Parc éolien de Bretagne sud : Pennavel, de plus en plus de flou, de plus en plus de loups…(1)

04/08/2024

Révolution énergétique publie un article qui est en même temps un formidable aveu de l'immaturité et de l'irréalisme du projet A05 Bretagne sud et une tentative de déminage du directeur du projet Pennavel, qui en fait confirme toutes les critiques de PIEBÎEM contre cette attribution absurde (AO5) à 86,45€/MWh après désistement du premier candidat sélectionné par la CRE. Pour l'instant, aucune solution industrielle n'existe, ni pour les turbines, ni pour les flotteurs, ni pour les câbles, ni pour l'ancrage ! et le coût de l'aménagement des ports sera exorbitant !

Rappelons que la Commission Sénatoriale d'Enquête sur le prix de l'électricité s'est aussi inquiétée de comment in fine sera réglée la note d'un projet dont la CRE a mis en doute la solidité financière.

Éolien flottant : pourquoi le futur parc Bretagne Sud est un énorme défi !

Extraits : « Issu de l'appel d'offres AO5, le parc Bretagne Sud est un projet de parc éolien flottant situé à une vingtaine de kilomètres de « la bien nommée », et à une trentaine de kilomètres des côtes »

NB-PIEBÎEM : La Bien nommée, c'est Belle-Île, et avec cet immense parc plus celui de Saint-Nazaire-Guérande, déjà bien visible, elle méritera malheureusement de moins en moins son nom. C'est moins de 20 km des côtes de Belle-Île et effectivement une trentaine de Quiberon, Groix… Nous constatons que pour Pennavel ou Révolution energétique, , les rivages insulaires ne sont pas vraiment des côtes…

Immaturité technique : « De nombreuses études de conception et d'ingénierie des flotteurs et des éoliennes auront lieu pour aboutir aux choix techniques définitifs… On a un effet d'entonnoir. Aujourd'hui, on est au début de l'entonnoir, donc on discute avec tout le monde et on essaie de se faire une idée du marché. On va par exemple discuter avec des fournisseurs de technologie qui avaient des accords d'exclusivité pendant la phase d'appel d'offres avec nos concurrents, mais qui sont maintenant libres de toute obligation ».

NB - PIEBÎEM: C'est l'immaturité technique de l'éolien flottant que PIEBÎEM dénonce. Rien n'est prêt, ni les flotteurs, ni les éoliennes, ni les câbles, ni les postes électriques recueillant l'électricité générée avant envoi verts le continent. Quel aveu ! Dans ces conditions, la détermination d'un prix à 86,45 €/MWh est une farce !

« Les éoliennes de très grande puissance, un sacré pari technologique » : « les candidats de l'appel d'offre AO5 ont tous proposé des éoliennes qui ne sont pas disponibles à la vente aujourd'hui, anticipant ainsi les développements prévus dans les années à venir. Selon le rapport d'évaluation des offres AO5 de la CRE, on constate que tous les développeurs ont proposé des turbines d'au moins 21 MW dans leur offre. Pour son cas de référence, Pennavel a fait le choix de proposer des turbines d'une puissance de 23,3 MW…

« Le choix de turbines d'une telle puissance peut surprendre, car des signaux récents de la part des fournisseurs européens tendent à faire penser que les développements futurs ne seraient plus aussi ambitieux que prévus. Pour sa prochaine turbine, General Electric travaillait sur un modèle de 18 MW, mais a finalement décidé de présenter un modèle de seulement 15,5 MW. Au contraire, la Chine, elle, continue de développer des modèles toujours plus puissants, à l'image du prototype OceanX qui développe 16,6 MW de puissance ou encore de la turbine de 18 MW de Dongfang Electric. L'Empire du Milieu commence d'ailleurs une incursion sur le territoire européen et devrait fournir des éoliennes offshore pour le parc allemand Waterkant. Malgré ce signal, chez Pennavel, on reste confiant. « Nous on est persuadés que les Européens seront à la hauteur. »

NB- PIEBÎEM : Pour les éoliennes de grande puissance visée par Pennavel, ce n'est pas du tout gagné, voir les avertissements des assureurs des parcs éoliens, en particulier notre dossier CNDP Eolien en mer, le point de vue des assureurs et en particulier Vertical Limit: When is bigger not better in offshore wind's race to scale, mai 2024, GUH,  lien 

En ce qui concerne le prix, le lobby de l'éolien WIND Europe a fait savoir que le prix retenu de 86,45€/MWh ne saurait constituer une référence pour l'éolien flottant et qu'il s'agit d'un choix technologique très risqué qui obligerait pratiquement à recourir à des turbines chinoises. Les dirigeants de Pennavel sont donc démentis par leur propre organisation professionnelle. Lien 

Les éoliennes chinoises sont d'ailleurs déjà le choix des Allemands et des Italiens pour certains de leurs prochains parc offshore...

