PIEBÎEM communique : Erdeven, pourquoi se battre ?


Erdeven restera-t-il comme un symbole du cynisme des promoteurs éoliens et des politiques qu'ils trompent et subjuguent, dynamitant tous les efforts et mécanismes de protection du patrimoine culturel et naturel progressivement obtenus de haute depuis plus d'un siècle et obtenant des passe-droits qui seraient refusés à toute autre industrie ?
Ainsi, en deux mois, avons-nous eu la confirmation que RTE envisageait bien de faire passer la ligne haute-tension (225000 volts) d'atterrage de la zone industrielle éolienne Bretagne Sud sous le champ de menhirs d'Erdeven, ce « Carnac sauvage » aux 5000 monuments en voie de classement à l'Unesco, et ce sans fouilles préventives de l'INRAP, malgré un forage horizontal sous haute pression.
Le 31 aout, nous apprenions que les dunes d'Erdeven, d'Etel, de Plouharnel et de Saint-Pierre-Quiberon étaient inscrites comme « Site classé » au Journal officiel, aboutissement d'un combat mené au moins depuis 2016 par des habitants soucieux du littoral et diverses associations, dont le syndicat mixte Dunes Sauvages de Gâvres à Quiberon.
Et le 8 septembre apparaissait de la plage de Kerhillio cette plate-forme de RTE à partir de laquelle doivent être réalisés des sondages, puis des forages, pour analyser les sols en vue de l'atterrage du raccordement électrique, sans que l'on sache clairement quels travaux sont autorisés et déclarés, et quels seront leurs effets. Après la protection, le saccage !
Et demain donc, un gigantesque poste électrique en vue, un passage de la ligne haute tension par le champ de menhirs et une soixantaine d' éoliennes flottantes de 260 à 300 m de haut entre Groix et Belle Île en Mer occupant 1.5 fois sa superficie et quatre fois plus hautes que son point culminant ?
Pas sûr !
Tout d'abord l'été n'a pas été avare de mauvaises nouvelles pour l'éolien, démontrant son absurdité, les mensonges sur ses coûts, les difficultés des promoteurs éoliens et leur renonciation à de nombreux projets. La prise de conscience des effets néfastes sur l'environnement et la biodiversité gagne du terrain, le programme éolien en mer est encore largement en discussion et une consultation organisée par la CNDP va s'ouvrir : chaque association, chaque citoyen pourra donner son avis.
Le contexte n'est plus si favorable à l'éolien offshore, comme nous l'expliquons ci-dessous. Profitons-en !
1) Des records d'absurdité électrique, climatique, économique
Ainsi, en pleine canicule, le 10 septembre 2023, le facteur de charge du parc éolien allemand, qui comprend de nombreuses éoliennes en mer, était de…0. 21 % .
Dit autrement, la capacité installée du parc éolien allemand (66GW), légèrement supérieure à celle de l'ensemble du parc nucléaire français, ne produisait qu'un dixième de la production d'un seul réacteur nucléaire. Evidemment, les Allemands devaient alors avoir recours massivement au charbon, à la lignite et au gaz, et ce jour-là, les émissions de CO2 de l'Allemagne pour la production électrique étaient 42 fois plus élevées que celles de la France.
Ceci dit, il arrive que l'éolien fonctionne, et même à plein. Dans ce cas, l'Allemagne est en excès de production électrique, et lors de cet été de tous les records, il est arrivé que l'Allemagne nous « vende » son électricité …à –(moins !) 60,04€ le MWh. C'est -à-dire qu'elle nous a payé pour prendre une électricité excédentaire non stockable dont personne ne veut à un tarif excédent de beaucoup le coût de production (~42 €/MWh en France)
Le recours à l'éolien terrestre et plus encore maritime est bien cette absurdité climatique, électrique, économique que PIEBÎEM ne cesse de dénoncer. Elle ne saurait durer bien longtemps
2) Dernier appels d'offre éolien en mer au Royaume-Uni : Zéro candidats !
Un événement que la presse britannique a qualifié de « plus grand désastre pour l'énergie verte depuis des années» , et qui était pourtant assez prévisible. Masqué en Angleterre par des contrats à prix faibles mais dont les producteurs se dégageaient très facilement et par des flots de subventions et d'aides diverses (deux milliards d'euros pour les vingt premières éoliennes de Bretagne Sud), le vrai coût de l'éolien en mer commence à apparaître, et il est exorbitant.
