Les ENR dans la tourmente ? Plutôt face à la rationalité scientifique, technique, économique, à leurs impacts et à leurs coûts complets.
Enfin un article du Monde qui commence à remettre en cause les dogmes tels que « nous avons besoin des ENR » ou la « fameuse complémentarité nucléaire/ENR. « Les énergies renouvelables dans la tourmente en France après la panne d'électricité géante espagnole : La montée en puissance de l'éolien et du solaire, alors que la demande ne suit pas à la même vitesse, pose de nombreux défis pour la gestion du réseau électrique, du parc nucléaire et des finances publiques. » lien. Pour autant, si cet article remet enfin en cause certains dogmes ou éléments de langages avancés par les lobbyistes des ENR, à notre avis, il s'arrête en chemin en n'en tirant pas toutes les conclusions et induit en erreur lorsqu'il affirme que "les prix négatifs sont surtout un problème pour les producteurs". La réponse de PIEBÎEM (proposée au Monde)
La « fake news » de la complémentarité nucléaire/ENR
Ainsi le fameux dogme de la complémentarité nucléaire/ENR fatales intermittentes. Les déclarations de M. Luc Rémont, de l'inspecteur général pour la sûreté nucléaire (et on aurait pu y ajouter celles du Commissaire à l'Energie atomique) sur les conséquences économiques, techniques et de sécurité de la modulation rapide et intense que l'augmentation des ENR impose au nucléaire sont indiquées. Le mercredi 10 avril 2024, le PDG d'EDF Luc Rémont déclarait devant le Sénat : « si l'arrêt des réacteurs doit devenir la norme, on rentre en territoire inconnu. » Quatre jours plus tard, EDF a dû arrêter cinq réacteurs nucléaires en raison d'une forte production ENR et d'une demande faible. En fait, nous sommes en territoire inconnu en ce qui concerne les effets sur les centrales, mais pas en ce qui concerne le système électrique : c'est le territoire de constructions massives de centrales au gaz de dernières générations, comme en Allemagne et au Royaume-Uni, seules capables d'assurer le suivi de charge des ENR avec des variations de charges aussi importantes et rapides, ce qui n'est ni bon pour le climat, ni pour l'indépendance nationale.
La fake news du besoin des ENR d'ici 2035
Ainsi, les avertissements de l'Académie des Sciences sur la volatilité accrue des prix de l'électricité, avec des périodes de plus en plus fréquentes de prix très élevés et de prix négatifs » sont mentionnés ; mais il aurait peut-être fallu y ajouter ses préconisations exprimées notamment dans son cahier d'acteur sur la PPE3 : « Avec des besoins en électricité de 508 TWh en 2035, aucune capacité supplémentaire de production électrique ne serait alors nécessaire, la production actuelle étant suffisante. Pourquoi, alors, envisager 200 TWh d'énergies renouvelables (EnR) supplémentaires » « L'Académie des sciences déconseille un développement précipité et massif des sources d'énergie non pilotables sur la base de prévisions de consommation surestimées. »
La fake news : les prix négatifs ( valeur négative de l'électricité générée) ça fait baisser les prix et c'est surtout un problème pour les producteurs
Ainsi est citée la réaction de l'ONG Action Climat qui, assumant « une surproduction temporaire »,affirme que « cette situation fait baisser les prix et doit encourager l'électrification. » Affirmation surprenante : les productions à prix négatifs (et plus largement au-dessous du coût de production) ne font pas baisser les prix, elles les augmentent au contraire puisqu'il s'agit de productions à perte qui doivent être compensées. Et ainsi s'enclenche un cercle vicieux : plus de productions à perte, plus le coût de l'électricité augmente, plus la demande diminue (les industries s'en vont…), plus il y a d'épisodes de productions à perte- le cercle de la désindustrialisation, de l'appauvrissement, de la précarité énergétique, de l'énergie chère.
Il est au surplus affirmé dans l'article que « Les prix négatifs sont surtout un problème pour les producteurs, qui vendent à perte ». Sauf écrêtement obligatoire, qui sera alors financièrement compensé (en France, dans d'autres pays européens, tel n'est pas le cas), encas de surproduction, les parcs éoliens en mer, deSaint-Brieuc et Saint-Nazaire, par exemple, continuent à vendre leur production aux environs de 155€/MW. Le gestionnaire du petit parc éolien d'Andilly (Charente Maritime) régulièrement à l'arrêt ces dernières semaines, affichait ainsi récemment une certaine décontraction: «Le contrat signé pour nous fait que nous sommes tout de même rémunérés. C'est sans conséquences financières) ». (A Andilly, les éoliennes ne tournent plus, victimes d'une surproduction d'électricité en France, France Bleu 16 mai 2025) Ce sont en fait les contribuables ou les consommateurs qui paientet le coût de l'électricité qui explose.
Et, question peu abordée dans l'article, les coûts justement : avec de l'éolien en mer à 130 €/MWh (dernière attribution US), de l'éolien flottant à 250€/MWh (dernière attribution UK) , ceci comprenant le raccordement direct, mais pas les autres extensions de réseau, les coûts de gestion et de congestion de réseau, le stockage éventuel, le back-up, les productions à perte, les travaux portuaires…, comment espère-t-on réindustrialiser quoi que ce soit ? La solution, c'est évidemment un moratoire immédiat sur l'éolien en mer, si mal adapté aux côtes française, pentues et rocheuses, particulièrement en Atlantique et Méditerranée.
La fake news « on ne connait pas la cause du black-out espagnol »
Enfin, reste la question de la stabilité du réseau qui n'est plus assurée par des productions ENR dépourvues d'inertie. Quel que soit l'incident déclencheur, c'est la cause structurelle du black-out espagnol et les avertissements des gestionnaires de réseau notamment britanniques et nordiques assurant fonctionner de plus en plus en limite des spécifications de fréquences n'ont pas manqué. Le problème n'est pas résolu industriellement. Les interconnexions ? Suédois et Norvégiens ont récemment refusé de nouvelles interconnexions avec l'Allemagne, expliquant qu'ils n'entendaient pas importer ses problèmes chez eux.
Il est donc enfin temps de remettre radicalement en question le programme EnR (et tout particulièrement les 45 GW d'éolien en mer de la PPE actuelle) en évaluant ses coûts complets et l'ensemble de ses impacts, dans une approche basée sur les faits et la science, et non l'idéologie ou les intérêts particuliers. Ce que PIEBÎEM n'a cessé de demander auprès de la Représentation Parlementaire, de l'OPECST, de la CRE, de la Cour des Comptes… C'est pourquoi également PIEBIEM s'est associé au mouvement national organisé par RETM (Réseau Energies Terre&Mer), Vent des Maires et Vent de Colère le 24 mai pour demander un moratoire sur l'éolien terrestre, l'éolien en mer et les champs solaires en zone agricole.