« La fabrication des flotteurs, une histoire d'infrastructures »...et de coûts 

« Outre le choix des turbines, la conception et la construction des flotteurs des éoliennes représentent un défi colossal pour une filière qui en est encore à ses débuts… Outre le choix des turbines, la conception et la construction des flotteurs des éoliennes représentent un défi colossal pour une filière qui en est encore à ses débuts »

« Si, dans son offre, Pennavel a pris pour référence un flotteur semi-submersible en béton, les autres technologies seront aussi évaluées avant de faire un choix définitif, y compris des solutions acier. « Le rapport de la CRE indique que deux candidats se sont basés sur des flotteurs béton et quatre sur des flotteurs acier, ce qui démontre une forme d'équilibre entre les deux solutions ». Le développement des flotteurs va nécessiter du temps, car à l'heure actuelle, il n'y a que des projets de test et de démonstration. Certains groupes, ayant de l'expérience dans les plateformes offshore utilisées pour l'extraction du pétrole et du gaz, proposent également des technologies sans même avoir développé de prototype »

NB-PIEBÎEM : Bref c'est le flou total- dans ces conditions, comment peut-on proposer un coût réaliste ? Orsted, l'inventeur de l'éolienne flottante, a fait savoir qu'il abandonnait le béton pour l'acier. Par ailleurs, lors d'une évaluation de l'OPECST (Office Parlementaire d'Evaluation des Choix Scientifiques et Techniques), un intervenant avait fait remarquer que si l'acier était choisi, il faudrait prévoir au niveau mondial une production équivalente à celle nécessitée par l'industrie automobile… Voir notre dossier L'éolien flottant est loin d'être une technologie mature ! lien 

« Aldrik de Fombelle explique : «Le grand défi des flotteurs, c'est leur fabrication, parce que ce sont de gros bébés. Un flotteur semi-submersible, c'est à peu près 100 mètres de côté, ça peut faire une quinzaine ou une vingtaine de mètres de haut. Pour ça, on a besoin d'avoir une chaîne industrielle capable de fabriquer ces flotteurs, ainsi que des infrastructures portuaires permettant leur mise à l'eau ». Il ajoute : « Ce sont des sujets importants que l'on discute avec les ports, et notamment les ports de Brest et de Saint Nazaire…

« En Bretagne, la région a confirmé un investissement de 900 millions d'euros sur le port de Brest pour les quarante prochaines années, dont 500 millions d'euros sur les dix prochaines années… »

NB-PIEBÎEM : Cette question des infrastructures est en effet cruciale. En 2023, la DGEC rappelle que « les investissements réalisés ou engagés par les principaux ports depuis le début des années 2010 pour accueillir des activités liées à l'éolien en mer étaient estimés en 2020 à plus de 600 M€. Ce chiffre devrait dépasser 1 Md€ à l'horizon 2030, notamment au vu des investissements nécessaires pour l'adaptation des infrastructures portuaires au déploiement de l'éolien flottant… France 2030 prévoit ainsi pour l'industrialisation de l'éolien flottant près de 300 M€ destinés aux ports et aux industriels désirant modifier leurs infrastructures pour accueillir des activités industrielles liées à l'éolien flottant ou construire des sites de production » lien https://www.debatpublic.fr/sites/default/files/2023-11/NAMO_Fiche_38_Ports.pdf

En fait ce coût estimé par la DGEC est tout simplement en train d'exploser et il faudrait impérativement obtenir un chiffrage plus réaliste. Par ailleurs, la région Bretagne prend un risque important en investissant massivement dans un domaine aussi incertain- ce ne sont pas du tout les mêmes besoins et les mêmes implications si ce sont des flotteurs en béton ou en acier qui seront choisis . Commentaire pour Fabrice Loher, le très pro éolien maire de Lorient – Lorient n'est pas cité et n'aura vraisemblablement, si le parc de  Bretagne sud voit jamais le jour, ce dont on peut douter !

Bretagne Sud (et l'éolien flottant en général) est un énorme défi en raison d'une technologie immature, avec de nombreux points cruciaux non résolues ( citons encore l'ancrage, les câbles, flottant dynamiques, les vibrations de la structure, le bruit). L'attribution de AO5 (Sud-Bretagne ,250 MW a été une énorme farce dont contribuables et consommateurs d'électricité seront les dindons et redoubler cette absurdité par le lancement de l'appel d'offre AO9 ( Bretagne Sud- 500MW) est incompréhensible alors qu'un moratoire serait nécessaire. ( NB les premiers parcs îlotes éolien flottant en méditerranée ont demandé une réévaluation de leur prix de 240 à 370€/MWh

Mais après tout, si avec tout le flou et tous les loups, ces projets tombent à l'eau, eh bien tant mieux ! Nous n'avons nul besoin de cette électricité variable intermittente, dévastatrice pour les paysages et la faune martine et aviaire de nos littoraux, incompatible avec la pêche artisanale, hors de prix et dangereuse pour la stabilité du système électrique !

lien vers le rapport de la CRE