Oiseaux et éoliennes ne font pas bon ménage 2) : les goélands ne regardent pas où ils plongent… ce qui les rend spécialement vulnérables aux éoliennes en mer

11/04/2025

Une publication de trois scientifiques britanniques dans l'International Journal of Avian Science (Visual fields, foraging and collision vulnerability in gulls (Laridae) lien explique que les goélands et les mouettes tridactyles sont particulièrement vulnérables aux collisions avec les éoliennes en mer en raison de particularités dans leurs champs de vision. La mitigation des risques est incertaine et comportent d'autres inconvénients. La zone éolienne Bretagne sud sera un cimetière pour ces espèces protégées, en danger ou vulnérables

1) Goélands et mouettes tridactyles sont spécialement vulnérables aux éoliennes en mer

Une publication de trois scientifiques britanniques dans l'International Journal of Avian Science (Visual fields, foraging and collision vulnerability in gulls (Laridae) lien explique que les goélands sont particulièrement vulnérables aux collisions avec les éoliennes en raison de particularités dans leurs champs de visions.

Extraits : « Il est généralement admis que les goélands et les mouettes tridactyles sont très vulnérables aux collisions avec les éoliennes en raison de leurs caractéristiques de vol. Il est donc important de déterminer les caractéristiques de leurs champs visuels, car cela indiquerait s'ils sont susceptibles d'être aveugles par intermittence dans le sens de leur déplacement et donc d'être plus vulnérables aux collisions avec des artefacts en mer… »

« Nous avons déterminé les champs visuels chez trois espèces de goélands (Goélands argentés Larus argentatus, Goélands marins Larus fuscus et Mouettes tridactyles Rissa tridactyla), et avons constaté qu'ils présentaient les principales caractéristiques associées à la recherche de nourriture par guidage visuel. Cependant, le champ binoculaire ne s'étend pas sur toute la hauteur du champ frontal. Il en résulte un secteur aveugle, qui se projette dans la direction du vol lorsque les goélands inclinent la tête suffisamment vers l'avant pour explorer visuellement la surface en dessous. Cela pourrait rendre les goélands vulnérables aux collisions avec des structures anthropiques (lignes électriques, éoliennes) qui s'étendent dans l'espace aérien. Des photographies montrent que les goélands en vol horizontal inclinent suffisamment la tête vers l'avant pour les rendre presque aveugles dans le sens de la marche, et il est recommandé d'approfondir notre connaissance les positions de la tête adoptées par les goélands en vol… »

2) L'impossible mitigation entre visibilité des pales et pertes d'habitats

« Pour atténuer la vulnérabilité aux collisions, des mesures sont nécessaires pour informer les oiseaux suffisamment tôt qu'un danger se trouve devant eux afin qu'ils puissent changer de trajectoire de vol et éviter la collision. La compréhension générale de la vision aviaire a déjà conduit à plusieurs recommandations pour atténuer les collisions d'oiseaux avec des éoliennes. Nous avons montré ici que lorsqu'ils se nourrissent en eau libre, les goélands peuvent ne pas avoir à leur disposition un flux continu d'informations sur ce qui est au-devant d'eux. Étant donné que les goélands sont déjà considérés comme très vulnérables aux collisions avec les éoliennes, il semblerait important que les éoliennes en mer soient aussi visibles que possible et que l'efficacité des méthodes recommandées de marquage des pales d'éoliennes soit testée. Cependant, une plus grande visibilité des pales d'éolienne pour les goélands pourrait entraîner une perte d'habitat pour d'autres espèces. Les oiseaux peuvent ne pas exploiter les zones d'alimentation importantes afin d'éviter les éoliennes, et le fait de rendre les éoliennes plus visibles est susceptible d'augmenter la taille de la zone évitée. Ce compromis potentiel entre la réduction des collisions et la diminution de la taille des zones d'alimentation potentielles devra être pris en compte dans l'impact global des essais de marquage des pales de turbine.

Rappelons la position du CNPN dans son autosaisine de juillet 2021 : « L'adéquation des objectifs éoliens offshore avec l'objectif de zéro perte nette de biodiversité inscrit aux articles L. 110- 1 et L. 163-1 du code de l'environnement paraît difficile voire impossible à atteindre au regard de la connaissance actuelle des incidences » ; et ceci d'autant plus avec l'impact cumulé des parcs qui n'est jamais pris en considération -et comment le pourrait-il ? (Autosaisine du CNPN sur le développement de l'énergie offshore en France et ses impacts sur la biodiversité, le patrimoine naturel et les paysages

3) Zone éolienne Bretagne sud, un cimetière pour les gélands et mouettes tridactyles

Parmi les 6 espèces de goélands (marin, brun, leucophée, d' Audouin, argenté, cendré) mentionnés par SETEC comme fréquentant les côtes du Morbihan, toutes sont sur liste rouge mais deux présentent une vulnérabilité particulière, le goéland d'Audouin et le goéland cendré. Et la mouette tridactyle ( UICN vulnérable) est très présente sur Groix 

Le goéland d'Auduin (  du naturaliste Audouin, auteur d'une Histoire naturelle du littoral de la France, 1829) niche principalement en Italie, au Portugal et en Corse (50 à 100 couples) et hiverne en grande partie dans le sud de l'Espagne, du Portugal mais surtout au Maroc et pour les plus jeunes jusqu'à la Mauritanie, le Sénégal et la Gambie, Il a été observé indiscutablement dans le golfe du Morbihan, près de Houat lien . UICN France : En Danger

Le goéland cendré a été en déclin durant la période 1970-1990. Ses effectifs sont stables ou en léger accroissement en Europe de l'Ouest dans les années 1990-2000. Les effectifs nicheurs de la population française sont marginaux. En revanche, l'effectif hivernant en France est important et représente environ 4,6% de la population biogéographique. Il figure par exemple avec 107 couples dans le dénombrement des oiseaux hivernants (2015-2016) du Golfe du Morbihan lien . UICN France : En Danger

Parmi les cinq espèces de muettes identifiées par Setec (tridactyle, rieuse, pygmée, mégalocéphale et de Sabine), toutes sur liste rouge, avec une vulnérabilité particulière pour la mouette tridactyle.

La Mouette tridactyle niche au flanc de falaises verticales surplombant directement la mer : une colonie est fixée à Groix. A l'origine la réserve ornithologique de Koh Kastell (Belle-Ïle) a été créé pour sauvegarder une colonie de mouettes tridactyles qui a pratiquement disparu. Le déclin des populations françaises déjà très faibles a conduit l'UICN à la classer comme vulnérable. UICN France: Vulnérable