M.Le Maire, Bretagne sud à moins de 100 €/MWh, ça ne passe pas !
En déplacement à Saint-Nazaire le 2 mai, MM Le Maire et Lescure ont annoncé « un coup d'accélérateur » sur l'éolien en mer, et, en ce qui concerne la première tranche (250 MW, appel d'offre AO5) du parc de Bretagne sud, M. Le Maire a annoncé que cette tranche de 250 MW, « montrera aussi la compétitivité de la filière, avec un prix qui sera très inférieur au prix plafond de 140 euros du mégawattheure (MWh). Ce sera un prix à deux chiffres ».
Le moins qu'on puisse dire est que les annonces gouvernementales qui se sont succédées n'ont guère rassuré les industriels locaux et français. De l'éolien en mer flottant à moins de 100 €/MWh, c'est en effet la certitude de devoir recourir massivement à des matériaux chinois (dont les éoliennes sont, à performance équivalent ou supérieure de l'ordre de 50% moins chères).Quelques exemples dans l'actualité récente :
1) Pourquoi les industriels locaux sont-ils les oubliés des nouveaux parcs éoliens en mer ?
« Qui va construire le second parc éolien en mer des Pays de la Loire, soit 62 éoliennes installées cet été 2024 entre l'île d'Yeu et Noirmoutier ? Sans doute très peu d'entreprises de la région. C'est le constat de plusieurs entrepreneurs locaux à la veille de la venue des ministres de l'Économie et de l'Industrie à Saint-Nazaire, ce jeudi 2 mai. « Le schéma industriel du parc éolien en mer de Saint-Nazaire de 2022 n'est pas reproduit, regrette un dirigeant d'entreprise. La stratégie de Siemens Gamesa, le fabricant d'éoliennes, est différente. C'est un peu la World company, avec sa propre logique et des marchés dans toute l'Europe. Tant pis si nos investissements pour le parc de Saint-Nazaire et l'expérience acquise ne sont pas consolidés. »
« Siemens a cette fois décidé de travailler avec son panel de trois ou quatre fournisseurs en Europe, sans même nous consulter ! » Le prochain marché est pris par le Danois Global wind service, qui va louer des machines hors de France pour les amener à Saint-Nazaire. Les salariés feront aussi le déplaceme
Comme pour le champ de Saint-Brieuc, les 62 futures éoliennes du parc Yeu-Noirmoutier sont fabriquées par l'Allemand Siemens Gamesa. Un industriel qui a l'habitude de travailler avec ses propres fournisseurs, au grand désespoir des acteurs français, explique Ouest -France
Le sentiment d'écœurement domine chez ces petits patrons de la filière en Pays de la Loire. « Personne n'avait construit de parc en France avant celui de Saint-Nazaire en 2022, rappelle l'un d'eux. On a pourtant réussi à le livrer avec trois mois d'avance sans aucun accident. On pensait vraiment être remarqués. »
2) Malgré les annonces de l'État sur l'éolien, l'avenir de General Electric reste en suspens à Montoir
La venue de deux ministres jeudi 2 mai, n'a pas levé les doutes sur l'avenir de l'usine d'éoliennes de General electric, près de Saint-Nazaire. Les syndicats ont remis deux courriers et attendent des réponses concrètes.
Le groupe américain reste évasif sur sa branche française, qu'il s'agisse du site de construction de Montoir-de-Bretagne ou du labo de recherches à Nantes. « C'est aujourd'hui que tout se joue. Il faut anticiper, alerte Cyrille Gohier-Met, délégué syndical CFE-CGC. On ne veut pas se retrouver comme Systovi », la prometteuse usine de panneaux photovoltaïques de Carquefou, qui a été liquidée en avril.
General Electric est l'une des rares usines française capables de construire des éoliennes géantes de 12 MW. Ses machines équipent le parc en mer de Saint-Nazaire, mais aussi des champs éoliens en Belgique, en Chine, en Allemagne… « La réorganisation de l'entreprise et l'absence de commandes après 2026 nous laissent craindre une relocalisation des activités aux États-Unis et la fermeture de nos sites en France », a détaillé, jeudi, la CFE-CGC, dans un courrier remis à Bruno Le Maire.
La CGT a fait de même, pour rappeler que l'usine « employait encore plus de 1 000 salariés en avril 2024, et n'en compte plus que 500 aujourd'hui, dont 425 permanents ».
3) Ming Yang Smart Energy va construire sa plus grande usine d'éolienne offshore européenne en Ecosse
Et effectivement, les Chinois sont bien décidés à profiter de l'absurde marche forcée vers l'éolien offshore en France et en Europe. Energies de la Mer dévoile que le champion Chinois toutes catégories des éoliennes offshore, Ming Yang, qui se vante de disposer d'une machine de 22 MW.
Extraits : Cette usine de fabrication figure sur une liste restreinte de 10 projets prioritaires pour soutenir les objectifs de l' Ecosse en matière de croissance spectaculaire de l'énergie éolienne en mer, notamment via le processus ScotWind de 28 GW…. L'accord concerne l'investissement de Ming Yang dans une usine de fabrications de pales, un centre de services et une usine d'assemblages de turbines. Les deux parties collaboreront également pour explore d'autres options, y compris des essais d'éoliennes, des projets de démonstration d'éolien offshore ou des parcs éoliens pré-commerciaux…. En cas de succès, cet investissement créera la première usine d'assemblage d'éoliennes du Royaume-Uni, cela signifie qu'une plus grande partie de l'énergie éolienne offshore que nous utilisons au Royaume-Uni sera produite au Royaume-Uni"
Dans un webinaire récent ( 10 avril 2024) , Alexander Fløtre, responsable du secteur offshore pour Rystad Energy, le cabinet de conseil préféré des lobbyiste de l'éolien offshore avertissait : « Dans l'éolien en mer, l'Europe ne pourra pas atteindre ses objectifs dans les délais fixés sans s'ouvrir davantage aux turbines produites hors de son sol »
Il est donc temps de freiner !


