Ligne sous-marine haute-tension et travaux en mer  : RTE doit respecter la loi !

22/08/2024

Le tribunal de Bayonne a suspendu les travaux menés par RTE pour sa ligne Très Haute Tension sous-marine entre la France et l'Espagne en raison des nuisances sonores pour les mammifères marins. Etat ou pas, RTE doit respecter la loi ! Ce qui ne parait d'ailleurs pas très difficile puisqu'il a pu reprendre les travaux au bout de cinq jours. Association requérante, Sea Shepherd réitère sa position : « On ne peut pas sacrifier la biodiversité pour lutter contre le changement climatique » et fustige les positions contraires d'organisations soi-disant écologiques comme Surfrider.

Le tribunal de Bayonne a suspendu pour quatre mois maximum les travaux menés par RTE pour sa ligne Très Haute Tension sous-marine entre la France et l'Espagne. Il s'agit d'un projet de ligne de 400.000 volts reliant sur 400 km le réseau électrique des deux pays, et dont la majeure partie sera sous-marine entre Cubnezais, à proximité de Bordeaux, et Galika à proximité de Bilbao.

Le tribunal a été saisi en référé par trois associations de défense de l'environnement, Sea Shepherd France, Défense des milieux aquatiques (DMA) et Landes Aquitaine environnement, qui ont demandé la suspension du chantier. Ces associations pointent un manque de protection de la biodiversité lors de l'utilisation des sonars nécessaires pour cartographier les fonds avant les travaux : les sons émis par les sonars utilisés par un des bateaux de RTE excèdent les seuils de tolérance des mammifères, menaçant 17 espèces, dont des dauphins, des cachalots et des orques. Cela peut entraîner des échouages, perturber la communication, le nourrissage et la reproduction des mammifères marins », explique Me Marion Crécent, avocate de Sea Shepherd France.

Le tribunal a fixé quatre conditions pour permettre la poursuite du chantier : une zone d'exclusion de 750 mètres aux alentours du navire porteur des sonars, des temps d'arrêt de 20 minutes pour laisser aux cétacés le temps de quitter la zone, le démarrage progressif des émissions sonores afin de dissuader les animaux de s'approcher du chantier et une surveillance constante à bord des navires par deux spécialistes.

Ces mesures sont assez classiques et certaines bien décrites dans des protocoles internationaux. Il semble qu'elles étaient respectées sur la partie espagnole du projet et paraissent poser si peu de difficultés que RTE a redémarré ses opérations de cartographie cinq jours après l'arrêt du chantier par la justice en annonçant s'être mis en conformité avec les garanties demandées pour protéger les mammifères marins. (Sud-Ouest, lien ). L'étude d'impact et le plan d'atténuation des effets du bruit seront réalisés « dans un second temps », conformément à l'ordonnance, indique RTE

Alors, si c'était si simple, pourquoi n'avoir pas respecté ces conditions dès le départ, sinon parce que RTE organisme d'Etat se pense dégagé des obligations ordinaires ? État ou pas, il doit se mettre en conformité, c'est l'une des leçons importantes de ce jugement

RTE aurait également « oublié » dans ses demandes de dérogation des espèces importantes dans la zone. « Nous voulons qu'il soit obligé de demander des dérogations pour ces espèces aussi, qui sont dans un état de conservation catastrophique. C'est le cas par exemple pour l'Ange de mer (un poisson classé en danger critique d'extinction et présent sur la liste des 100 espèces les plus en danger du monde, ndlr) présent dans la zone du chantier mené par RTE mais qui a été complètement oublié » déclare Marion Crecent, l'avocate de Sea Shepherd.

Sea Shepherd rappelle à cette occasion sa position plusieurs fois réitérée : « On ne peut pas sacrifier la biodiversité pour lutter contre le changement climatique" ou ceci, qui figure dans leur dossier Les vents de la Colère : « Au prétexte de lutter contre le changement climatique, les promoteurs de l''industrie éolienne en mer se voient accorder des passe-droits qui seraient refusés à n'importe quelle autre industrie. »

Et Sea Shepherd en profite pour fustiger l'inaction ( et même la complicité) d'ONG soi-disant environnementalistes puissantes et bien subventionnées tel Surfrider : « Il y a quelques semaines, nous avions également demandé des explications à Surfrider France qui soutient le projet de RTE en l'état. Un positionnement incompréhensible à nos yeux. Il est très préoccupant que des ONGs qui prétendent veiller aux intérêts de l'océan apportent une caution environnementale à des projets aussi destructeurs. Leur réponse qui nous a été faite, n'est finalement qu'un copié collé des éléments de langage disponibles sur le site et ne nous a guère convaincus ».

Dont acte ; chaque fois que nous avons eu l'occasion de rencontrer Surfrider, c'était pour les entendre défendre, et même avec quelque agressivité, l'ensemble des projets énergétiques en mer-drôle de positionnement pour une association qui prétend "vouloir protèger l'Océan par tous les moyens possibles".

FR3 lien ;  TF1 lien ; Sud-Ouest lien ; Sea-Shepherd lien ; Energies de la Mer lien