Les élus de Belle-Île « réticents » face à la zone éolienne Bretagne sud- Et après?
Le 28 avril 2025, le Conseil Communautaire de Belle-Île (CCBI) a répondu au Préfet lui demandant son avis sur le cadrage préalable à l'étude d'impact du projet de parc éolien flottant. Il a réaffirmé ses « réticences vis-à-vis de l'implantation retenue pour le parc éolien en mer flottant Bretagne Sud » et évoqué les incidences économiques négatives sur le tourisme. PIEBÎEM publie le verbatim du Conseil Communautaire mais attend une réaction plus forte remettant réellement en cause la zone éolienne Bretagne sud dans la ligne naguère défendue par M. François Goulard. PIEBîEM souhaite que le CCBI poursuive son initiative de recours éventuels contre le projet annoncé en décembre 2024 et qu'il soit rejoint par de nombreux maires des îles et du littoral du Morbihan- la zone éolienne se verra de Saint-Gildas du Rhuys au Pouldu – face à un projet représentant une menace imminente d'une ampleur exceptionnelle contre les paysages et la vie marine côtière et électriquement inepte comme le prouve l'effondrement du réseau ibérique le 28 avril 2025. Les électeurs qui se prononceront lors des prochaines municipales ont besoin de positions claires.
Conseil Communautaire de Belle-île 28 avril : avis demandé sur le cadrage préalable à l'étude d'impact du projet de parc éolien flottant Bretagne sud
Verbatim : « Donc le préfet du Morbihan nous a transmis la note de cadrage préalable à l'étude d'impact environnemental pour le parc 1 - parce qu'il y en aura un autre- Pennavel en date du 3 mars 2025.
Le porteur de projet Pennavel sollicite ainsi l'autorité compétente pour lui permettre de prendre une décision sur le degré de précision des informations à fournir dans l'étude d'impact qui va être réalisée. Donc le préfet nous sollicite, Communauté de Commune, sur les précisions que nous souhaiterions voir intégrer à cette étude d'impact en tant que collectivité intéressée au regard des incidences environnementales notables du projet sur notre île.
Donc il conviendra rappeler la réticence que nous avons affirmée tant au niveau de nos conseils municipaux qu'ici au sein du Conseil Communautaire vis-à-vis de l'implantation retenue pour le parc éolien en mer flottant Bretagne Sud. Ce sentiment voire cet avis affirmé publiquement et auprès de l'Etat a d'ailleurs fait l'objet d'une motion relative à la localisation du projet éolien flottant au sud de la Bretagne approuvé fin 2022.
Donc cette réaction, elle trouve son essence dans l'attachement historique de nos quatre communes et de notre Communauté de Communes à la préservation des paysages dont l'île tire son nom et sa notoriété. Depuis 1976, nos collectivités ont un engagement fort dans ce domaine et cela s'est traduit récemment par l'approbation du plan paysage, approuvé ici en mars 2025, établi en collaboration avec les services de l'Etat dans le cadre -rappelez-vous- d'un appel à projets qui avait été soutenu par le ministère de la transition écologique.
Et aujourd'hui la proximité de ce projet industriel et éolien flottant induit un risque de perturbation paysagère irrémédiable et dommageable pour notre ile vis-à-vis du paysage classé patrimonial national au titre du site inscrit et classé, vis-à-vis d'un paysage artistique patrimonial de renommée internationale valorisé et fondant l'attrait de certains sites, vis-à-vis d'un paysage littoral fondant l'attractivité touristique de l'île et donc son économie et vis-à-vis d'un paysage de haute valeur du lieu de vie participant à l'acceptation des contraintes liées à l'insularité.
Donc on regarde les éléments présentés dans la note de cadrage préalable, la communauté de commune propose de préciser qu'elle souhaiterait une prise en compte réelle des éléments suivants :
- les impacts paysagers diurnes du parc éolien depuis le site classé de Belle-Ile qui est monument historique classé inscrit concerné, les sites abritant un intérêt artistique et patrimonial majeurs, les sites ayant fait l'objet d'aménagements valorisant le panorama. Cette dimension interrogera alors l'implantation des éoliennes, leur alignement, leur couleur et leur physionomie ; je rappelle qu'elles seront positionnées à moins de 20 km des côtes de l'île à avec une hauteur de plus de 260 mètres
- les impacts paysagers nocturnes aussi pour ce parc éolien depuis toujours notre site classé et cette dimension interrogera alors les dispositifs lumineux utilisés pour signaler le parc, on le voit déjà avec les autres,
- mais aussi les impacts écologiques directs et indirects sur le site Natura 2000 et les enjeux de conservation à terre mais surtout en mer avec l' Aire Marine Protégée et au-delà. L'étude devrait intégrer tous les critères nouveaux qui émergerait des analyses conduites dans ce cadre.
