Parc éolien en mer de Dunkerque-Pour PIEBÎEM c’est non !

10/06/2024

La concertation publique concernant le projet de construction de 46 éoliennes « au large » (10km - ! et aussi proche des côtes Belges !) d'ici 2027 s'est terminée la semaine dernière. PIEBÎEM y a répondu et apporté son soutien aux associations en lutte contre cette zone industrielle éolienne, encore une de plus, encore une de trop en pleine zone Natura 2000, où l'on envoie balader toutes les lois sur la protection de la biodiversité. Et en plus, des Belges très mécontents et pour cause- eux leurs parcs sont à plus de trente km des côtes !

Contribution de PIEBîEM à la consultation sur le parc de Dunkerque

De façon générale, PIEBÎEM ( Préserver l'Identité Environnementale de la Bretagne sud et des îles contre l'Eolien en Mer) rappelle son opposition à un programme éolien en mer insensé de 45 GW, qui constitue une industrialisation à marche forcée de la mer côtière sans intérêt climatique dans le contexte français (en raison du back-up fossile nécessité par l'intermittence de la production électrique, incompatible avec un suivi de charge par le nucléaire), dangereux pour la sécurité d'alimentation électrique, économiquement insoutenable lorsqu'on considère l'ensemble des coûts systèmes et associés, ravageur pour nos paysages littoraux et leur riche biodiversité, avec des promesses fallacieuses d'emploi et de fortes dépendances étrangères, mettant en péril des activités comme la pêche côtière artisanale, le nautisme, le tourisme.

PIEBîEM demande un moratoire immédiat sur tous les projets de parcs éoliens en mer , dont Dunkerque.

Biodiversité et zone Natura 2000 : l'avis du CNPN

PIEBÎEM rappelle que le parc éolien de Dunkerque se situe au sein d'une zone Natura 2000 (à la fois zone de protection spéciale (ZPS) et zone spéciale de conservation (ZSC)), ce qui d'ailleurs pourrait poser quelques problèmes quant au non-respect des directives européennes sur la protection de la biodiversité et fait poser des risques juridiques réels sur le projet.

Le CNPN, dans son avis consacré au parc de Dunkerque rappelle qu'il est placé dans un couloir de migration d'oiseaux d'importance internationale, concentré par le goulot d'étranglement du Pas-de-Calais entre l'Angleterre et le Nord de la France, et qui draine l'avifaune marine et côtière de l'Europe du Nord et de l'Angleterre migrant vers le sud ou y hivernant (une centaine d'espèces, 1,3 millions d'oiseaux marins et entre 85 et plusieurs centaines de millions d'oiseaux terrestres). RTE lui- même dans son étude ornithologique de synthèse sur les enjeux relevait que 35 espèces patrimoniales rares sont concernées, dont 33 volent à hauteur des pales, et 10 espèces cumulent les enjeux les plus forts à l'échelle annuelle (Macreuse brune, Pluvier argenté, Bernache cravant, Barge rousse, Mouette pygmée, Fou de Bassan, Macreuse noire, Mouette de Sabine, Plongeon catmarin et Puffin des Baléares). L'enjeu est de très fort à fort pour 15 espèces lors des migrations pré et post-nuptiales, fort pour 16 espèces en période hivernale et très fort pour une espèce (Macreuse brune), et fort pour 3 espèces en période de reproduction » ( Avis du CNPN sur le projet éolien en mer de Dunkerque, 12 Sep 2023)

Proximité des côtes, atteintes paysagères et dangers pour la navigation

Le projet Dunkerque concerne un champ d'éoliennes off-shore situé à 11km des côtes pour un nombre estimé de 46 éoliennes sur une emprise de 72,75Km² à une profondeur variable de quelques mètres à 28 m de fond. L'emprise sur les sols sous-marins est d'environ 1 km² au total.

PIEBîEM s'interroge sur ce choix alors que les parcs éoliens belge et hollandais sont situés à plus de 30 km des côtes, un choix qui au surplus parait très mal accepté de nos voisins belges. En dehors de ses inconvénients sur les paysages et la biodiversité, ils soulignent que ce parc porterait atteinte à des intérêts belges fondamentaux en rendant deux routes maritimes au départ du port d'Ostende inutilisables, et que la sécurité de la navigation serait menacée. Veut-on voir le retour des marées noires ?

En conséquence, la Belgique ne cesse de demander l'interruption du projet de Dunkerque.

Une RIIPM très contestable : il y a d'autres solutions !

