Nouvelle rupture de pale sur une Haliade X- c’est une série !

24/08/2024

Dogger bank après Nantucket après Dogger Bank : les ruptures de pales géantes (100m de long) sur des éoliennes en mer se suivent et se ressemblent. Au-delà d'un cas spécifique, c'est tout le secteur de l'éolien en mer qui se trouve menacé, sa rentabilité dépendant d'une course à la puissance des éoliennes mal maitrisée et peut-être immaitrisable. En France spécifiquement où, comme à Nantucket, la nature des côtes impose des zones industrielles éoliennes proches du littoral, les conséquences environnementales et économiques seraient insupportables -60 ruptures par an ?

La série noire de GE Vernova

Le 22 août 2024, une nouvelle rupture de pale s'est produite sur une Haliade X dans la zone industrielle éolienne de de Dogger Bank, au large des côtes du Danemark et de l'Angleterre, à 130 km. des côtes britanniques. Conformément aux procédures de sécurité, l'accès à la zone marine environnante, plutôt fréquentée a été restreint et les autorités compétentes ont été informées.

Cet incident fait suite à celui du 13 juillet 2024, où la rupture d'une seule pale d'une seule éolienne de la zone industrielle éolienne de Vineyard Wind 1 a provoqué la dispersion de milliers de débris jusqu'à 50 miles le long des côtes de l'île de Nantucket, un des plus prestigieux site maritime des USA. Bilan : des milliers de débris dangereux dans le mer et sur les côtes, pêche arrêtée, plages interdite, arrêt des travaux de Vineyard 1, voir notre fil d'actu lien 

Lequel incident fait suite à un incident précédent similaire début mai 2024 sur Dogger Bank, également une rupture de pale sur une Haliade X

Trois, c'est une série, et GE Vernova aura du mal à convaincre ses investisseurs et ses clients qu'il s'agit d'incidents isolés dûs à une erreur isolée de fabrication ou de montage, comme il a tenté de le faire croire. Les investisseur ne s'y trompent pas, et ont commencé à sanctionner l'industriel qui recule en bourse.

Des défaillances structurelles ?

Par ailleurs, signe de la méfiance des autorités américaines, les travaux sur Vineyard Wind n'ont que partiellement repris : les promoteurs peuvent à nouveau installer tours et nacelles… mais pas les pales, ni remettre en fonctionnement les turbines installées.

Enfin, selon un expert (Edgar Gunter, PhD, University of Virginia Professor Emeritus, Mechanical and Aerospace Engineering), la défaillance de la pale de GE Vernova ne serait pas due à un défaut de matériau, mais « causée par l'excitation d'un mode de battement de la pale conduisant à une défaillance de la pale en torsion. »

L'éolien en mer en péril

Au-delà de GE-Vernova, c'est tout le secteur de l'éolien en mer qui se trouve entrainé dans la tempête. L' Haliade-X (13 mégawatts) est la turbine la plus puissante actuellement en Occident, et les assureurs n'ont cessé de mettre en garde contre une course à la puissance mal maitrisée , des taux de défaillance en forte augmentations, et de plus en plus précoces, et des éoliennes qu'ils considèrent comme inassurables (cf notre dossier Eolien en mer, le point de vue des assureurs lien ) Or cette augmentation de puissance est une condition sine qua non de rentabilité pour un éolien en mer structurellement très coûteux.

Il faut choisir entre l'éolien en mer et le littoral !

Selon des chiffres publiés en 2014, GCube estimait les ruptures de pale à 3800 pour 700 000 en service dans le monde (soit 0,54 % de défaillance par an). La profession étant avare de renseignements , on peut penser que des progrès ont peut-être été réalisés mais que la course au gigantisme les remet en cause. En se basant sur ces données, pour la France, 45 GW d'éolien marin (3000 à 4000 éoliennes) représenteraient une soixantaine de ruptures de pales par ans, 60 accidents type Nantucket par ans. Et 30 pour la seule Bretagne, avec la plupart des zones industrielles éoliennes à proximité des côtes !

Il est encore temps d'arrêter cette folie !

Le Marin lien; Splash lien ; Le Figaro lien