L'éolien en mer est de loin le plus nécessiteux en matières premières, matériaux et métaux critiques, dont le prix commence à flamber alors que des goulots d'étranglement apparaissent, qui rendront certains projets tout simplement impossibles. C'est également le cas pour les câbles électriques – il ne sera pas possible de faire à la fois toutes les interconnexions et l'éolien en mer dont nous menacent les plans européens et français ! Les premières statistiques des parcs danois indiquent des durées de vie des éoliennes en mer de moitié inférieures à celles prévues (12-13 ans au lieu de 25 et déjà de nombreuses pannes au bout de sept ans). Enfin l'éolien flottant (celui de Bretagne Sud) n'est pas technologiquement mature et il reste des problèmes majeurs (vibration, nature des supports, des câbles dynamiques) à résoudre. Quant au prix, l'un des acteurs majeurs (Total Energie) avouait devant le Sénat : « Estimer les coûts de construction d'une filière qui n'est pas mature sur une période de 8 à dix ans ; impossible c'est une boule de cristal »
Cette annonce de l'appel d'offre manqué résulte d'effets structurels qui s'accumulent depuis des années et n'a donc rien d'une surprise ; les illusions et mensonges entretenus à propos de l'éolien en mer se heurtent à la réalité.
3) Une industrie éolienne européenne en plein crash.
L'annonce estivale la plus spectaculaire a été, le 23 juin 2023, la perte de valeur de 35% du groupe Siemens à la bourse de Francfort ( le plus gros krach d'une société allemande), suite à l'annonce de difficultés dans sa filiale éolienne Siemens Gamesa dues à une sous- des défaillances de turbine Mais c'est en réalité toute l'industrie européenne éolienne qui va mal. Vestas a perdu 1,5 milliard d'euros en 2022 et reste dans le rouge depuis le début de l'année. La branche énergies renouvelables de GE, baptisée Vernova, a perdu 1,8 milliard d'euros et pourrait être vendue, ce qui passe mal chez les salariés français de Saint-Nazaire, Nantes et Cherbourg. Oersted, l'inventeur de l'éolienne flottante, est aussi en pertes et a abandonné une vente aux enchères pour l'attribution de zones d'éolien offshore en Allemagne. Idem pour le suédois Vattenfall qui a annoncé cet été renoncer à investir dans le giga parc Norfolk Borea (1,8 GW) et avait annoncé le 4 juillet se retirre de l'offre A06 Méditerranée.
Ajoutons que l'un des principaux assureurs des exploitants des parcs éoliens, Gcube, dénonce une course au gigantisme très mal maitrisée, et considère que « l'augmentation de taille des éoliennes offshore crée des risques de marché insoutenables ».
Nous sommes sur un point de bascule : le contexte n'est plus si favorable à l'éolien offshore
Il devient maintenant très clair qu'accélérer sur l'éolien offshore, ce serait subventionner très grassement une industrie chinoise qui possède l'ensemble de la chaine de valeur.
L'échec de l'appel d'offre en Grande Bretagne est donc tout sauf une surprise : lorsqu'on ment depuis des années sur les vrais coûts de l'éolien en mer, sa rentabilité, ses difficultés, ses goulots d'étranglement, sa dépendance en matériaux stratégiques, la réalité finit bien par se rappeler à vous !
Tout cela est d'assez mauvais augure pour les plans délirants français d'éolien en mer : 40 GW soit une cinquantaine de gigaparcs , dont 25 GW pour la seule Bretagne ( 30 parcs) : tout ne pourra pas se faire !
Et l'un des plus absurdes d'entre eux est bien Bretagne sud, qui cumule les inconvénients de l'éolien flottant (incertitudes technologiques, coûts) et celles de l'éolien posé ( proximité des côtes).
Le combat n'est pas perdu, Mobilisez-vous avec nous !
PIEBÎEM (Préserver l'Identité Environnementale de la Bretagne sud et des Îles contre l'Eolien en Mer) rappelle donc son opposition à un programme insensé d'éolien en mer climatiquement nul voirenégatif, électriquement inepte car dangereux pour la sécurité d'alimentation électrique, au coût de production exorbitant et économiquement no soutenables, néfaste pour l'économie locale, ravageur pour nos paysages littoraux et leur riche biodiversité.
A Erdeven comme ailleurs, PIEBÎEM, conformément à ses statuts, lutte avec confiance dans un contexte de plus en plus défavorable à l'éolien en mer pour protéger le patrimoine préhistorique, historique et naturel de la Bretagne et appelle donc, comme première mesure, à un moratoire immédiat sur les projets éolien en mer de Bretagne Sud et donc sur l'atterrage prévu dans les champs mégalithiques d'Erdeven et à travers les dunes de Kerhillio.
Plus nous serons nombreux, plus nous pèserons, plus nous serons entendus. Les décideurs économiques ne pourront rester indifférents à la rationalité économique et technique et aux menaces sur des activités locales importantes comme le tourisme, la pêche… Les politiques ne pourront rester sourds à la mobilisation publique pour éviter un désastre écologique pour le cadre de vie, l'environnement, la biodiversité et un désastre financier pour le contribuable et le consommateur. La mobilisation aura aussi un effet sur les promoteurs éoliens, créant de l'incertitude, y compris juridique, et renchérissant leur coûts.
La mobilisation peut payer, comme elle a payé, avec le Peuple des dunes pour protéger les dunes d'Erdeven contre les projets d'extraction de granulat marin.
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