Les Pays-Bas, confrontés à la crise des ENR, diminuent fortement (40%) leurs objectifs éoliens en mer
Les Pays-Bas sont confrontés à une crise de l'électricité, avec des rationnements pour les industriels et les particuliers, des délais de raccordements insupportables et une explosion des coûts insoutenables. En cause principalement les coûts de connexion et de réseau des ENR jusqu'ici négligés. Les objectifs éolien en mer sont baissés de 40% . Concernant un pays 13 fois moins étendu et 4 fois moins peuplé que la France, le chiffre de 200 milliards € investissements pour le réseau et ses conséquences sur les coûts interroge sur les projections de RTE et Enedis pour la France et, couplé avec l'évolution réelle de la demande électrique, justifie un moratoire sur l'éolien et le solaire. 1) Les Pays-Bas vont réduire leurs ambitions éoliennes offshore de 40 %, 2) Le modèle économique de l'éolien en mer en péril et insoutenable sans subventions ; 3)Pays-Bas : le paradis des renouvelables est devenu un enfer ; 3a) Le développement des ENR a conduit à la pénurie électrique… faute de réseau : 3b ) La vérité des coûts ne peut plus être cachée … 200 milliards pour le réseau d'ici 2040 ; 4) Aujourd'hui les Pays-Bas, demain la France confrontée à un coût insoutenable de l'électricité ?; 5) PIEBÎEM: ENR et coûts de réseau- 200 milliards en France vraiment – le moratoire ENR indispensable ?
1) Les Pays-Bas vont réduire leurs ambitions éoliennes offshore de 40 %,
Le gouvernement néerlandais sortant a déclaré qu'il réduirait ses ambitions de constructions de nouveaux parcs éoliens en mer du Nord. La ministre néerlandaise du Climat et de la Croissance verte, Sophie Hermans, a considéré que les objectifs précédents pour l'énergie éolienne en mer n'étaient « plus réalistes ». Elle indique abandonner l'objectif de 50 GW en 2040 pour se fixer un seuil à 30 GW avec la possibilité d'aller jusqu'à 40 GW. Le plan met également en péril l'objectif précédemment déclaré de 70 GW d'éolien offshore d'ici 2050.
« La situation du marché international de l'énergie éolienne offshore est très difficile « Les coûts ont augmenté, tandis que l'électrification de l'industrie progresse plus lentement que prévu, ce qui entraîne une plus grande incertitude quant à la demande future d'électricité renouvelable. En cause également, la bulle hydrogène : .les gouvernements et les développeurs s'attendaient à ce que la production d'hydrogène vert à partir de l'électricité entraîne un boom de la demande, ce qui n(est pas envoie de se produire le gouvernement néerlandais présentera en septembre des objectifs recalibrés pour l'éolien offshore et l'hydrogène en mer avec une trajectoire de déploiement plus réaliste qui correspond à la manière dont la transition énergétique se développe et plus d'informations sur les nouvelles prévisions de demande d'électricité renouvelable et d'hydrogène.
Il s'agit du dernier revers en date pour le secteur de l'éolien offshore, qui a vu ses perspectives assombries par la flambée des coûts ces dernières années, et, par exemple, l'échec total du dernier appel d'offre danois.
2) Le modèle économique de l'éolien en mer en péril et insoutenable sans subventions
Non seulement les objectifs éoliens en mer sont drastiquement revus, mais le modèle économique hollandais de l'éolien en mer est radicalement remis en cause. Les parcs éoliens offshore du pays sont pour la plupart construits sans subventions et sont généralement soutenus par des contrats entre les producteurs et les utilisateurs industriels. Mais la demande pour de tels accords a diminué et la ministre présentera des plans modifiés pour les futurs appels d'offre…incluant des subventions pour les rendre plus attractifs, sans quoi ils courraient à l'échec.
Indicateur de la mauvaise santé du secteur, BASF SE a enregistré une perte de 300 millions d'euros (350 millions de dollars) lorsqu'elle a cédé une participation dans un parc éolien offshore néerlandais qu'elle avait acheté un an plus tôt. La décision a été prise après que la société a constaté que la consommation d'énergie serait probablement plus lente que prévu.
Au-delà de l'éolien en mer, les Pays-Bas vont vers une remise en cause drastique de leur modèle énergétique fortement basé sur les ENR parce que, comme l'Allemagne, ils ont ignoré ce fait basique que les ENR ( et c'est particulièrement vrai pour l'éolien en mer) sont très exigeantes en réseau électrique.
