur emploi. Les pales que fabriquent l'usine ne correspondent plus aux standards actuels lien
6) General Electric à Nantes et Montoir de Bretagne : licenciements massifsNous avons déjà abondamment commenté les difficultés de GE dans l'éolien en mer qui l'ont conduit à geler ses activités éoliennes en mer pour trois ans ( pas de recherche de nouveaux contrats, ce qui peut présager un abandon total à court terme ) cf notre fil d'actu Montoir de Bretagne et Plan Social de GE en France : le lobby éolien ment , les élus dupes ou complices déroulent tapis rouge et subventions et ce sont les salariés qui trinquent lien
Après un conflit social très dur, les décisions finales tombent : « l 'annonce du géant américain, en septembre, d'un « plan de restructuration massif », prévoyant de sabrer 140 des 420 postes à l'usine de Montoir-de-Bretagne (près de Saint-Nazaire) et 220 sur les quelque 398 cadres et ingénieurs du bureau de Nantes, a eu l'effet d'une bombe. Depuis trois mois, salariés, soutiens et élus locaux sont mobilisés pour sauver les deux sites tricolores, en marge de négociations musclées qui ont été menées entre les organisations syndicales (CGT et CFE-CGC) et la direction, avant d'être prématurément suspendues, le 19 décembre, au vu de l'ampleur des mobilisations menées.
Entre-temps, le directeur de GE Vernova, la branche énergies du groupe, avait déclaré, en novembre, vouloir geler toutes ses recherches de commandes, attisant la colère des salariés épargnés par le plan social, sans aucune perspective au-delà de 2027, année de livraison des derniers contrats en cours aux États-Unis et en Angleterre… En janvier 2024, l'usine tournait à plus de 1 000 personnes avec les intérimaires, contre à peine plus de 400 un an plus tard. Finalement, après négociation, seul une trentaine d'emplois sur les 360 menacés auraient été sauvés. C'est une boucherie, malheureusement prévisible. lien
7) Taiwan : les syndicats de Chinese Steel protestent contre le financement forcé pour soutenir l'éolien offshore en faillite
Taiwan possède un large secteur semi-étatique d'entreprises autrefois nationalisées dans lesquelles l'Etat garde une part minoritaire (typiquement 20%) qu'il utilise pour orienter leur politique. C'est par exemple le cas de China Steel Company qui s'est vu taxée de 200 millions de dollars pour venir au secours de Singda Marine Structure, l'un des principaux acteurs de l'offshore taïwanais en faillite, sous pression du gouvernement taîwanais. Inquiets de ces décisions d'investissements imposées et qu'ils jugent injustifiées et dangereuses, et pour lesquels les politiciens qui ont pris la décisions n'auront jamais de compte à rendre, les travailleurs syndiqués de China Steel sont descendus dans la rue pour manifester contre l'aide au secteur éolien qu'on impose à leur entreprise. Une manifestation d'autant plus compréhensible que l'EDF local, Taipower, va de crise en crise à force de subventionner les ENR. Lien
Verra-t-on un jour les syndicats de la production nucléaire d'EDF manifester contre les investissements et pertes massifs d'EDF Energies renouvelables ?