Parc éolien de Bretagne sud : Pennavel, de plus en plus de flou, de plus en plus de loups…(2)
De plus en plus de difficultés pour le consortium Pennavel : Baywa affiche une dette abyssale de 5 milliards d'euros, une baisse de ses titres de 57% depuis un an et est en cours de démantèlement. Baywa.re, la filiale énergétique en charge de Pennavel sera vendue. Par ailleurs, le choix du prix du marché de référence pour les compléments de rémunération complique la rentabilité du projet qui sera de fait ultra-subventionné.
Baywa, maison mère de BAY.Ware (consortium Pennavel) en perdition ! Vers un démantèlement de Baywa et la vente de Baywa.re
Dans un second article récent, Révolution Energétique, qui s'intéresse décidément beaucoup au sort de Bretagne sud revient sur les difficultés d'un des membres du consortium Pennavel, Bayware
Révolution Energétique (lien) rappelle que « les problèmes financiers concernent, en réalité, BayWa, détenteur à 51 % de BayWa r.e. qui fait partie du consortium Pennavel. Le géant allemand souffre d'une situation financière tendue, en partie causée par un endettement très élevé. Il affichait, fin 2023, près de 5,5 milliards d'euros de dettes. Depuis le début de l'année, l'action de BayWa a déjà perdu 27 % de la valeur, et ses investisseurs auraient exigé que des mesures soient prises pour améliorer la situation » .
Dans ce contexte, il se pourrait que BayWa se sépare de sa filiale « énergies renouvelables » BayWa r.e, dont les projets éoliens et photovoltaïques sont lucratifs, mais mobilisent beaucoup de capitaux.
Dans le même temps, il se murmure qu'Energy Infrastructure Partners, un fonds d'investissement suisse qui possède presque la moitié (49 %) de BayWa r.e, pourrait profiter de la situation pour augmenter sa part du capital de l'entreprise pour atteindre les 80 %. De son côté, Aldrik de Fombelle s'est exprimé sur la question auprès de nos confrères du Télégramme, expliquant ainsi : « Nous avons eu des informations rassurantes du côté de BayWa r.e qui fonctionne de façon assez indépendante par rapport à Baywa, qui n'est actionnaire qu'à 51 %. C'est un problème qui n'impacte pas notre projet au quotidien».
Sauf que ces propos rassurants étaient en partie démentis les jours suivants par un article publié par Zone Bourse : Baywa à nouveau sous pression - Rapport sur un éventuel démantèlement qui montrent une situation encore plus détériorée lien
« Après le rebond de la veille, les actions de l'entreprise de négoce agricole et d'énergie Baywa ont de nouveau été sous pression vendredi. A la mi-journée, elles étaient l'une des plus grandes perdantes de l'indice SDax des petites valeurs, avec une baisse de 7,8 pour cent à 13,40 euros.
La veille, les titres avaient encore profité d'un article de presse selon lequel l'entreprise en crise pouvait espérer être sauvée. Les banques créancières et les propriétaires se seraient mis d'accord sur le principe, avait rapporté le "Handelsblatt" en se référant à des cercles de négociation…
Le journal "Borsen-Zeitung", citant des personnes proches du dossier, a lui aussi évoqué un sauvetage imminent, mais sous de strictes conditions. Ainsi, les banques créancières ont exploré les détails d'une injection de fonds, mais en contrepartie, le membre du SDax devrait être démantelé. Il ne resterait alors que les activités principales.
Le groupe, endetté à hauteur de plusieurs milliards, avait commandé mi-juillet une expertise d'assainissement. La chute du cours s'était alors accélérée. Ce n'est qu'à 9,50 euros que les titres avaient trouvé un point d'appui, avant de repartir à la hausse dans l'espoir d'un sauvetage. Pour 2024, ils sont toujours en baisse de 57% »
NB-PIEBÎEM : Donc la maison mère (Baywa) du principal partenaire du consortium candidat résiduel de Pennavel (Bretagne sud, offre AO5) affiche une dette abyssale de 5 milliards d'euros, une baisse de ses titres de 57% et est en cours de démantèlement. Baywa.re, la filiale énergétique en charge de Pennavel sera vendue. La Cre n'a rien à en dire ? Car enfin, ces difficultés et fragilité, qui ne sont pas apparues brusquement sont bien de nature à remettre en cause l'attribution de AO5.
PIEBÎEM dénonce depuis le début l'opacité et le déni des réalités de l'attribution d'AO5. Cf notre CP Attribution de AO5 cf CP et ci-joint
PIEBÎEM en tant que membre de la Fédération Environnement Durable (FED) est associée à l'action menée par la FED en Conseil d'Etat contre l'appel d'offre AO5, portant notamment sur la solidité financière du projet, et nous la soutenons. PIEBÎEM n'a cessé d'ailleurs de rappeler que la solidité financière du consortium choisi est une condition impérative de l'aide d'Etat française de 2 milliards d'euros, sans laquelle ce projet a peu de chance d'être rentable compte-tenu de l'économie générale de l'éolien en mer ( prix négatifs de l'électricité générée, etc.
Le prix du marché de référence : un scandale de plus pour l'éolien flottant en Bretagne Sud !
C'est Green Univers qui soulève le loup dans un article intitulé Eolien flottant : une évolution à ne pas sous-estimer en Méditerranée lien .
Extraits : « C'est une petite ligne dans le cahier des charges, mais ses effets pourraient être importants… Le nœud de la question est le M0, le prix de marché de référence utilisé dans le contrat du complément de rémunération pour savoir si le producteur doit être subventionné, quand le prix de son offre est supérieur, ou s'il doit inversement rendre de l'argent à l'Etat. Pour l'appel d'offres en Bretagne, il était calculé comme la moyenne sur le mois des prix captés sur le marché day-ahead par les installations éoliennes en mer en service sur les façades maritimes Manche Est–Mer du Nord, Nord Atlantique–Manche Ouest et Sud Atlantique…
Or, tous ces projets se trouvent dans la moitié nord du pays et il est peu probable que leur régime de vent soit drastiquement différent, Cela veut dire qu'ils produiront tous à des moments similaires, ce qui peut pousser vers le bas le M0, d'autant plus que le nombre de parcs en service va augmenter.
Pour la Méditerranée, en revanche, le M0 sera calculé en prenant en compte uniquement le prix capté par le projet lui-même. Ce "nouveau" M0 a donc de fortes chances d'être différent, voire plus élevé que celui utilisé pour la Bretagne »
NB-PIEBÎEM : Cela signifie que le prix de référence pour les parcs bretons sera bas, en raison de la cannibalisation des parcs éoliens entre eux (surproduction faisant baisser leur rentabilité). Autrement dit, les parcs bretons 1) ne seront pas rentables et 2) ne seront pas simplement subventionnés, ils seront ultra subventionnés puisque, en complément de rémunération, l'Etat leur versera la différence entre le prix de l'offre et un prix de référence bas, prenant en compte une surproduction éolienne surabondante dont personne n'aura l'utilité. Un écueil évité en Méditerranée.
Il est encore temps d'arrêter cette folie, tout spécialement pour Bretagne sud qui cumule les inconvénients de l'éolien posé (proximité des côtes, dévastation des paysages et de la biodiversité de la zone littorale, conflits d'usages avec la pêche) et de l'éolien flottant ( immaturité technique, coûts astronomiques)
Lien vers le rapport de la CRE