3) Pays-Bas : le paradis des renouvelables est devenu un enfer lien
3a) Le développement des ENR a conduit à la pénurie électrique… faute de réseau
Des milliers d'entreprises et de ménages attendent de se connecter au réseau néerlandais, obligeant les opérateurs de réseau à rationner l'électricité,... Plus de 11 900 sites attendent d'être raccordées au réseau électrique, et parmi eux des bâtiments publics : des hôpitaux, des casernes de pompiers ainsi que des milliers de nouvelles maisons.
Des responsables et des entreprises néerlandaises ont déclaré que les longues attentes pour les connexions freinaient la croissance économique et pourraient forcer les entreprises à repenser leurs plans d'investissement.
Dans certaines régions (notamment le sud, autour de Eindhoven/Brainport), les entreprises existantes sont rationnées, avec des heures où elles doivent réduire ou couper leur consommation pour éviter de surcharger le réseau. En conséquence, la région de Brainport, près d'Eindhoven, a perdu des investissements parce qu'elle a dû rationner l'approvisionnement en électricité- c'est la région qui abrite entres autres ASML, le fabricant des machines de fabrication de puces et tout un cluster lié ... Dans certaines régions, les nouvelles connexions ne seront pas possibles avant le milieu des années 2030 ; le temps d'attente pour connecter de nouveaux data centers ou autres industries est estimé à 10 ans.
3b ) La vérité des coûts ne peut plus être cachée … 200 milliards pour le réseau d'ici 2040
Pour fournir la capacité de réseau requise, le gouvernement néerlandais estime le niveau d'investissement nécessaire dans les câbles et les nouvelles sous-stations à environ 200 milliards d'euros d'ici 2040. Une partie de cette somme pourra être financée par la vente de la section de Tennet du réseau électrique allemand à des investisseurs privés, qui est évaluée à environ 20 milliards d'euros. Mais la plus grande partie devra être couverte par les consommateurs. Pour couvrir les investissements nécessaires, les taxes d'acheminement devraient augmenter chaque année jusqu'en 2034 d'une moyenne comprise entre 4,3 et 4,7 % en termes réels, selon une présentation de Tennet
Or, les Pays-Bas ont déjà l'un des coûts de l'électricité les plus élevés d'Europe occidentale en raison des goulets d'étranglement du réseau. Les prix mensuels sont, par exemple, supérieurs d'environ 30 euros par mégawattheure à ceux de la France, selon les données d'Ember. La question se pose donc sérieusement de la soutenabilité économique et sociale d'un tel système. En plus, les gestionnaires de réseau estiment manquer de 28 000 techniciens pour installer les infrastructures nécessaires, dont ils se demandent où les trouver !
4) Aujourd'hui les Pays-Bas, demain la France confrontée à un coût insoutenable de l'électricité ?
Le gouvernement néerlandais nous a averti charitablement : la crise qu'ils subissent est un indicateur précoce de ce que d'autres pays européens sont susceptibles de subir à mesure du développement des ENR
En Allemagne et au Royaume uni, le délai de connexion de grosses implantations industrielles est de 5 à 7 ans, et l'Irlande a mis en pause jusqu'en 2030 l'installation de nouveaux data centers. « La Belgique est en difficulté. Le Royaume-Uni est en difficulté. En Allemagne, il y a beaucoup de problèmes parce qu'en Allemagne, tout le vent est au nord et la demande est au sud. »
Se pose également un problème de sécurité du réseau : « dans l'intervalle, le ministère néerlandais de l'Énergie et les opérateurs de réseau cherchent des moyens d'augmenter en toute sécurité la charge sur le réseau sans provoquer de pannes comme celle qui a traversé la péninsule ibérique en avril »
5) PIEBÎEM: ENR et coûts de réseau- 200 milliards en France vraiment ? le moratoire ENR indispensable
L'expérience hollandaise, après l'Allemagne, le Royaume-Uni… confirme que le développement des ENR électriques non pilotables (et c'est particulièrement vrai pour l'éolien en mer) entraîne un coût de l 'électricité insupportable économiquement et socialement, notamment en raison du coût de développement des réseaux. Le chiffre de 200 milliards publié par le réseau hollandais interroge s'agissant d'un pays 13 fois moins étendu et 4 fois moins peuplé que la France et laisse craindre que les prévisions de 200 milliards de RTE et Enedis pour la France ne soient malgré tout trop basses.
L'exemple des Pays-Bas après l'Angleterre et l'Allemagne, couplé à la stagnation de la demandé électrique en France doit être pris en compte : le moratoire sur les ENR électrique, éolien et solaire, d'abord voté, puis abandonné à la suite du rejet de la loi PPE par l'Assemblée était une mesure de bon sens, qu'il convient de remettre dans la discussion.