Voilà ce qu'on vous propose d'apporter comme l'élément à la demande d'avis du préfet du Morbihan. Avis favorable à l'unanimité »
PIEBÎEM attend une réaction plus forte remettant en cause la zone éolienne Bretagne sud
Notre commentaire : consultés par le Préfet, les élus de la CCBI confirment leur désaccord avec la situation actuelle de la zone éolienne industrielle de Bretagne sud (AO5 et AO9) et s'inquiètent de perturbations paysagères irrémédiables et dommageables remettant en cause un paysage littoral fondant l'attractivité touristique ainsi que des impacts écologiques directs et indirects avec les aires marines protégées et la zone Natura 2000. Fort bien.
Un point au moins manque, celui des impacts météorologiques et courantologiques de la zone éolienne : Les effets de ralentissement du vent d'un parc éolien offshore peuvent s'étendre jusqu'à 100km. Selon certaines études, un grand parc éolien serait l'équivalent d'une petite chaine de montagne. (Norcowe -Norwegian Centre for Offshore Wind Energy). Cela n'est pas sans effet sur le climat local, le régime des vents, les précipitations, la rugosité de la surface de la mer, la stabilité atmosphérique, les flux de chaleur, la stratification des couches d'eau et les courants…
Mais nous sommes inquiets de cette réponse à la demande d'avis du préfet qui semble accepter la zone éolienne Bretagne sud, et dans sa configuration actuelle que l'on prétend par ailleurs refuser ; les élus parlent ensuite de mesures qui sont en réalité des mesures de réduction des risques et de compensations, pas de remise en cause du parc.
PIEBÎEM s'était félicité de la demande par la CCBI d'un avis juridique contre Bretagne Sud : lors d'un conseil tenu le 16 décembre 2024, les élus (les quatre maires de Belle-Île et la Communauté de Commune de Belle-Île ) ont déclaré se regrouper pour demander un avis juridique ayant pour objet l'opportunité de recours contre les projets de parcs éoliens flottants au sud de la Bretagne. Lien Qu'est devenue cette démarche ? Les élus de la CCBI sont-ils décidés à poursuivre cette voie et à remettre en cause la zone éolienne elle-même ?
Nous attendons donc la suite – et une position claire. Et les électeurs qui auront à se prononcer lors des prochaines municipales aussi.
Nous sommes face à un projet unique par la sévérité de ses atteintes à un patrimoine paysager exceptionnel : aiguilles de Port Coton peintes par Monet, Pointe des Poulains, l'Apothicairerie, Port Donnant, Fort Sarah Bernhardt ;
Nous sommes face à un projet qui place une zone industrielle éolienne face à de sites mégalithiques exceptionnels, enfin en voie de reconnaissance par l'Unesco. N'y-a-t-il pas une contradiction ?
Nous sommes face à un projet unique par la sévérité de ses atteintes aux fonds marins d'une richesse exceptionnelle - c'est une conséquence du choix d'éoliennes flottantes - bancs de coraux des mers froides, habitats uniques et exceptionnels par leur densité et leur beauté et protégés, bancs de maërl, herbiers de zostère et leurs richesses extraordinaires en terme de nourriceries de poissons, crustacés, pennatules et leurs terriers de langoustine (45 millions estimés dans la zone), et les vasières à haploops, nourriceries exceptionnelles – les densités les plus élevées au monde…etc.
Nous sommes face à un projet en forte proximité de quatre zones Natura 2000 et de deux réserves ornithologiques que fréquentent plus de 250 espèces différentes dont beaucoup figurent sur la liste rouge de l'UICN et certaines sont en très grand danger ( Puffin des Anglais, Puffin des Baléares, Mouette tridactyle, Océanite tempête, Eider à duvet ...)
Nous sommes face à un projet qui décimera oiseaux, cétacés, poissons, chauve-souris- les 59 autorisations de destruction d'espèce protégées de Saint-Brieuc seront largement dépassées. Et ceci sans prendre en compte l'effet cumulatif avec les sones éoliennes avoisinantes.
Au surplus, nous sommes face à un projet insoutenable économiquement et socialement, électriquement inepte car mettant en cause la stabilité du réseau électrique et la sécurité d'alimentation comme le montre l'effondrement total des réseaux espagnols et portugais ce 28 avril.
Les électeurs qui se prononceront lors des prochaines municipales ont besoin de positions claires !