PIEBÎEM conteste l'attribution de la RIIPM (Raison Impérative d'Intérêt Public Majeur), dans la mesure où l'électricité variable intermittente fournie par le parc de Dunkerque 1) est déjà surabondante par rapport à la demande comme le prouvent l'extension du phénomène de la production éolienne à perte et même à prix négatifs, et 2) ne répond pas aux besoins d'une région industrielle dynamique, les industries ayant besoin d'une production électrique de base pilotable. De ce point de vue, l'augmentation de la production nucléaire à Gravelines en particulier, et en France en général répond bien davantage à ces besoins, en s'appuyant comme le propose EDF dans son objectif 400 TWH en 2035, sur la prolongation du parc nucléaire à 60 ans et plus, avec l'accord de l'Autorité de Sureté, l'augmentation de puissance de certains réacteurs et l'optimisation de l'exploitation du parc, en particulier des arrêts de tranche.

Pour l'éolien en mer, au prétexte de la décarbonation d'une électricité qu'il est incapable d'assumer, on fait bénéficier ses promoteurs de privilèges dont aucune industrie n'a bénéficié et on est prêt à annihiler 100 ans d'effort de protection de nos littoraux, de leurs oiseaux, de leurs cétacés.

Pour toutes ces raisons, PIEBÎEM s'oppose au projet de parc éolien de Dunkerque.

Note supplémentaire sur l'avis du CNPN sur Dunkerque :

L'avis du CNPN comprend quelques remarques méthodologiques importantes pour l' ensemble de ce type d'études

- L'emprise géographique du parc envisagé est prédéterminée et n'a pas fait l'objet d'une analyse telle que réalisée en mer Méditerranée de recherche de zones de moindre impact à partir des nombreuses données scientifiques disponibles.

- le fait de ne prendre que l'effectif maximum sur le meilleur jour lors du suivi (déjà sporadique) et non le flux de migration cumulé sur toute la période de migration, ne représente pas la réalité et interroge réellement le CNPN sur la volonté du pétitionnaire de décrire objectivement les enjeux. Le dossier rapporte ainsi quelques centaines à quelques dizaines de milliers d'oiseaux marins au lieu de l'estimation d'1,3 million rapportée par le dossier RTE. Il aurait fallu cumuler les effectifs quotidiens

- Le CNPN souligne l'absence d'études radar en mer pour les oiseaux pendant la totalité de la période de construction du projet. De façon similaire, aucune étude des oiseaux marins nicheurs au moyen de balises n'a été réalisée pendant la période d'instruction du projet bien qu'elle aurait permis de mieux appréhender l'utilisation de l'espace par ces espèces

- Les migrations d'oiseaux terrestres la nuit sont complètement occultées par le dossier, alors que ce sont des millions de passereaux protégés qui survolent la mer du Nord en migration, particulièrement l'automne. Parmi les oiseaux terrestres, il faut aussi considérer tous les oiseaux des zones humides (limicoles, anatidés, ardéidés) qui sont des migrateurs souvent côtiers, et pour lesquels des études, qui restent trop rares, pointent la faible hauteur de vol au-dessus des mers en migration, l'évitement non systématique des parcs en place, sans entrer dans des estimations d'effets cumulés le long des couloirs de migration.

- Le dossier a bien cerné l'effet évitement des parcs et donc la perte d'habitat qui concerne pratiquement toutes les espèces, mais le CNPN ne comprend pas comment il peut conclure quasi systématiquement à un effet faible ou négligeable des modifications de trajets ou de perte d'habitats pour la majorité des espèces(sauf la Macreuse noire, le Pingouin torda et les Plongeons), même celles qualifiées de « peu tolérantes et peu résilientes » avec pourtant un enjeu et une sensibilité moyens. La diminution de survie entraînée par la perte cumulée de zones d'alimentation n'est pas non plus prise en compte. Or ce parc occupe les zones les moins profondes qui jouent en général un rôle important dans l'alimentation des oiseaux..

- Enfin, le dossier n'évoque pas les effets des éoliennes sur le microclimat local, notamment la génération de brouillard

- L'installation du parc entrainera probablement une nécessité pour une partie des chiroptères de le contourner, occasionnant un coût énergétique fort, et une perte d'habitats, qui n'est pas traitée. Même si certains peuvent le traverser, d'où la mise en place d'un système répulsif (MR15), cela entraine encore plus une perte d'habitats sur le couloir migratoire. 

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