Lettre ouverte de PIEBÎEM aux Sénatrices et Sénateurs avant le débat PPE3
S'appuyant entre autres sur les préconisations de l'Académie des Sciences quant à l'évolution de la demande électrique qui ne nécessite aucune production supplémentaire d'ici 2035, en particulier 200 TWH d'ENR supplémentaires, et souligne les graves inconvénients économiques et techniques d'une surcapacité d'électricité variable, fatale et intermittente, PIEBÎEM demande l'arrêt des programmes éoliens en mer, la détermination de leurs coûts complets et externalités négatives et dénonce les fausses promesses d'une filière hautement subventionnée. et ... à valeur ajoutée essentiellement chinoise.
Madame la Sénatrice, Madame, Monsieur le Sénateur,
Vous allez avoir à vous prononcer sur un texte engageant la politique énergétique de la France sur les dix prochaines années.
L'Assemblée Nationale, avant de le retirer, avait voté un amendement proposant un moratoire, notamment sur l'éolien en mer, « qui restera en vigueur pendant toute la durée nécessaire à la réalisation d'une étude objective et indépendante visant à « déterminer le mix énergétique global pour la France sur les plans économiques et environnemental. »
Notre association PIEBÎEM (Préserver l'Identité environnementale de la Bretagne sud et des Îles contre l'Eolien en Mer) a soutenu cet amendement et vous demande de rétablir au moins une disposition équivalente annulant tout nouvel appel d'offre éolien en mer avant évaluation des coûts complets et externalités négatives de cette méthode de production d'électricité fatale, massivement variable et intermittente.
Nous souhaitons attirer votre attention sur les points suivants :
1) Cette disposition répond aux préconisations de l'Académie des Sciences, exprimées notamment dans son cahier d'acteur PPE3 : « Avec des besoins en électricité de 508 TWh en 2035, aucune capacité supplémentaire de production électrique ne serait alors nécessaire, la production actuelle étant suffisante. Pourquoi, alors, envisager 200 TWh d'énergies renouvelables (EnR) supplémentaire ? » … L'Académie des sciences déconseille un développement précipité et massif des sources d'énergie non pilotables sur la base de prévisions de consommation surestimées.
Or ces 200 TWh supplémentaires figurent encore dans la dernière version de la PPE « Gremillet ».
2) De fait, la situation est encore plus pathologique : plus nous générons de productions à perte (surproductions, épisodes de prix négatifs), plus le coût de l'électricité augmente, plus l'électrification des usages ralentit... et plus nous générons de production à perte. C'est un cercle vicieux de la désindustrialisation et de l'énergie chère pour tous, déjà à l'œuvre en Allemagne.
3) Prétendre créer une filière française de l'éolien en mer, dont nous n'avons nul besoin ni à court, moyen ou long terme, ultra subventionnée, c'est créer une rente de situation au profit du lobby éolien et au détriment des particuliers et des industries qui ont besoin d'une électricité de base abondante, bon marché, pilotable, disponible 24h/24- les processus industriels ou le numérique ne supportent pas l'intermittence ! On ne réindustrialisera rien avec de l'électricité à 150- 185 €/MWh (éolien posé de Saint-Brieuc, Saint-Nazaire, Fécamp) qui est payée même lorsque la production doit être arrêtée pour cause de surproduction (écrêtage).
4) Accommoder une forte puissance d'éolien en mer nécessite d'importants travaux de réseau: 37 milliards selon RTE, pour le simple raccordement auquel il faut ajouter les modifications, extensions, adaptations du réseau terrestre ; selon André Merlin, fondateur et premier Président de RTE, la facture totale serait plus proche de 60 milliards. Sans compte des moyens encore mystérieux permettant d'éviter une instabilité chronique du réseau due au manque d'inertie, cause primaire du blackout espagnol du 28 avril 2025.
Ajoutons qu'il n' y a qu'en France où le raccordement direct est pris en charge par l'Etat, et non par les promoteurs et exploitants des parcs éoliens.
5) Les coûts réels et complet de l'éolien en mer, même posé, sont loin d'être connus et correctement évalués. Les références étrangères les plus récentes indiquent environ 100 €/MWh pour l'éolien posé et 240 €/MWh pour le flottant – avec de fortes incertitudes. En dehors de la production proprement dite, il faut y ajouter la gestion de l'intermittence, les coûts de gestion, de congestion, de stabilisation du réseau, la gestion des production fatales en cas de surproduction (prix négatifs), les aménagements des ports et du littoral. Et c'est encore bien pire pour l'éolien flottant, technologiquement non mature.
6) Comme General Electric à Saint-Nazaire, les promoteurs éoliens se sont engagés dans une course à la puissance des turbines aventureuse, mais jugée indispensable à la rentabilité. Il en résulte de nombreux accidents industriels où malgré l'aide de l'Etat, les salariés trinquent !
Nous vous demandons donc d'annuler tout nouvel appel d'offre éolien en mer avant évaluation des coûts complets et externalités négatives.
Vous trouverez ci-joint un argumentaire plus complet et également une note en réponses aux approximations, pour rester dans l'euphémisme, de M. le Ministre Ferracci sur les coûts de l'éolien en mer.
Nous sommes bien entendu prêts à vous rencontrer, à votre convenance, pour échanger sur cette problématique de l'éolien en mer.
Veuillez agréer, Madame la Sénatrice, Madame, Monsieur le Sénateur, l'expression de notre haute considération.


